Algérie

La «civilisation» qui brûle les livres



La «civilisation» qui brûle les livres
Elle est belle la «civilisation» qui incendie les bibliothèques! La loi française du 23 février 2005 devrait porter, chez nous, le nom de «loi du 7 juin 1962». De ce jour où des pieds-noirs ont brûlé la bibliothèque de l'université d'Alger. 400.000 livres ont été ainsi réduits en cendres. Le 50e anniversaire de cet acte criminel qui marque de son empreinte indélébile la «civilisation» des pieds-noirs en Algérie, a été commémoré, jeudi dernier, sur les lieux mêmes du crime. Troublante coïncidence, cet anniversaire a été précédé par la mort, mercredi dernier à Los Angeles, de l'écrivain américain, Ray Bradbury. Celui qui a le mieux décrit ce type de «civilisation». C'est lui qui a écrit «Fahrenheit 451». Un livre de science- fiction qui raconte la vie dans une société où la lecture est strictement interdite. Les pompiers de ce pays sont chargés de faire la chasse aux personnes qui lisent et de brûler tous les livres qu'ils trouvent. Le pays de Bradbury était imaginaire lorsqu'il a écrit le livre en 1953. Il ne s'imaginait pas qu'une telle société existait déjà en Algérie et qu'elle allait faire, neuf ans plus tard, exactement ce qu'il décrit dans son livre et brûler 400.000 livres. Mais en 1966, le réalisateur français, François Truffaut, qui adapta le livre au cinéma a dû penser que Bradbury était un grand visionnaire pour avoir, par la fiction, anticipé une tragique réalité. Tant le livre que le film eurent un succès considérable. Succès comparable à «Vingt mille lieues sous les mers» de Jules Verne. Au pays imaginé par Bradbury la lecture empêche les gens d'être heureux. Ou si vous voulez, l'ignorance garantit le bonheur. C'était bien la «civilisation» des pieds-noirs en Algérie. En fermant toutes les écoles algériennes dès 1830 et en soumettant les indigènes à l'ignorance. A quelques exceptions, les Algériens n'ont vu s'entrebâiller les portes du savoir que sous la pression de la guerre de Libération nationale. Ce qui explique qu'à l'indépendance, 5% seulement des 9 millions d'Algériens savaient lire et écrire à des niveaux variables. Elle est belle, en effet, cette civilisation qui brûle les livres! Avec cet incendie de la bibliothèque universitaire, les pieds-noirs d'Algérie porteront pour l'éternité leur racisme. Certains vont dire que c'est l'OAS qui est responsable de l'incendie. Mais qui est (oui! au présent car le germe «vive l'Algérie française!» n'est pas mort) l'OAS sinon une organisation sectaire composée de pieds-noirs' Le gros des 900.000 personnes qui composaient cette «civilisation» en 1962 sont arrivés de divers pays comme d'Espagne, d'Italie, de Malte, etc., auxquels il faut ajouter les juifs d'Algérie devenus français en 1870. Ce qui explique que le référendum du 8 avril 1962 ne concernait que les Français de l'Hexagone. Lesquels ont répondu «OUI» à 91% à la question: «Etes-vous pour l'indépendance de l'Algérie'». Les «civilisateurs» pieds-noirs étaient exclus de la consultation. Comment ont-ils réussi alors à faire rallier à leur thèse le Parlement français' La question et sa réponse sont strictement franco-françaises. Le président français, Francois Hollande, vient d'ailleurs de battre en brèche cette falsification en dénonçant le colonialisme, aussitôt avoir été investi. La célébration du cinquantenaire de notre indépendance nous donnera l'occasion de revenir amplement sur cette distinction à faire entre pieds-noirs et Français. Mais avant et pour mesurer le poids réel des rapatriés en France, il est utile de préciser qu'il suffit de quatre personnes réparties aux coins d'une salle pour faire croire à l'unanimité des présents. C'est une vieille technique. Plus vieille que l'Algérie de papa qui brûlait les livres!




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