Algérie

La CNCD veut la dissolution de la commission Bensalah



La commission de réforme présidée par Abdelkader Bensalah n'a pas lieu d'exister. C'est ce qu'a affirmé, hier, Ali Yahia Abdennour, à l'occasion d'une conférence débat organisée par la coordination pour le changement et la démocratie (CNCD), dans une salle de l'hôtel Sofitel, à Alger. L'avocat et militant des droits de l'Homme dira que c'est le chef de l'Etat qui a déclaré dans son discours du 15 avril dernier que «les décisions seront prises en dehors de la commission Bensalah». Ali Yahia Abdenour est catégorique. «La commission n'est qu'une boîte aux lettres et le président de la République, ajoute t-il, prendra les décisions par lui seul comme dans le passé, «dans la solitude de sa conscience». Le conférencier appelle purement et simplement la dissolution de la commission, créée, explique-t-il par le système et pour le système.

«La commission n'est pas habilitée à proposer des solutions mais sert de facteur qui transmet au président les doléances de ses partenaires», a encore déclaré l'avocat qui ajoute que «la commission Bensalah, qui doit être dissoute, dans le cadre de la réforme en profondeur, ne reflète en rien la réalité politique et sociale du pays».

Les consultations de la commission ne sont qu'une mise en scène, une mascarade et une kermesse pour gagner du temps, estime le président d'honneur de la Ligue algérienne des droits de l'Homme (LADDH).

«Rassembler beaucoup de monde en tentant de donner un peu de satisfaction à tous, c'est-à-dire à personne, risque de décevoir», a-t-il affirmé en soulignant par ailleurs, qu'il faut être proche du peuple pour entendre ce qu'il dit. Le pouvoir dialogue avec lui-même, ses alliés et ses ralliés, pense encore l'avocat qui dit que le but recherché est de maintenir le statu quo pour qu'il n'y ait pas d'ouverture politique. Ali Yahia Abdenour qui n'a pas été, comme à son accoutumée, tendre avec le pouvoir, affirme qu'il faut aller dialoguer avec le peuple et non pas avec ses élites supposées.

«Une partie de l'élite qui a trahi le peuple dont elle est issue, a choisi de mettre son savoir et ses compétences au service du pouvoir», déplore le conférencier qui ajoute que «l'élite» en question, «se soucie davantage de sa situation que du destin du peuple, car elle est incapable de concevoir au-delà de ses propres intérêts». Devant cette déliquescence politique et «le non-respect des lois par le pouvoir et l'Etat», Ali Yahia s'estime en droit d'inviter les étrangers à intervenir, pas physiquement, a-t-il tenu à préciser, mais au nom du droit international, sachant que l'Etat algérien a signé des conventions avec les Nations unies.

«L'urgence des urgences c'est la fin de la dictature» tonne l'avocat qui appelle le chef de l'Etat à partir et à «arrêter le truquage des élections».

Concernant ce dernier point, Ali Yahia Abdenour a déclaré que le président de la République n'a eu que 12% de vote, lors des dernières élections présidentielles. A l'adresse de ceux qui appellent l'armée pour veiller sur la Constitution, le conférencier dira «qu'on n'a pas besoin de l'armée pour garantir la Constitution mais plutôt d'un tribunal national, désigné par le peuple, pour juger le président ou toute personne qui dévie de la Constitution».

«La CNCD s'est inscrite pour le changement en dehors du système», a déclaré pour sa part le député du RCD, Tahar Besbès. Le parlementaire résume la situation du pays en quelques mots. « Il y a ceux qui veulent changer le système en dehors du système et sans l'aide du système et il y a ceux qui veulent un changement du système dans le système», a-t-il fait savoir en soulignant que désormais, depuis la naissance de la coordination pour le changement et la démocratie, le mur de la peur est tombé.

A noter que cette deuxième conférence de la CNCD a vu la participation, pour la première fois, en qualité d'invités, du célèbre chanteur Baâziz ainsi que de M. Mellouk qui a été à l'origine de ce qui est appelé l'affaire des «magistrats faussaires». Plusieurs Syriens, notamment des médecins et des avocats, travaillant en Algérie sont également intervenu lors de la conférence débat pour dénoncer le régime de leur pays.




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