Algérie

La concession des terres agricoles fait jaser à Relizane



Alors que la réglementation ouvre droit à tous les investisseurs nationaux de postuler à des terres agricoles excédentaires et disponibles à la concession, les fellahs de Relizane sont montés au créneau pour dénoncer leur écartement de cette opération qui prévoit l'exploitation de ces assiettes foncières et la promotion de filières en mesure de booster la diversification de l'économie nationale comme l'arboriculture, l'élevage et la filière lait et l'agro-alimentaire.En effet, les quelque 700 hectares de foncier agricole recensés jusque-là pour cette fin et publiés dans les colonnes de deux quotidiens peu lus, selon des avertis, a soulevé le courroux des fellahs de la wilaya qui ont été, disaient-ils, anticipés par des opérateurs venus des autres wilayas du pays.
Qu'ils soient de Ouled Sidi Mihoub, de Sidi M'hamed Benouda, Mendès ou Belahcel où les services du cadastre ont respectivement mis à nu 350 ha, 190 ha, 120 ha et 50 ha de terres disponibles à la valorisation, les fellahs, des potentiels même, sont montés au créneau pour dénoncer la vitesse avec laquelle a été exécutée l'opération d'attribution.
On aurait aimé que que l'annonce soit faite sur les ondes de la radio locale, comme ils l'avaient toujours fait pour nous rappeler nos devoirs, ont lancé les concernés en précisant : «Nous ne sommes pas contre ceux venant d'ailleurs, mais nous sommes attachés à la transparence de l'opération et nous tenons à être considérés dans l'équité».
Un autre affirmera avoir déposé son dossier le 14/12/2017 alors que les services de l'ONTA (Office national des terres agricoles) lui ont remis un récépissé de dépôt daté au 17/01/2018 au moment où la commission d'attribution s'est réunie le 9 du mois en cours au niveau du siège de la wilaya.
Un autre a évoqué les critères de sélection et s'est demandé quels sont les paramètres pouvant prouver les capacités financières des postulants. «Je comprends l'attribution sur la base de qualité comme l'expérience dans le domaine agricole ou les compétences scientifiques en la matière, mais à considérer le côté financier, cela m'étonne», a-t-il dit, en affirmant : «Moi je remplis toutes les conditions exigées, j'ai même ma ferme pour m'engager dans l'élevage.»
Critères de sélection
Un maire a même qualifié sa présence à la commission protocolaire. «Nous n'avons pas eu droit à la lecture des documents déposés par les postulants à la concession, on nous lisait le nom et on nous avancait qu'il est potentiel, alors on ne pouvait pas dire non à un investisseur», a-t-il affirmé.
Du côté de l'ONTA, l'on apprend que l'opération a pris son itinéraire réglementaire et les critères de sélection ont été respectés. La commission d'attribution s'est appuyée sur la qualification dans le domaine de l'agriculture (expérience requise et connaissances scientifiques) et aussi sur les capacités financières de l'investisseur. Même les exploitants en activité sur les parcelles recensées auront une faveur pour en bénéficier, a ajouté la directrice de l'ONTA.
Ainsi, au moment où les services du cadastres continuent leur travail de recensement de ces terres ciblées dans toutes les communes de la wilaya, la tension s'installe chez les fellahs des localités visées au point où des voix se sont élevées pour réclamer l'ouverture d'une enquête pour lever tout équivoque sur les noms retenus dans la première liste déjà établie.
Cette peur est dictée, selon des avertis, par l'entrée en lice des représentants du peuple (députés et sénateurs et des membres d'APW) alors qu'ils n'ont aucun lien avec l'agriculture. Cela dit, les services concernés ont confirmé l'attribution mais ont tout de même refusé de dévoiler le nombre et les noms des heureux bénéficiaires.
Enfin, on apprend de la directrice de l'ONTA que la valorisation de ces terres est inscrite dans la cadre de l'arrêté ministériel 1344 du 11/11/2012 qui ne prévoit aucun crédit bancaire dans ce sens, en précisant que «les terres de Relizane ne répondent pas aux conditions retenues dans la circulaire 108 du 23/02/2011 qui ouvre droit à un crédit substantiel (100 millions de centimes/ha)pour la valorisation, un facteur qui semble éveiller l'envie de tout le monde». Cela dit, en dépit des atouts de transparence avancés par les instances concernées par l'attribution, les fellahs restent sceptiques quant à l'aboutissement de la commission.


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