La colère des boulangers

La population de la wilaya de Constantine a échappé à une grève générale du pain que les boulangers avaient décidée de déclencher, hier mardi, dans toutes les communes. En effet, réunis lundi à 15h dans les locaux de l'Union générale des commerçants et artisans d'Algérie (UGCAA) de Constantine qui abrite le siège du bureau de wilaya de la fédération des boulangers, une quarantaine des délégués venus de toutes les daïras, ont engagé des débats houleux avec leurs responsables syndicaux autour de leur situation qu'ils ont qualifiée «d'intenable et sur la nécessité de décréter une grève générale et illimitée, pour faire bouger les choses, sinon nous allons vers la disparition totale des boulangeries», nous ont-ils déclaré.

Heureusement, les responsables du syndicat des boulangers sont arrivés à les convaincre de reporter cette option jusqu'au lundi prochain 4 juillet.

Ces boulangers disent «Protester contre la situation à laquelle ils sont confrontés et, surtout, contre le silence inexplicable des autorités centrales qui, selon eux, continuent à faire la sourde oreille aux cris de détresse qu'ils ne cessent de lancer depuis plusieurs années». Ils ont aussi déclaré: «Aujourd'hui, notre situation est devenue intenable et chaque jour qui passe nous voyons des boulangers mettre la clé sous le paillasson ou changent carrément de métier». Un autre groupe de boulangers venus d'une autre commune enchaîne : «Nous travaillons à perte à cause des marges bénéficiaires minimes qu'on nous impose, nous n'avons plus d'ouvriers, ils ont tous abandonné le métier parce que nous n'arrivons plus à les payer, de même que nous n'arrivons plus à nous acquitter des redevances fiscales, des factures de gaz et de l'électricité. Pire encore, beaucoup de nos confrères reçoivent chaque jour les huissiers envoyés par la CASNOS qui les menacent de saisie parce qu'ils n'ont pas payé les cotisations». Un autre boulanger a juré devant nous qu'il a une dette d'environ 7O millions de centimes envers le propriétaire du local qui le menace d'expulsion.

 Interrogé, le coordinateur du bureau de wilaya de la fédération des boulangers, M. Bouguerne, a affirmé avoir éprouvé beaucoup de difficultés pour convaincre ses pairs de surseoir à la grève en attendant les résultats d'une ultime intervention qu'il allait entreprendre auprès des autorités concernées au niveau local et au niveau national. Contacté encore hier matin, ce dernier a confirmé avoir adressé, sous le sceau de l'urgence, des télex au wali, à la direction de wilaya du commerce ainsi qu'à sa tutelle syndicale pour les informer de la gravité de la situation et leur demander de prendre les mesures indispensables de nature à apaiser la colère des boulangers et éviter la grève.