Algérie

La colère, cette mauvaise conseillère


La colère, cette mauvaise conseillère
Dès que Fatiha, 40 ans et intendante d'un lycée de la périphérie d'Alger, fut entrée dans son bureau, son regard fut attiré par une lettre dont l'enveloppe ne ressemblait pas à celles qu'elle recevait d'habitude. Elle la prit, la regarda sous tous les angles et une moue déforma ses lèvres : qui pouvait bien lui envoyer une lettre pareille et que pouvait-elle bien contenir ' se demanda-t-elle, tout en l'ouvrant.
A l'intérieur de l'enveloppe, elle trouva la moitié d'une feuille 21X27 pliée en deux. Elle la déplia mais avant qu'elle n'en ait fini la lecture, elle la lâche et plaqua ses deux mains contre sa bouche pour ne pas crier. C'était une lettre anonyme contenant des menaces si effrayantes qu'elle dut s'asseoir pour ne pas tomber. En gros, l'auteur anonyme de la lettre lui fit savoir qu'il avait l'intention d'enlever une de ses filles, de la tuer, de la couper en petits morceaux et de la lui envoyer dans un sachet en plastique.
Elle s'affala sur une chaise, demeura un bon moment immobile, se demandant si elle était en train de rêver ou si elle vivait réellement les moments les plus noirs de sa vie. Sa secrétaire entra et la trouva prostrée sur la chaise. Elle devina aussitôt que quelque chose n'allait pas.
- Qu'est-ce que vous avez, madame ' Vous en faites une tête '
En guise de réponse, elle pointa l'index droit en direction de la feuille et de l'enveloppe étalées par terre.
Elle ramassa la lettre, la lut rapidement puis demeura un bon petit moment silencieuse avant de balbutier ;
- Mais c'est une lettre de menaces' ou une mauvaise plaisanterie. Qu'est-ce que c'est d'après vous, madame '
- C'est une lettre dont le contenu est très grave' On veut kidnapper et tuer une de mes filles'
- Mais on veut vous tuer aussi !
- Ah bon ' hum' je ne l'ai pas lue en entier. Donne-la moi pour que je lise la suite'
Fatiha lut la suite et elle plaqua ses deux mains contre sa poitrine cette fois.
- Il veut me trancher la gorge, d'après ce qu'il a écrit'
- Il faut aller voir la police, madame' il y a des chances qu'elle parvienne à identifier l'auteur de cette lettre rien qu'en examinant son écriture'
- Bof' il a dû déformer son écriture'
- Certainement, mais les spécialistes en graphologie de la police peuvent le démasquer.
Fatiha déposa plainte au poste de police le plus proche et la première question qui lui fut posée consistait à savoir si elle avait des ennemis.
Après avoir bien réfléchi, elle répondit qu'elle n'avait pas d'ennemis. En tout cas pas d'ennemis qui lui en voulaient au point de vouloir les tuer, elle et sa famille.
On lui demanda alors si elle ne s'était pas disputée avec quelqu'un dans la rue ou dans son voisinage. C'est alors qu'elle se rappela un petit échange de mots un peu durs avec un agent du lycée.
- Il y a trois ou quatre jours, cet agent est venu me demander de lui accorder deux jours de congé pour qu'il puisse aller voir de la famille à l'intérieur du pays. Je les lui ai refusés parce que c'est quelqu'un qui s'absente beaucoup et que déjà il a pris plus d'un mois de congé en dehors de ceux auxquels il a droit.
- Et qu'a-t-il dit lorsque vous avez refusé de lui octroyer ces deux jours ' demanda l'officier de police.
- Il a dit que j'étais injuste et il est sorti sans rien dire mais avec un visage rouge de colère.
- Hum' c'est peut-être lui l'auteur de cette lettre'
- Oh ! non, je ne pense pas' Il est si gentil, si... drôle' il a juste un petit défaut : il est champion en absentéisme' Je ne pense pas que ce soit lui.
Le jeune officier de police sourit.
- Je suis plus jeune que vous, madame, mais permettez-moi de vous dire que de nos jours tout est possible. Essayez de nous débrouiller quelques documents écrits de la main de cet agent' C'est possible '
- Oui, bien sûr, je vous réunirai toutes les demandes de congés qu'il a formulées par écrit depuis qu'il travaille dans notre lycée et croyez-moi' il y en a beaucoup.
Quelques jours plus tard, les experts de la police avaient donné leur verdict : l'écriture avait été quelque peu modifiée mais il s'agissait bien de celle de l'agent du lycée qui avait sollicité un congé de deux jours. Incroyable ! Comment un homme apparemment tranquille, nonchalant et un peu drôle pouvait-il être aussi cruel ' Quoi qu'il en soit, Fatiha, tout d'abord, voulut retirer sa plainte mais par la suite décida de la maintenir tout en faisant part de son intime conviction à l'officier de police, à savoir que c'est quelqu'un d'autre qui a dû souffler à l'agent le contenu de la lettre. Quelqu'un qui lui en voulait vraiment.
Il y a quelques jours, l'agent du lycée se retrouva au tribunal de Bir Mourad-Raïs. Après avoir nié dans un premier temps les faits qui lui sont reprochés, il finit par avouer être l'auteur de la lettre anonyme rédigée sous l'effet de la colère. Et c'est la colère, et la colère seule qui lui avait fait écrire des mots d'une rare violence.
Une année de prison ferme et une amende de 20.000 DA ont été requises contre lui.
