Algérie

«La communauté internationale doit assumer ses responsabilités»



De notre envoyé spécial, Karim Aimeur
Les Sahraouis ont célébré, hier, en grande pompe, le 45e anniversaire de la proclamation de leur république le 27 février 1976. Les festivités ont été organisées dans les camps des réfugiés à Tindouf. L'événement intervient cette année dans un contexte particulier marqué par la rupture du cessez-le-feu en vigueur depuis 1991 par le Maroc, la reprise de la lutte armée et le redressement de la position américaine sur le conflit après la reconnaissance de l'ancien Président de la souveraineté du royaume alaouite sur le territoire du Sahara Occidental.
Des centaines de Sahraouis ont afflué dès les premières heures de la matinée de tous les camps des réfugiés à Tindouf vers la wilaya d'Aousserd, où sont prévues les festivités officielles de célébration de cette date historique dans le combat pour la libération des territoires du Sahara Occidental, occupés par le Maroc au lendemain du retrait des colons espagnols.
Arborant l'emblème de leur pays, ces Sahraouis, hommes, femmes et enfants, sont venus des wilayas de Laâyoune, Rabouni, Dakhla, Smara... (ces camps portent les noms des villes sahraouies occupées), pour être au rendez-vous. Le défilé militaire a été un moment fort de cette célébration. Dans les camps des réfugiés où vivent des dizaines de milliers de personnes, depuis 1975, les conditions de vie sont très difficiles. Ceux qui sont nés après cette année et qui ont moins de 46 ans, et ils sont très nombreux, n'ont pas connu un autre statut dans leur vie en dehors de celui de réfugié.
Aujourd'hui, ils constituent la majorité des effectifs de l'armée sahraouie qui a repris la lutte armée depuis le mois de novembre 2020, suite à une agression marocaine et la violation du cessez-le-feu en vigueur depuis 1991 suite à une résolution de l'ONU relative à l'organisation d'un référendum d'autodétermination qui ne s'est pas encore tenu.
Le Front Polisario n'a cessé d'accuser le Maroc et ses protecteurs, notamment la France et l'Espagne, d'entraver ce processus onusien de résolution de ce conflit qui dure depuis près d'un demi-siècle.
Partisans de la paix
Sous un chapiteau, les invités dont des représentants de la Minurso, les ambassadeurs de Cuba et du Zimbabwe, une délégation algérienne constituée de représentants de certains partis politiques comme le SG du parti FLN, des représentants de quelques associations et des sénateurs conduits par un vice-président du Sénat, ont pris place, attendant le lancement des activités, dont le défilé militaire et d'autres folkloriques. Mais le moment le plus attendu était le discours du président de la République sahraouie et secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali.
Dans sa longue allocution, ce dernier a retracé l'histoire de la cause sahraouie, interpellant l'ONU et la communauté internationale sur la dégradation de la situation dans la région en les appelant à assumer leurs responsabilités. Il a expliqué que le 45e anniversaire de la proclamation de la RASD intervient cette année dans un contexte marqué par «des développements dangereux suite à la décision du Maroc de rompre le cessez-le-feu et de s'accaparer les territoires sahraouis qui étaient libérés jusqu'au 13 novembre 2020».
Condamnant cette agression marocaine qui a contraint, selon lui, l'armée sahraouie à reprendre la lutte armée dans le cadre de la légitime défense, Brahim Ghali a affirmé que le peuple sahraoui est décidé à arracher son indépendance.
«L'armée sahraouie est toujours prête au sacrifice pour libérer le pays des envahisseurs occupants», a-t-il lancé, tout en affirmant que «nous sommes des partisans de la paix et non des amateurs de guerre».
D'ailleurs, il n'a pas manqué de tendre la main au Maroc pour une paix durable. A condition.
