Publié le 29.08.2024 dans le Quotidien d’Oran
par Belkacem Ahcene-Djaballah
Livres
Le rôle et autres nouvelles. Recueil de Abdelkader Hammouche. Editions Barkat, 121 pages, 300 dinars
Des histoires invraisemblables ? Pas si sûr ! L'auteur, ancien journaliste; donc avec beaucoup de «restes» en ce qui concerne l'observation détaillée et/ou anecdotique de la société et, par la suite avocat, sait de quoi il parle. Bien sûr, à travers un récit romancé pour nous fournir des «Nouvelles» concises et très précises. Un réel bel et bien existant qui ne «saute» pas aux yeux. Cela va de la comédienne qui peaufine son (futur) rôle de manière incognito. Une forme d'«escroquerie» au sentiment certes anodin mais montrant les «rôles» joués par les uns et par les autres et ce sans égard pour les conséquences (fâcheuses) possibles. On a la course à la bénédiction divine à travers le «Hadj».
On a, aussi, le faux dévot, nouveau venu au village - en fait, criminel en vadrouille et bandit des grands chemins - qui se cache derrière une barbe fleurie et une fréquentation assidue de la mosquée. On a l'erreur médicale... fatale (erreur dans la transmission du dossier). On a l'amour fou d'un homme abandonné et son dérapage tragique. On a l'individu manipulé par les marchands de drogue. On a même des chats vengeurs de leur vieille maîtresse trop longtemps humiliée. Il y a aussi un notaire anxieux et poussé au suicide. On a... on a...
L'Auteur : Né à Alger en 1952. Journaliste avant d'être avocat, romancier, essayiste et nouvelliste. Plusieurs ouvrages à son actif.
Table des matières : 10 nouvelles (Le rôle/ Le paradis/La méprise/ Erratum/Le chien/ La Cam/ La barbe / Les chats/Le pilon/L'innocent)
Extrait : «Certaines personnes qui avaient accompli ce devoir (note: El Hadj) étaient revenues méconnaissables. Tel qui avait l'habitude de mentir était devenu un modèle de vertu, tel autre, commerçant de son état, qui trafiquait la balance, se comportait avec honnêteté (...). Un simple pèlerinage, même aux Lieux saints de l'Islam, pouvait-il changer la nature profonde d'un homme ? Farid, dans son for intérieur, n'en était pas du tout convaincu» (p 31).
Avis - Des «histoires» de la vie quotidienne. Un recueil qui se lit d'un trait. Une écriture si «utile» au récit... qu'on ne trouve aucune citation à «se mettre sous la dent».
Nous autres. Éléments pour un manifeste de l'Algérie heureuse. Essais sous la direction de Amin Khan. Chihab Editions, Alger 2016. 211 pages, 1 000 dinars. (Fiche de lecture déjà publiée en mars 2029.*
Ce n'est ni un «Bilan/Perspectives», ni un ouvrage académique (encore que...), ni un manifeste politique (encore que...) mais un ensemble de textes «sans autre objectif que de donner lieu à une réflexion rigoureuse et à une discussion sereine...»
Voilà donc un nouvel espace éditorial de liberté qui souhaite réunir «les réflexions de quelques Algériens libres». Avec, cependant, au départ, un constat : Notre société est prise dans l'étau de l'archaïsme et de la domination. Et, un espoir: Il existe un chemin étroit et difficile pour sortir de cette situation historique. Et, une condition: Etre capables, en tant que société, de faire preuve de raison et de volonté. Tout un programme bien chargé mais non irréalisable venant de contributeurs expérimentés et connaissant les sujets abordés, et intervenant de façon «libre et indépendante, en dehors de toute conformité à des discours convenus».
Seize textes, quinze intervenants. (...)
Peut-être, le plus intéressant dans cette initiative, c'est le commencement par la fin : l'édition et la diffusion... qui nous permettent donc d'avoir tout de suite le contenu de la démarche de ces nouveaux «moudjahidine de la pensée» qui abordent, pour certains, assez crûment et souvent assez (trop ?) sévèrement, les questions. En sériant quatre domaines essentiels (la pensée, le travail, la lutte et l'amour) de l'activité personnelle et sociale pouvant faire émerger une nouvelle attitude, une nouvelle position, une nouvelle force. Certainement en raison du début de l'opération «Manifeste de l'Algérie heureuse», l'ouvrage, nous dit l'auteur de l'introduction, n'a pas eu l'ampleur envisagée au départ. Bien des sujets, importants, n'ont pas été abordés, d'où un sentiment d'incomplétude. De plus, certaines études sont bien plus monographiques que réflexives. De qualité cependant !
Les Auteurs : Chawki Amari, Mouanis Bekari, Akram Belkaid, Ahmed Ben Naoum, Slim Benyacoub, Mouloud Boumghar, Farid Chaoui, Saïd Djaafer, Amin Khan, Zineb Kobbi, Nassima Metahri, Malika Rahal, Nedjib Sidi Moussa, Habib Tengour (...)
Extraits : «L'Histoire n'avance que par la connaissance (...). Ce n'est qu'avec la connaissance que l'on peut inventer et produire les moyens de survivre, de vivre, de créer, de lutter, de refuser le sort assigné aux faibles et aux dominés» (Amin Khan, introduction, p 10), (...)
Avis- Textes d'inégale valeur (quantitative et qualitative) mais tous à lire. Sans exception.
Citations : «La domination (quelle que soit sa forme, son espace et son temps) repose, certes, sur la supériorité matérielle des dominants, mais plus fondamentalement encore sur leur capacité de croire eux-mêmes, et de faire croire aux autres à leur discours, à leur parole, à leurs concepts, à leurs vérités, à leurs mots «(Amin Khan , p18), «Nous savons protester, nous ne cessons de le faire, jusqu'à l'exténuement de nos forces, mais nous ne savons plus lutter» (Saïd Djaafer, p 49), «La liberté n'est pas forcément un acte, elle est d'abord une pensée» (Chawki Amari, p 112, (...)
*Extraits pour rappel seulement. Fiche complète in www.almanach-dz.com/société/bibliotheque dalmanach)
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Posté Le : 10/09/2024
Posté par : rachids