Algérie

La communication dans le système judiciaire


« La justice ne peut être forte sans le respect de l?opinion » La justice ne peut être forte sans le respect de l?opinion publique, qui a le droit d?être informée et d?exprimer son avis sur tout ce qui a trait à la justice à travers la presse. » C?est ce qu?a déclaré hier David A. Sellers, directeur exécutif des affaires générales au bureau administratif des tribunaux américains et spécialiste de communication, devant un parterre d?élèves magistrats à l?école supérieure de la magistrature à Alger. Invité dans le cadre des échanges avec l?association du barreau américain (ABA), M. Sellers a d?abord précisé aux journalistes que dans son pays, la presse a le droit de poser toutes les questions qu?elle veut aux juges, mais ces derniers ne sont pas obligés de donner des réponses. « La charte de déontologie leur interdit de débattre avec qui que ce soit des détails des affaires qu?ils traitent. Les juges sont soumis à des obligations pour lesquelles ils ont prêté serment », explique-t-il. Il précise toutefois que les magistrats peuvent s?exprimer sur une affaire qui intéresse le grand public, mais sans en donner les détails. Il reconnaît que parfois il est difficile de faire respecter le principe de la présomption d?innocence et celui de la liberté d?expression. « A l?exception des affaires de mineurs et de secrets d?Etat, les journalistes peuvent couvrir tous les procès au niveau de tous les tribunaux. Et certains peuvent même retransmettre en direct les audiences sur leurs chaînes de télévision, même si le débat n?a pas été tranché dans de nombreux Etats sur l?autorisation ou non des caméras dans un tribunal. » Des porte-parole dans les tribunaux A propos de l?affaire de Guantanamo et l?image qu?elle donne de la justice américaine, l?expert estime que la Constitution protège les magistrats lorsqu?ils prennent des décisions qui pourraient être mal interprétées ou critiquées. « Parfois, les journalistes écrivent sur des affaires et proposent même des directives aux juges pour influer sur leurs décisions et non pas pour informer. Ils ne peuvent connaître les arguments sur lesquels le juge repose son verdict. Cela reste un avis de la presse », précise-t-il. Devant les élèves magistrats, l?expert affirme dans une intervention sur le thème de la communication dans le domaine de la justice que la liberté de la presse et celle de la justice tirent leur force du respect de la loi. « La justice ne peut être forte sans le respect de l?opinion. Celle-ci a le droit d?être informée et d?exprimer son avis à travers la presse et la liberté de la presse. Notre système judiciaire diffère de celui de l?Algérie, mais il existe quand même quelques similitudes. » Il révèle que dans son pays, les citoyens ne connaissent rien au fonctionnement de la justice. Selon lui, un sondage a montré que la majorité des Américains ne connaissent même pas un des neuf magistrats de la Cour suprême, ignorent les droits consacrés par la Constitution ni les premiers amendements liés à la liberté d?expression. Il insiste sur la nécessité d?encourager la relation entre la presse et les magistrats parce qu?elle permet à ces derniers de mettre sous les feux de la rampe les problèmes vécus par la corporation, comme ceux liés au budget ou aux conditions de travail. « A travers des écrits sur ces sujets, nous pouvons améliorer le travail du juge et donc ses décisions. Aujourd?hui, la presse s?intéresse de très près aux juges, y compris leur vie privée, parce qu?elle reste liée à sa profession », dit-il avant de noter qu?aux USA, tous les tribunaux sont dotés de porte-parole, recrutés généralement parmi les journalistes, par souci d?une meilleure communication. Ils ont également tous des sites web qui permettent aux justiciables d?avoir toutes les informations possibles et de suivre le traitement de leurs affaires. La conférence a été suivie d?un débat avec les étudiants. Hocine Mabrouk, directeur général de l?école de la magistrature, estime que cette intervention reste très bénéfique pour les élèves magistrats, d?autant que le module communication est devenu obligatoire, depuis 2005, dans l?établissement. Il permettra, selon lui, de casser les tabous et d?ouvrir la justice sur son environnement, à travers des juges formés sur ce concept. M. Sellers animera aujourd?hui à la cour de Constantine une conférence sur les moyens efficaces pour une meilleure communication judiciaire.
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