La cité endeuillée a d'autres enfants

Quand les choses s'emballent, la situation devient plus difficile à contrôler. C'est même inévitable ! Ce que l'on dit peut faire grincer des dents, mais pas réagir. Jeudi dernier, j'ai aimé rappeler que l'Algérie, démunie et désemparée, comptait des enfants à travers le monde qui se manifestaient au moindre tourment. Mais la cité endeuillée a d'autres enfants, peu recommandables ceux-là ! De ceux qui, sans scrupule, exploitent ses préoccupations à leur profit !D'infâmes individus qui détournent concentrateurs, bouteilles d'oxygène et autres produits destinés aux malades à des fins moins nobles. Et quand ils ne détournent pas, ils imitent ceux de leurs compatriotes qui appellent aux dons pour une noble cause, en improvisant une quête aux buts suspects.
L'occasion fait le larron quand l'impuissance de familles à sauver l'un des leurs inspire à des voyous l'idée de délester les passants de ce qu'ils peuvent donner par solidarité. Ainsi, quand les premiers aspirent à soulager des services hospitaliers en mal de matériel médical, les seconds organisent des quêtes au su et au vu de tout le monde. Ils disent où ils sont campés, haranguent les passants des liasses de billets à la main et personne ne réagit ! Les mêmes réseaux sociaux qui relèvent que, «dans l'Algérie nouvelle, le citoyen prend en charge l'Etat», traquent les contrevenants. Des vidéos attestent que ce qui est dénoncé ne relève d'aucune malveillance mais d'une réalité à corriger. Comment interpréter la façon peu respectable de tourner le dos à des personnes infiniment dévouées à leur pays ' Et pourquoi, en revanche, quand une mafia en herbe s'en mêle et fait mine de prendre la situation en main, les autorités locales, premières concernées par ledit délit, gardent le silence et regardent ailleurs ' Les services de sécurité qui font plus volontiers la chasse aux citoyens rongés par le malaise ambiant veillent à rétablir l'ordre là où règne le calme. Dans l'Algérie indépendante, les vocations naissent et s'envolent quand elles sont poussées à l'exil. Elles s'en vont grossir les rangs d'une diaspora dont on loue volontiers les talents tout en la maintenant hors-jeu.
M.?B.?