Algérie

La conférence d’Annapolis a débuté hier



Quelles chances pour la paix au Moyen-Orient ? C’est dans un climat empreint de pessimisme autant chez les Palestiniens que chez les Israéliens que devait débuter, hier dans la soirée, la conférence d’Annapolis pour la paix au Moyen-Orient. La Maison-Blanche a ainsi distillé par avance des propos du discours que devait tenir le président Bush. L’absence de résultats des multiples déplacements de Condoleezza Rice dans la région ainsi que les échecs répétés des tête-à-tête entre Abbas et Olmert ont amené Bush à réviser à la baisse ses prétentions quant aux résultats de cette conférence. Pour ce dernier, il est temps de relancer les pourparlers de paix parce qu’»une bataille est en cours pour l’avenir du Proche-Orient». Selon le président américain, il ne sera pas facile de réaliser l’objectif de création de deux Etats -Israël et la Palestine- vivant côte à côte, en paix, après des décennies de conflits et de violence, mais il exhorte les deux parties à travailler ensemble par égard pour leurs peuples. «Aujourd’hui, les Palestiniens et les Israéliens comprennent que le fait d’aider les autres à réaliser leurs aspirations, c’est la clé pour réaliser les leurs, et les deux (parties) ont besoin d’un Etat palestinien indépendant, démocratique et viable», a-t-il dit. «Un tel Etat donnera aux Palestiniens la chance de mener des vies libres et dignes. Et un tel Etat contribuera à donner aux Israéliens quelque chose qu’ils recherchent depuis des générations: vivre en paix avec leurs voisins». Mais voilà, les propos, bien généreux, du président américain sont vite démentis sur le terrain. Et pour cause ! Des dizaines de milliers de manifestants ont conspué Mahmoud Abbas lors d’un meeting organisé par le Hamas à Gaza pour dénoncer la conférence de paix d’Annapolis à laquelle participe le président palestinien. Abbas a été traité de «traître» par la foule, tandis que des orateurs du mouvement islamiste ont dénié au chef de l’Autorité palestinienne le droit de faire des concessions à Israël à l’occasion de cette réunion organisée par les Etats-Unis. «Qu’ils aillent donc à des milliers de conférences! Nous disons au nom du peuple palestinien que nous n’avons autorisé personne à signer un quelconque accord contraire à nos droits», a déclaré Mahmoud Zahar, un des chefs du Hamas. «Quiconque fait cela sera jugé par l’Histoire comme un traître», a ajouté ce dirigeant à une foule en délire qui scandait «Abbas, traître!» et agitait des drapeaux palestiniens et des oriflammes vertes et noires, couleurs du Hamas et du Djihad islamique. «Nous ne reconnaîtrons pas Israël», «Mort à Israël! Mort à l’Amérique!», criait aussi la foule, estimée par le Hamas à 250.000 personnes, et par la presse à une centaine de milliers - soit autant que lors de la manifestation du Fatah pour l’anniversaire de la mort d’Arafat, 15 jours plus tôt. Même le Djihad islamique a donné le ton de ce que sera la région après cette conférence. «Il n’y aura pas de concessions sur un seul pouce de la Palestine. Nous défendrons notre terre avec notre chair et nous l’abreuverons de notre sang». C’est dire toute la tension qui enveloppe le début de cette conférence qui doit consacrer le coup d’envoi de négociations en vue de la création d’un Etat palestinien en Cisjordanie et à Gaza. En Cisjordanie, l’enthousiasme n’est pas de mise, comme le confirme cet habitant qui affirme que rien «ne sortira de cette conférence. Les Israéliens ne lâchent rien, ils ne veulent pas la paix. Ou alors, ils veulent la paix, mais selon leurs conditions, qui ne sont pas acceptables pour nous». Un sentiment qui se transforme en amertume, voire en colère chez les habitants du camp de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila, en banlieue de Beyrouth. «Si tous ces gens voulaient vraiment garantir nos droits, ça fait longtemps qu’ils l’auraient fait», pense un jeune homme. «Ils mentent au peuple de Palestine et c’est nous qui en supportons le poids. Ils signent des accords entre eux alors qu’ici, les gens se battent». Côté israélien, peu d’espoir non plus... Voici l’analyse d’une journaliste de la chaîne de télévision Channel 2: «Les trois principaux leaders présents sont très faibles chez eux. Je parle de Bush, d’Olmert et d’Abbas. Et ça ne me pousse pas vraiment à penser que quelque chose de fondamental et de formidable va sortir de cette conférence». A noter qu’une sécurité maximum est de rigueur à Annapolis. L’Académie navale des Etats-Unis, où les dirigeants sont réunis, est désormais interdite aux visiteurs, et les autorités devaient interdire l’accès du public à trois rues et voies navigables situées autour du site, ainsi que le survol de la zone. Edgar Moreno, directeur adjoint des opérations intérieures du Bureau de sécurité diplomatique du Département d’Etat, a affirmé que les services de renseignements n’attendaient pas «de nombres importants» de manifestants. «Nous n’avons pas de plan en place pour s’occuper des manifestants», a-t-il déclaré. «Si tout est fait de manière légale, il ne devrait pas y avoir de problèmes». Farida Kadache


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