Algérie

La concurrence, ce moteur du développement, bon marché et insuffisamment consacré



La concurrence et le souci de faire bonne figure plutôt que de trainer la patte, il n'y a pas lieu de s'y attarder à l'école ou à l'université, c'est foncièrement instinctif ; et contrarier ce qui est inné c'est dérégler le bon sens et tourner en rond pour le retrouver.En tant que poumon du marché, la concurrence brave l'immobilisme et le népotisme, encourage l'innovation et la diversification, améliore la qualité et le service, stimule la productivité et réduit les coûts, afin de satisfaire et attirer plus de consommateurs. La concurrence est un moteur, aussi vital que bon marché, de l'économie et du développement d'un pays. J'ai connu la vitalité festive et légendaire de Souk Aïd-Lakhrif de T'kout, foire annuelle chaouie, se tenant durant trois jours à la fin du mois d'août, depuis des siècles.
Les paysans des Aurès y vantent leurs récoltes, ajustent les prix au gré de la demande et de la concurrence, et arrivent à écouler toute leur marchandise avant de prendre part à la liesse finale. J'ai ensuite connu, comme beaucoup d'Algériens, les Souk El-Fellah et l'affligeant monopole de l'OFLA (Office des Fruits et Légumes d'Algérie), obligeant chaque wilaya à s'auto-suffire. Les pauvres commis de l'Etat des fameuses coopératives, COFEL et CAPCS, n'étaient pas autorisés à réduire d'un centime le prix fixé par « décret », mais pouvaient à la fin de la journée jeter les denrées avariées, et en rendre compte dans le registre. La postérité se chargera de recenser les séquelles de cette aliénation populiste et ne manquera pas, en toute équité, de louer les acquis de cette période, tel le niveau de performance atteint en ces temps-là par le système éducatif. L'innovation et l'ambition créative se nourrissent de la rivalité et la compétitivité, faute de quoi c'est d'abord le marasme et la stagnation, et ensuite le déclin par démotivation et démobilisation, sinon par péremption. Une concurrence incontrôlée est évidemment inadmissible, l'anarchie pouvant mener à une guerre des prix impactant sérieusement la qualité et déstabilisant le marché. Cela peut aussi ouvrir la porte à la spéculation et à diverses malversations, voire crimes économiques.
La régulation étatique est également nécessaire pour empêcher les pratiques abusives, telle l'exclusion que peut imposer une entreprise devenue trop puissante, ou les fusions susceptibles d'engendrer des cartels démesurément dominants.
La sollicitude de l'Etat doit, en même temps, veiller à stimuler la compétitivité dans la transparence, et à inciter les concurrents à se respecter mutuellement et à respecter les consommateurs, dans leur quête de l'excellence. La concurrence doit toucher l'import-export. Avec une économie trop dépendante des hydrocarbures, le budget et la balance sont fortement impactés par les prix du pétrole et gaz.
La stratégie visant à réduire les importations et promouvoir les exportations hors-hydrocarbures, ne peut porter les fruits escomptés sans une concurrence loyale, soumise aux mêmes procédures de contrôle de qualité et aux mêmes facilitations douanières. La libération du potentiel des exportations est tributaire, à la fois, d'une concurrence productive, et aussi du bannissement des exclusivités et privilèges d'importation. La concurrence est loyale, saine et inclusive ou ne l'est pas du tout. Quand règne le dirigisme et sévit le clientélisme, les passe-droits deviennent institutionnellement ancrés et sont d'autant plus ravageurs qu'ils sont difficiles à remettre en cause. Au lieu d'encourager la compétitivité et l'efficacité économique en réduisant les entraves, la bureaucratie despotique alourdit les procédures et multiplie les dispositifs de contrôle, offrant ainsi davantage de passe-droits aux privilégiés.
La culture de complaisance et de favoritisme, pavée de slogans populistes, peut cloner et clouer des générations d'assistés, et les rendre, à la fois, des bras-cassés bons à rien, et des casse-pieds boulimiques et insatiables. S'agissant de l'appréhension audacieuse et sereine des pertinences, chaque moment propice peut paraître, en même temps, inopportun et précoce.
Le changement est loin d'être une fonction du temps uniquement, il peut se suffire d'une seule génération comme il peut en sacrifier plusieurs et en précariser davantage.
*Professeur en Génie Civil


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