«Le peuple sahraoui attend depuis 30 ans que l'ONU et la communauté internationale lui permettent d'exercer son droit à l'autodétermination. Mais l'ONU n'a pas tenu sa promesse d'organiser le référendum et n'a pas bougé devant les man?uvres marocaines» visant à avorter le processus de règlement du conflit, a-t-il accusé. Pour lui, il n'y a aucune solution réaliste à ce conflit si la volonté populaire n'est pas respectée. Et de dénoncer l'entêtement du Maroc et son soutien par des membres du Conseil de sécurité de l'ONU qui a encouragé, a-t-il dit, l'occupation à l'actuelle escalade dangereuse.
Brahim Ghali a appelé, dans ce contexte, l'ONU et la communauté internationale à assumer leurs responsabilités et faire en sorte que le Maroc cesse son mépris de la légitimité internationale. Il a souligné que l'ONU est tenue d'accélérer le processus de décolonisation en adéquation avec ses résolutions relatives à l'indépendance des peuples colonisés comme il a demandé à l'organisation de protéger les civils dans ce contexte de guerre. Le Président sahraoui a appelé également l'Union africaine à mettre fin à la violation de l'acte fondateur de l'Union par le Maroc qui occupe le territoire d'un autre pays africain. L'orateur a appelé, en outre, l'Union européenne à ne pas suivre la France et l'Espagne dans la violation des décisions de la Cour de justice européenne, demandant à la France d'adopter une position favorable à une résolution démocratique du conflit, à même de permettre aux Sahraouis de décider de leur avenir.
Il a aussi appelé la nouvelle administration américaine et le Président Biden à contribuer à cette résolution démocratique du conflit en respect des principes et des valeurs des USA.
«Nos voisins du Maroc doivent comprendre que l'Etat sahraoui est une réalité régionale et internationale car il est la consécration de la volonté de tout un peuple», a-t-il dit, en tendant la main au Maroc appelé à s'investir dans une paix durable, affirmant que le Front Polisario ne sera pas un obstacle à la construction de l'ensemble maghrébin en étant prêt à payer les frais de cette paix. Le SG du Front Polisario a, cependant, appelé les autorités marocaines à la sagesse et à l'arrêt de la politique expansionniste du royaume.
K. A.
Bombardements intenses des sites de retranchements de l'occupant
Les attaques de l'armée sahraouie se poursuivent contre les positions de retranchement des forces de l'occupant marocain postées le long du mur de la honte. En effet, des unités ont lancé de nouvelles attaques contre les positions de l'armée d'occupation marocaine tout au long du mur de sable, selon le communiqué militaire 107 rendu public vendredi par le ministère sahraoui de la Défense.
Le communiqué rapporté par l'Agence de presse sahraouie SPS fait état de bombardements effectués, jeudi 25 février, par les unités de l'APLS ciblant des «sites et des positions de retranchement des forces de l'ennemi dans la zone Agararat Laahdid, relevant du secteur de Farsia».
Les attaques ont ciblé aussi les points de rassemblement des soldats de l'occupant dans les zones Rouss-Fadrat-Laghrab et Rouss-Fadrat-el-Aouch (secteur de Hauza).
Un bombardement intense a pris pour cible les forces d'occupation dans la zone Mehibess, secteur Atwisgui, selon la même source. Le vendredi 26 février, les unités de l'APLS ont pilonné des sites de retranchement de l'ennemi dans les zones Gsaibat-Lakzaah et Lamsamir (secteur Atwisgui).
Dans le secteur de Mahbes, les bombardements ont ciblé les soldats de l'occupation marocaine retranchés dans les régions d'Ouled-Blal, Rous-Sabti et Laked. Pour sa part, le responsable du secrétariat de l'organisation politique du Front Polisario, Khatri Addouh, a souligné que la lutte armée se poursuivra pour contrer les plans de l'occupation. Il a également souligné que le peuple sahraoui est résolument engagé sur la voie du parachèvement de l'indépendance totale, de la récupération de la terre spoliée, et du rétablissement de la souveraineté de l'Etat sur l'ensemble de son territoire.
Par ailleurs, l'intergroupe parlementaire européen Paix pour le peuple sahraoui a appelé l'Union européenne (UE) à prendre des mesures urgentes pour stopper les violations des droits de l'Homme perpétrées par le Maroc dans les territoires sahraouis occupés.
R. I.


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