Algérie

La coalition lance l'offensive sur Hodeïda



La coalition saoudo-émiratie a lancé l'offensive contre les HouthisAvant le lancement de l'offensive, mardi soir, le gouvernement yéménite avait affirmé que «tous les moyens pacifiques et politiques pour écarter les miliciens Houthis du port» avaient «été épuisés».
Des forces pro gouvernementales, appuyées par les Emiratis et les Saoudiens, ont lancé hier leur offensive sur le port stratégique de Hodeïda (Ouest), avec l'objectif d'en chasser les rebelles Houthis et de modifier le rapport de force dans le conflit qui ravage le Yémen. Dans un pays à la population exsangue, une quinzaine d'ONG internationales ont exprimé leur vive inquiétude face à cet assaut sur une cité de 600 000 habitants. Dans une lettre, elles ont exhorté le président français Emmanuel Macron à faire pression sur Riyadh et Abou Dhabi, et jugé «inconcevable» de maintenir la conférence humanitaire sur le Yémen, prévue fin juin à Paris.
Au terme d'un ultimatum ayant expiré mardi soir, l'offensive a débuté hier à 13h15 (10h15 GMT), après avoir reçu le «feu vert» de la coalition, ont indiqué à la mi-journée des responsables des forces pro gouvernementales ayant requis l'anonymat. Les troupes progressent en direction de l'aéroport, situé au sud de Hodeïda, d'après les mêmes sources, qui sont présentes sur le terrain à Al-Jah, à 30 km environ au sud-est de la ville. Dix-huit raids aériens ont été menés contre des positions des Houthis au cours des heures précédentes pour préparer l'offensive, ont-elles ajouté. La chaîne
Al-Massirah, contrôlée par les rebelles, avait rapporté des raids aériens en matinée «sur des fermes» en périphérie de Hodeïda. Selon des sources médicales, 22 combattants rebelles et trois soldats des forces progouvernementales ont été tués ces dernières 24 heures. A l'aube, l'agence officielle émiratie WAM avait rapporté une accélération des préparatifs «en vue de libérer Hodeïda». D'importants contingents des forces anti-rebelles «ont atteint la périphérie de la ville» et des systèmes d'armes sophistiqués sont acheminés, avait ajouté WAM, citant une source militaire. Le grand port de Hodeïda, sur la mer Rouge, constitue un enjeu stratégique d'une guerre qui dure depuis plus de trois ans: il est le point d'entrée d'une bonne partie des importations et de l'aide humanitaire internationale destinée à la population yéménite. Avant le lancement de l'offensive, mardi soir, le gouvernement yéménite avait affirmé que «tous les moyens pacifiques et politiques pour écarter les miliciens houthis du port» avaient «été épuisés». «La libération de Hodeïda est vitale à la lumière de la menace croissante que les miliciens houthis, soutenus par l'Iran, font peser sur la sécurité maritime en mer Rouge, par où passent environ 15% du commerce international», a argué sur Twitter l'ambassadeur saoudien à Washington, Khaled ben Salmane, un des fils du roi. Les Emirats arabes unis, qui apportent un soutien essentiel au sol à des forces yéménites hétéroclites, avaient donné jusqu'à mardi soir à l'ONU pour trouver une solution et contraindre les Houthis à abandonner le contrôle de Hodeïda sans combattre. Alors que cet ultimatum expirait, Anwar Gargash, ministre d'Etat émirati aux Affaires étrangères, a publié une série de tweets tard mardi soir, affirmant que les Houthis ne pouvaient plus «tenir Hodeïda en otage pour financer leur guerre» et «détourner» l'aide humanitaire internationale. «La libération de la ville et du port créera une nouvelle réalité et amènera les Houthis aux négociations», a-t-il assuré en promettant que «les Emirats arabes unis et la coalition continueront à accélérer le flot d'aide humanitaire». Mardi soir, l'homme fort des Emirats, Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, a reçu à Abou Dhabi le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, alors que les relations entre les autorités émiraties et M. Hadi, qui vit en exil à Riyadh, s'étaient détériorées ces derniers mois. Plus tôt, le président français Emmanuel Macron avait appelé les «parties prenantes» dans le conflit au Yémen à la «retenue» et à la «protection des populations civiles», lors d'un échange téléphonique avec Mohammed ben Zayed. Cet entretien s'est déroulé notamment «dans la perspective de l'organisation à Paris fin juin d'une conférence humanitaire» sur le Yémen, a ajouté l'Elysée. A la lumière des derniers évènements à Hodeïda, une coalition de 14 ONG a pour sa part demandé l'annulation de cette conférence, co-présidée par Ryad. Henrietta Fore, directrice générale de l'Unicef, s'est déclarée «profondément inquiète» et a appelé à la protection des quelque 300 000 enfants qui vivent à Hodeïda et dans les environs. L'ONU a retiré son personnel international de Hodeïda lundi et, mardi, la représentante de l'Unicef, Meritxell Relano, a indiqué que son agence avait «prépositionné» dans la ville plus de 20 000 trousses d'hygiène. Les forces anti-rebelles n'ont remporté aucune victoire militaire majeure depuis la reprise de cinq provinces du Sud et de la ville d'Aden mi-2015 grâce à l'intervention de la coalition commandée par l'Arabie saoudite. Les rebelles houthis, originaires du nord du pays, contrôlent par ailleurs toujours la capitale, Sanaa. Depuis 2015, la guerre au Yémen a fait près de 10 000 morts, plus de 55 000 blessés et provoqué «la pire crise humanitaire du monde», selon l'ONU.


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