Algérie

La communauté universitaire s'adresse au chef d'état-major



Des milliers d'étudiants et d'enseignants des trois universités et instituts de Constantine ont, de nouveau, battu le pavé mardi. Un 10e acte de leur marche hebdomadaire depuis le début de la mobilisation estudiantine dans cette wilaya contre le système et ses pions, où les slogans scandés par les manifestants étaient particulièrement hostiles au chef d'état-major et vice-ministre de la Défense, le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, en visite à Constantine depuis lundi, l'interpellant à l'effet d'épouser scrupuleusement la volonté du peuple qu'il dit respecter dans ses discours. En effet, drapeau autour du cou et pancartes brandies, étudiants et enseignants ont pour la dixième fois consécutive, exprimé de la plus directe des manières leur position contre les têtes pensantes du système en place qui ont gangrené le pays depuis plus de deux décennies et la tenue de l'élection présidentielle prévue pour le 4 juillet prochain.Ils ont également rejeté toutes les propositions émanant de ces derniers à travers leurs actes et discours. Vers 11h, le centre-ville de l'antique Cirta était complètement paralysé par la gigantesque marche des milliers d'enseignants et d'étudiants venus de toutes les universités et tous les instituts, formant une procession interminable. Les marcheurs ont sillonné les grandes artères de la ville, scandant les slogans traditionnels adoptés depuis le début du mouvement citoyen, à savoir "Djibou Sellal, djibou Saïd", "Viva l'Algérie, yetnehew gaâ", "Non à la justice du téléphone", "Bensalah dégage", qui ont rythmé tout leur itinéraire. Les manifestants ont aussi clairement interpellé Gaïd Salah en suivant le parcours traditionnel emprunté depuis le début des marches, passant par le boulevard Abane-Ramdane, la place des Martyrs et le boulevard Belouizdad (ex-Saint-Jean), avant de revenir vers la pyramide. La foule s'est dispersée vers 13h30. Cette mobilisation inédite de la famille universitaire, au sein du mouvement populaire, a été accompagnée par le maintien de la grève au niveau de toutes les universités, décidée lors de la tenue, dimanche dernier, de la 3e assemblée générale à l'Université 3 Salah-Boubnider.

Gaïd dans le viseur à Bouira
La détermination de la communauté estudiantine à Bouira, afin de "déraciner" le système, ne semble pas faiblir. En effet, hier, et pour la dixième fois de suite depuis le début de la révolte populaire contre le pouvoir en place, des milliers d'étudiants de l'université Akli-Mohand-Oulhadj ont battu le pavé pour exprimer leur ras-le-bol du système et exiger son départ. Ainsi, et pour le dixième acte de la révolte des étudiants, ceux de Bouira ont pris pour cible le vice-ministre de la Défense et chef d'état-major de l'ANP, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah. En effet, des slogans tels que "Gaïd dégage", "Les étudiants refusent le diktat de l'armée" ou encore "Un seul Gaïd, le peuple" ont été scandés par les manifestants tout au long de leur procession. Pour les protestataires, la feuille de route tracée par l'institution militaire est aux antipodes de la revendication populaire. "L'obstination de Gaïd Salah à faire passer sa feuille de route est une énième provocation du peuple et une tentative désespérée de sauver le système", affirme Syphax, membre du Collectif des étudiants libres de Bouira. D'autres étudiants, moins tranchants, se sont dit "déçus", voire "trahis" par le chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP), le général Gaïd Salah. "On espérait énormément de Gaïd Salah, mais visiblement il est aux côtés de la issaba qu'il a lui-même dénoncée", regrette Lydia, une jeune étudiante en droit. Pour d'autres manifestants, aucune sortie de crise n'est envisagée sans le préalable du départ de toutes les figures du système. "Quand on a dit yetnehew gaâ, ce n'est pas des paroles en l'air. On veut le départ de tous, sans exception", soutiennent-ils.
C'est vers 10h30 que des centaines d'étudiants se sont massés devant le portail principal de l'université, d'où ils ont décidé d'entamer leur procession. Des banderoles, l'emblème national ainsi que le drapeau amazigh étaient déployés côte à côte, signe que cette marche est celle de l'Algérie tout entière, une et indivisible.
Ces étudiants, tout au long de leur procession qui les a conduits vers le siège de la wilaya, ont, bien évidemment, scandé des slogans hostiles au pouvoir en place : "Bensalah, le Marocain, dégage", "FLN, RND dégagez !", "Le peuple veut la chute du régime" ou encore le traditionnel "Pouvoir assassin". Sur certaines affiches, on pouvait lire, entre autres : "Système dégage", "Quand l'université se révolte, il n'y a aucune crainte à avoir pour le pays". 11h30, et dans une ambiance bon enfant, le cortège effectuera une première halte devant le siège de la daïra. Là, d'autres citoyens se sont joints au mouvement, grossissant un peu plus les rangs des marcheurs. Kaci Saïdani, l'un des initiateurs de cette action, n'a eu de cesse d'encadrer ses camarades et de réorganiser les carrés qui avaient tendance à se disperser. Lors d'une halte près de la maison de la culture Ali-Zamoum, l'immense foule a observé une minute de silence à la mémoire des martyrs de la guerre de Libération nationale, et de ceux du Printemps noir, avant de se disperser dans le calme.

Ines B./RAMDANE B.


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