Algérie

La comédie comme alibi



Adaptée librement du «Médecin malgré lui» de Molière par Youcef Taouint, «Hmar wa law tar», mise en scène par Lounès Chaâlal, signe l'entrée en compétition de l'association du Théâtre nouveau des Issers.Fatma est une femme battue qui décide un jour de se venger de son mari Hamdoud. Elle fomente alors un complot pour convaincre le roi du pays dont la fille est malade que son époux est un médecin dont les talents ne se révèlent qu'à coups de bâton. Son plan tourne court quand le médecin malgré lui découvre que la fille du monarque simulait sa maladie, et veut à présent l'impliquer dans son projet d'épouser l'homme dont elle est amoureuse : le gardien personnel de son père.
Basée uniquement sur le registre de la comédie, la pièce recycle une recette sans originalité ni reliefs, pariant sur l'humour et le rire facile en ressassant la symbolique érodée du monarque obsédé par le pouvoir à travers l'image de cette fameuse chaise dont il ne se sépare jamais. La dramaturgie, maladroitement construite, imbrique dans une totale dysharmonie des situations aussi banales qu'incongrues et ne parvient pas à relier de manière fluide entre l'histoire de départ et la seconde où il est question de la fille du roi. Mais la problématique principale de cette production demeure, sans doute, la prédominance d'un humour guignolesque et facile dont la vocation consiste davantage à compenser la pauvreté esthétique et dramaturgique de la pièce en forçant le rire du spectateur. On se retrouve, en effet, face à une sémantique de sketch paresseux qui ne parvient pas à traduire en langage scénique un propos pourtant intéressant et engagé sur les violences faites aux femmes et le désir d'émancipation.
Même constat du côté du Théâtre régional de Biskra qui entre en compétition avec «La mine» mise en scène par Chawki Bouzid d'après un texte de Rochdi Redouane. Une pièce précédée par la controverse d'une tentative de censure instiguée par son propre producteur, selon les déclarations du metteur en scène. Ce dernier affirmera plus tard que c'est sur intervention du ministère de la culture qu'elle a été reprogrammée au FNTP. Messaoud Rocher, le dernier ouvrier à travailler encore dans une mine d'or, reçoit la visite d'un maire, de sa secrétaire et d'une journaliste, venus célébrer sa mise à la retraite. Surpris par un éboulement de terrain, les personnages restent coincés dans la mine et règlent leurs comptes. Ressassant les codes et les stéréotypes du divorce entre populations et gouvernants, «La mine» est un conglomérat de «déjà-vus» porté par des personnages archétypaux, gorgé d'un manichéisme scolaire et soutenu par un humour galvaudé. Misant en grande partie sur l'adhésion toute naturelle du public à cette formule à la fois schématique et facile à consommer, la pièce n'a visiblement rien d'autre à proposer, notamment sur le plan scénique où on a droit à une mise en place élémentaire en l'absence de toute vision de mise en scène. Mis à l'étroit par une scénographie encombrée et piégés par une dramaturgie bavarde, ils ont toutes les difficultés du monde à convaincre et versent très vite dans la surenchère et la caricature.
Le 13e Festival national du théâtre professionnel prend fin demain avec la dernière pièce en compétition «Salle d'attente» du Théâtre régional de Batna, mise en scène par Samir Oudjit d'après le texte de Khaled Bouali. Elle sera suivie, en soirée, par la cérémonie de clôture qui verra la remise des huit prix de la compétition officielle.
Sarah H.


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