Dès que Fatiha, 40 ans et intendante d'un lycée de la périphérie d'Alger, fut entrée dans son bureau, son regard fut attiré par une lettre dont l'enveloppe ne ressemblait pas à celles qu'elle recevait d'habitude. Elle la prit, la regarda sous tous les angles et une moue déforma ses lèvres : qui pouvait bien lui envoyer une lettre pareille et que pouvait-elle bien contenir ' se demanda-t-elle, tout en l'ouvrant.
A l'intérieur de l'enveloppe, elle trouva la moitié d'une feuille 21X27 pliée en deux. Elle la déplia mais avant qu'elle n'en ait fini la lecture, elle la lâche et plaqua ses deux mains contre sa bouche pour ne pas crier. C'était une lettre anonyme contenant des menaces si effrayantes qu'elle dut s'asseoir pour ne pas tomber. En gros, l'auteur anonyme de la lettre lui fit savoir qu'il avait l'intention d'enlever une de ses filles, de la tuer, de la couper en petits morceaux et de la lui envoyer dans un sachet en plastique.
Elle s'affala sur une chaise, demeura un bon moment immobile, se demandant si elle était en train de rêver ou si elle vivait réellement les moments les plus noirs de sa vie. Sa secrétaire entra et la trouva prostrée sur la chaise. Elle devina aussitôt que quelque chose n'allait pas.
- Qu'est-ce que vous avez, madame ' Vous en faites une tête '
En guise de réponse, elle pointa l'index droit en direction de la feuille et de l'enveloppe étalées par terre.
Elle ramassa la lettre, la lut rapidement puis demeura un bon petit moment silencieuse avant de balbutier ;
- Mais c'est une lettre de menaces' ou une mauvaise plaisanterie. Qu'est-ce que c'est d'après vous, madame '
- C'est une lettre dont le contenu est très grave' On veut kidnapper et tuer une de mes filles'
- Mais on veut vous tuer aussi !
- Ah bon ' hum' je ne l'ai pas lue en entier. Donne-la moi pour que je lise la suite'
Fatiha lut la suite et elle plaqua ses deux mains contre sa poitrine cette fois.
- Il veut me trancher la gorge, d'après ce qu'il a écrit'
- Il faut aller voir la police, madame' il y a des chances qu'elle parvienne à identifier l'auteur de cette lettre rien qu'en examinant son écriture'
- Bof' il a dû déformer son écriture'
- Certainement, mais les spécialistes en graphologie de la police peuvent le démasquer.
Fatiha déposa plainte au poste de police le plus proche et la première question qui lui fut posée consistait à savoir si elle avait des ennemis.
Après avoir bien réfléchi, elle répondit qu'elle n'avait pas d'ennemis. En tout cas pas d'ennemis qui lui en voulaient au point de vouloir les tuer, elle et sa famille.
On lui demanda alors si elle ne s'était pas disputée avec quelqu'un dans la rue ou dans son voisinage. C'est alors qu'elle se rappela un petit échange de mots un peu durs avec un agent du lycée.
- Il y a trois ou quatre jours, cet agent est venu me demander de lui accorder deux jours de congé pour qu'il puisse aller voir de la famille à l'intérieur du pays. Je les lui ai refusés parce que c'est quelqu'un qui s'absente beaucoup et que déjà il a pris plus d'un mois de congé en dehors de ceux auxquels il a droit.
- Et qu'a-t-il dit lorsque vous avez refusé de lui octroyer ces deux jours ' demanda l'officier de police.
- Il a dit que j'étais injuste et il est sorti sans rien dire mais avec un visage rouge de colère.
- Hum' c'est peut-être lui l'auteur de cette lettre'
- Oh ! non, je ne pense pas' Il est si gentil, si... drôle' il a juste un petit défaut : il est champion en absentéisme' Je ne pense pas que ce soit lui.
Le jeune officier de police sourit.
- Je suis plus jeune que vous, madame, mais permettez-moi de vous dire que de nos jours tout est possible. Essayez de nous débrouiller quelques documents écrits de la main de cet agent' C'est possible '
- Oui, bien sûr, je vous réunirai toutes les demandes de congés qu'il a formulées par écrit depuis qu'il travaille dans notre lycée et croyez-moi' il y en a beaucoup.
Quelques jours plus tard, les experts de la police avaient donné leur verdict : l'écriture avait été quelque peu modifiée mais il s'agissait bien de celle de l'agent du lycée qui avait sollicité un congé de deux jours. Incroyable ! Comment un homme apparemment tranquille, nonchalant et un peu drôle pouvait-il être aussi cruel ' Quoi qu'il en soit, Fatiha, tout d'abord, voulut retirer sa plainte mais par la suite décida de la maintenir tout en faisant part de son intime conviction à l'officier de police, à savoir que c'est quelqu'un d'autre qui a dû souffler à l'agent le contenu de la lettre. Quelqu'un qui lui en voulait vraiment.
Il y a quelques jours, l'agent du lycée se retrouva au tribunal de Bir Mourad-Raïs. Après avoir nié dans un premier temps les faits qui lui sont reprochés, il finit par avouer être l'auteur de la lettre anonyme rédigée sous l'effet de la colère. Et c'est la colère, et la colère seule qui lui avait fait écrire des mots d'une rare violence.
Une année de prison ferme et une amende de 20.000 DA ont été requises contre lui.


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