Algérie

La citoyenneté otage de l'autoritarisme politique



C'est là une question qui se trouve au cœur de la crise politique qui a remué les sociétés arabes.
Sauf que les organisateurs de ce forum ont pris soin de traiter la question de la citoyenneté seulement du point de vue de l'éducation. Du coup, l'approche politique du concept est complètement évacuée des débats. Toutes les tables rondes, au nombre de quatre, ne traiteront que du rapport du concept citoyenneté à  l'éducation, la religion et l'identité.
C'est le cas de la première conférence sur «l'expérience algérienne dans l'éducation sur la citoyenneté» animée par le professeur Tayeb Naït Slimane. Pour ce dernier, l'éducation citoyenne contenue dans le système éducatif national se définit comme «la formation d'un citoyen bon pour le pays et les gens. Le citoyen qui se sacrifie sans qu'il ne s'attende à  des récompenses. C'est celui qui est conscient de la sacralité de sa patrie et qui accomplit ses devoirs et droits convenablement». Telle est la finalité de l'éducation sur la citoyenneté fixée par le système de l'éducation nationale, selon le conférencier.
M. Naït Slimane, qui a passé en revue les différentes réformes du système éducatif algérien, a fait les louanges des succès de l'école algérienne dans l'apprentissage des valeurs de la citoyenneté à  l'enfant. Ce constat n'a pas été partagé par beaucoup de participants. C'est le cas du sociologue algérien, Khaled Karim. Il a estimé que le conférencier «n'a fait que reproduire le discours idéologique du pouvoir au lieu de procéder par une approche analytique». Pour lui, on ne peut parler de citoyenneté «lorsque l'acte politique est confisqué par un pouvoir depuis l'Indépendance et que la pensée unique est dominante. Que veut dire citoyenneté, alors que les minorités religieuses et linguistiques sont écrasées '», s'est interrogé Khaled Karim qui considère que depuis 1967 l'imaginaire arabe est dans une «sociologie de l'échec». De son côté, la présidente de la Commission arabe des droits de l'homme, Violette Daguerre, a fait une incursion dans le politique en insistant sur la nécessité d'approcher la question de la citoyenneté d'un point de vue des droits de l'homme et de la réalité de la consécration de cette valeur du vécu quotidien dans le monde arabe. «On ne peut parler de société et de citoyen sous la domination d'un pouvoir répressif et autoritaire», a-t-elle indiqué. Mais impossible de ramener le débat à  la question politique. De nombreuses interventions se sont perdues dans des questions de nationalisme, d'identité arabe, évitant ainsi de parler franchement de l'état de la citoyenneté et des droits des citoyens dans les pays arabes. Il faut souligner que beaucoup d'intellectuels arabes n'ont pas été conviés à  ce forum. Le chef de l'Etat a été représenté par le ministre d'Etat, Abdelaziz Belkhadem. L'ancien envoyé spécial des Nations unies en Irak, Lakhdar Ibrahimi, et actuellement membre des sages de l'ONU, a assisté également aux travaux du forum.                      


 


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)