Algérie

La classe politique condamne



La classe politique condamne
Face à la décision du ministre de la Communication d'utiliser la publicité comme moyen de pression, les partis politiques craignent une volonté d'étouffer la liberté de ton de certains journaux.Pour la première fois, un ministre de la Communication en exercice a décidé d'orienter le choix des annonceurs. Dans une tentative de conceptualiser une démarche de mise au pas de certains quotidiens, Hamid Grine a dégainé le concept de «cercle vertueux», censé donner une couverture éthique à une démarche politique qui s'apparente plus à de l'intimidation et à du chantage. Cette situation inquiète les partis politiques, qui redoutent la volonté du clan présidentiel de mettre en place les instruments pour contrôler une presse frondeuse au bénéfice de médias «qui n'attaquent pas», comme le déclarait dernièrement le ministre sur un site d'information en ligne.Pour Abdelaziz Belaid, président du parti El Moustakbal, la démarche du ministre, qu'il surnomme le «ministre de la publicité», est clairement destinée à neutraliser toute forme d'information qui ne soit pas en faveur du pouvoir. «Nous assistons à une tentative d'intimidation de la part du pouvoir, avec la volonté de mettre à genoux les journaux qui dérangent.» Pour le candidat à la dernière présidentielle, «cette démarche est en contradiction avec la Constitution qui garantit la liberté d'expression».Cette volonté d'intimidation fait craindre le pire, pour Athmane Mazouz, chargé de la communication du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), pour qui «le chantage à la publicité est une volonté délibérée de tuer la liberté d'expression et la liberté de la presse». Même constat chez Sofiane Sekhri, porte-parole de Jil Jadid, qui relève la gravité des propos du ministre : «Les déclarations du ministre sont graves et dangereuses. Quand un ministre de la République en vient à conseiller aux annonceurs de ne pas choisir certains médias, on est face à une tentative d'ingérence dans des affaires purement commerciales entre un journal et un annonceur, qui ne sont pas du ressort du ministre.»Pour Sofiane Sakhri, cette politique est destinée à tuer «une certaine forme de presse au profit d'une presse de complaisance». Ce qui fait dire à maître Salah Dabouz, président du bureau national de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), que le pouvoir cherche à contrôler l'information : «Nous sommes dans la logique que quand les choses ne sont pas dites, elles n'existent pas.» Le président de la LADDH relève la stratégie des autorités de pousser les journaux à une «certaine forme d'autocensure comme condition pour continuer à bénéficier de la publicité».«Face à la crise économique qui se dessine avec la chute du prix du pétrole et la période de transition que nous vivons, le pouvoir ne veut pas de journaux qui tirent la sonnette d'alarme et alertent les Algériens sur ce qui les attend», estime Moussa Touati, président du Front national algérien. «Il veut pouvoir contrôler l'information au moment où les clignotants sont au rouge.»Même Saïd Bouhadja, porte-parole du FLN ? qui précise que ses propos sont tenus à titre purement personnel ? trouve qu'un ministre de la République n'a pas pour vocation de s'immiscer dans les choix des annonceurs : «Le ministre de la Communication n'a pas à s'ingérer dans ce genre d'affaire.» Et d'ajouter que «la répartition de la publicité ne doit pas prendre en compte les orientations éditoriales des journaux. Elle doit être distribuée équitablement, entre tous les titres de la presse. C'est un gage de démocratie.»




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