La communication serait-elle une autre pandémie '

Et si l'on devait considérer que l'invasion de la communication rapide et instantanée due à l'avancée des technologies était elle aussi une particulière pandémie. C'est qu'en ce siècle nouveau, elle a réduit les distances entre les hommes et fait disparaitre l'esseulement qu'ils avaient avec eux-mêmes hier souvent comparable à un bénéfique recueillement. En vérité, le flot des mauvaises nouvelles parvenant des points les plus reculés du monde, et des comptes rendus parfois désopilants, détaillés, souvent précis, se propageant avec une rapidité surprenante après coup, a le visage des inondations.Il y a comme un harcèlement dans le bourrage d'informations que l'on subit au fil du jour et l'on comprend la nostalgie de l'isolement d'antan qui étreint les hommes aujourd'hui. Les voyages, les vacances, les loisirs ne seraient finalement qu'un besoin d'ermitage pour échapper aux répétitifs torrents des informations. Qu'une catastrophe survienne à l'autre bout du monde et soit sue par la terre entière à l'instant où elle se produit relève aujourd'hui du commun. Être à jour instantanément de ce qui se passe dans le monde est certes un bienfait, mais réduit le temps et l'espace et crée une étrange proximité des sentiments. Quand une nouvelle est confortante, elle réjouit. Mais quand elle est dramatique et livrée à la connaissance au moment même où elle survient aux antipodes de la terre et quand elle est répétée, la puissance désespérante de ses effets donne naissance à des horizons obstrués.
Malheureusement la pléthore des faits et des événements désespérants parvient à chacun avec la vitesse de l'éclair pour être subis en successifs sévices contre l'esprit.
Internet est un formidable génie. Le téléphone mobile est une superbe découverte. Ils sont censés être des armes pour le progrès. Mais alors pourquoi n'ont-ils légué en priorité à l'homme que cette manie première de bousculer et de corrompre sa sérénité '
Dilemme permanent que celui de constater que l'avancée du savoir et de la connaissance porte toujours en elle des travers dramatiques pour l'espèce humaine.