Algérie

La classe politique algérienne vieillit Contrairement à la génération qui a mené la guerre d'indépendance



La classe politique algérienne vieillit                                    Contrairement à la génération qui a mené la guerre d'indépendance
Pays jeune, vieux dirigeants. Cinquante ans après l'indépendance du pays, la place de la jeunesse reste à reconstituer. Cette dernière frange représente près de 70% de la population globale. Pourtant, les jeunes sont pratiquement invisibles dans la classe politique. Dans les arcanes du pouvoir jusqu'aux partis de l'opposition, diriger ne rime pas forcément avec jeunesse.Il faut dire que le premier problème réside dans la Constitution. La loi fondamentale fixe l'âge minimum pour se porter candidat à l'élection présidentielle à 40 ans. Alors que pour être élu député, il faut avoir un âge minimum de 28 ans. Pourtant, dans les grandes démocraties, des dirigeants de premier plan ont pris le pouvoir à un âge qui dépasse juste de peu les 40 ans. On peut citer pêle-mêle l'actuel président du gouvernement espagnol, José Luis Rodríguez Zapatero, élu à 44 ans, ou encore l'ancien Premier ministre britannique, Tony Blair, élu au même âge. L'actuel chef du gouvernement britannique a lui aussi été élu à 44 ans. Pourtant, ces dirigeants, et d'autres aussi, sont issus de pays vieillissants. Pas nous.La moyenne d'âge dans l'actuel gouvernement de l'Algérie est d'à peu près 60 ans. Le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, aura bientôt 75 ans. Le ministre de la Santé, le vice-Premier ministre (Zerhouni), le ministre de l'Intérieur ou encore le chef d'état-major de l'Armée, le général-major Gaïd-Salah ont dépassé
70 ans. Le gros des membres du gouvernement sont des sexagénaires. Il en est de même des dirigeants des grandes institutions (APN, Conseil de la Nation, Conseil constitutionnel'). Les entreprises publiques ne sortent pas du lot, non plus.Pourtant, il y a 40 ans, l'essentiel des dirigeants étaient jeunes. Abdelaziz Bouteflika était ministre des Affaires étrangères à 25 ans. Le chef de l'Etat de l'époque, Houari Boumediène, était au pouvoir alors qu'il n'avait que 37 ans. Qu'est-ce qui a changé depuis ' Difficile à savoir. Il est évident que l'expérience joue un rôle important dans ce genre de situation. Puisqu'on ne peut pas se passer de l'expérience de certains responsables, malgré leur âge. Seulement, le problème de la relève peut se poser. Du côté des partis politiques, les choses ne sont pas meilleures. Au FLN, par exemple, Abdelaziz Belkhadem (65 ans) fait déjà figure de jeune parmi les caciques du bureau politique. Il existe au moins deux quinquagénaires (Kassa Aïssi et Abdelkader Zehali), mais ils sont très minoritaires. Les dirigeants les plus en vue ont tous 60 ans et plus. Le HMS, lui, joue les intermédiaires. Si Boudjerra Soltani n'a pas encore 60 ans, l'essentiel des dirigeants figure parmi les plus anciens responsables. Au RND, les choses se présentent un peu mieux. La majorité des dirigeants a un peu moins de 60 ans. Mais là aussi, la tendance est presque la même pour les autres formations politiques.
«A 40 ans, on nous dit que vous êtes jeune. A 50 ans, on nous rappelle que c'est déjà trop tard !» C'est ainsi que se présentent les choses chez l'opposition. Le président du RCD, Saïd Sadi, par exemple, a déjà 64 ans, lui qui a commencé la politique très jeune. Pourtant, autour de lui, il y a beaucoup de jeunes responsables qui montent. Même tempo au FFS. Le président de ce parti, le plus ancien de l'opposition, est un octogénaire. Hocine Aït Ahmed, dirigeant historique, a commencé sa carrière politique dans les années 1940. Il est toujours actif. Même si contrairement à d'autres responsables, la figure historique du mouvement national a délégué la gestion du parti à un jeune militant, Karim Tabbou. L'âge de la majeure partie des responsables nationaux et même locaux du parti sont relativement jeunes. La dirigeante du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, et le président du Front national algérien (MNA), Moussa Touati, sont issus de la génération d'Indépendance, même s'ils s'approchent tous les deux de la soixantaine.
Ces données ne sont pas exhaustives. Il n'existe pas de statistiques sur les cadres des administrations, ce qui rend les choses difficiles. Mais dans la classe politique, les visages sont connus. Tout comme sont connus les hommes qui avaient déclenché la guerre d'indépendance. Le plus âgé d'entre eux avait 37 ans. Il s'appelait Mustapha Ben Boulaïd.
A. B.


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