Algérie

La Cltd agonise



La Cltd agonise
La messe est dite...Après la démission de Jil Jadid, les divergences idéologiques entre les membres de la Cltd montent à la surface et risquent de provoquer son trépas.La Cltd semble vivre ses derniers jours. Conglomérat politique hétéroclite, réunissant des islamistes, des laïques et des nationalistes, la mise en place de cette entité était un défi pas facile à réaliser. Mais, plus de deux ans après sa naissance, elle n'arrive plus à se centrer sur un objectif clair et maintenir ses rangs serrés. Il y a quelques jours, un des ses membres, Jil Jadid, s'en est retiré et son retrait, loin d'obéir à une simple tactique politique, est motivé, selon Soufiane Djilali, par des considérations hautement stratégiques. «Notre décision a été mûrement réfléchie. J'ai eu à interpeller à plusieurs reprises les membres de la Cltd, mais, apparemment, ils n'avaient pas pris la mesure de ma détermination. Pour revenir sur le fond, il y a un élément structurel et un autre conjoncturel. Ces derniers mois, il était évident pour moi que nous avions atteint nos limites. On ne pouvait pas avancer plus loin. Cela ne dépend pas de la bonne foi des membres, mais de la nature même du groupe. Nos rencontres devenaient stériles et commençaient à perdre tout crédit aux yeux de l'opinion publique. Jil Jadid avait fait plusieurs propositions, mais, à chaque fois, elles étaient refusées: engagement pour décider collectivement de la participation ou non aux élections, éventuellement et en cas de participation aux élections d'établir des listes communes, à ne pas négocier en solo, à préparer un programme commun comme alternative, à ouvrir le dossier de la Constitution «idéale» pour l'opposition... Toutes ces propositions étaient refusées a priori au nom de la souveraineté des instances des partis politiques. J'ai clairement proposé, alors, qu'on réfléchisse à l'avenir de la Cltd, puisque nous ne pouvions aller vers une convergence d'avenir. Si nous devions seulement critiquer le pouvoir, cela faisait un peu court. Sur ces entrefaites, les élections de 2017 s'approchant, je vois fleurir le discours insistant sur un «gouvernement d'union nationale». Cela suppose que les élections se sont déroulées, que tout le monde était satisfait des résultats et qu'un programme de travail était posé», a-t-il expliqué. Juste après, suite à la cabale enclenchée par le camp islamo-conservateur contre la ministre de l'Education, Nouria Benghebrit, un bras de fer tacite s'est engagé entre les membres de la Cltd, chacun se situant d'un côté de la barricade. Du côté des islamistes, on demande sa démission. Du coté des laïques, on la défend. En effet, le MSP a carrément demandé la tête de la ministre de l'Education en l'accusant d'avoir jeté l'école dans une guerre idéologique qui risque d'en venir à bout, notamment en faisant appel à des experts français et partenaires étrangers pour confectionner et réformer les programmes éducatifs, tout en privilégiant les langues étrangères au détriment de la langue arabe et de l'éducation islamique.Le MSP considère aussi que Mme Benghebrit est responsable de la suppression de quelques sourates et versets coraniques des nouveaux manuels scolaires et l'anéantissement de beaucoup de cadres du secteur porteurs d'un projet contradictoire au sien. Même son de cloche du côté du FJD dont le président, Abdellah Djaballah, a réclamé la démission de la première responsable du secteur de l'éducation en lui reprochant de vouloir «franciser» le système éducatif algérien au détriment des valeurs nationales. Mais le RCD, seul parti laïc membre de la Cltd, a refusé de tirer sur Benghebrit et a même daigné la défendre, indirectement, en refusant de faire porter à Nouria Benghebrit la responsabilité de la fuite des sujets du bac. «Je ne suis pas de ceux qui seraient tentés de porter la responsabilité sur la ministre en charge du dossier parce qu'il ne lui appartient pas de garantir que les sujets ne soient fuités d'autant plus que beaucoup pensent qu'il y a un complot dans cette opération.»Mais ce qui donne à ces prises de position aux antipodes les unes des autres un cachet spécial, c'est qu'elles ont débouché sur des attaques frontales entre les deux camps constitutifs de la Cltd. En effet, dans un billet intitulé «Les laïques de chez nous et Benghebrit», le chef du MSP s'en prend, sans les nommer, au RCD en l'accusant de manque de probité, d'éthique et de patriotisme pour avoir apporté son «soutien» à la ministre de l'Education pour des considérations «idéologiques».Cet épisode, qui a déjà eu lieu lors de la promulgation de la loi pénalisant la violence à l'encontre des femmes, a déjà fait vaciller la Cltd mais sans aller jusqu'à provoquer son explosion. Néanmoins, cette fois, les élections législatives approchant, la transition démocratique tant souhaitée de plus en plus improbable, il est fort à parier que la Cltd va exploser dans les semaines ou les mois qui viennent ou, tout au moins, à s'éteindre dans le silence.


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