Algérie

La Cimenterie de Zahana encore et toujours polluante



La Cimenterie de Zahana encore et toujours polluante


Cimenterie de Zahana: La pollution, terrain d’entente entre les populations et la direction de l’usine
Écrit par Ziad Salah - www.reporters.dz

A Djenane Meskine, distant de deux kilomètres de la cimenterie de Zahana, les arbres et les plantes ont longtemps perdu leur couleur. Une pellicule grise due aux particules de ciment couvre végétation et habitation. Mais attention de soulever ici la question de la pollution. Les habitants de ce bourg, qui s’agrandit à vue d’œil, vivent et certains s’enrichissent grâce à cette pollution. Aussi paradoxal que cela puisse paraître. Un ancien cadre de l’entreprise nous fait la démonstration de ce deal passé entre les populations et la direction de l’usine sur ce sujet. En effet, ce village pourvoit l’usine en cadres et en main-d’œuvre. C’est grâce à la proximité avec cette cimenterie que les habitants échappent au chômage ; l’unique employeur dans la région, nous affirme-t-on. Mais la relation entre cette petite communauté et l’usine s’est élargie au fil du temps. En acquérant des engins de transport, certains habitants de Djenane Meskine contrôlent le prix du ciment au niveau de toute la région. Ce sont eux qui ont la mainmise sur le réseau de distribution de ce produit stratégique, nous affirme notre source. Et de nous citer des noms de familles devenues des sortes de passages obligés pour accéder au marché du ciment. Pour ces nouveaux nababs, qui entre temps ont acquis des villas et des demeures somptueuses ailleurs, il est du chapitre de l’illicite (haram) de soulever la question de la pollution. Encore moins d’engager des actions pour que l’usine se dote de filtres et de limiter la pollution atmosphérique. Ceci reviendrait à arrêter la production momentanément, ce qui se traduirait pour les habitants du village, notamment les transporteurs, par un manque à gagner. Mais cela reviendrait surtout à l’élimination d’un motif de chantage que certains cadres et travailleurs utilisent pour exercer des pressions sur la direction de l’entreprise. Une situation qui pour le moment arrange les responsables de l’usine, pas uniquement au niveau local, mais central. Puisque l’installation de filtres nécessite un investissement lourd. Entre temps, les enfants, notamment les démunis, continuent de payer les frais de ce deal. Il y a déjà une dizaine d’années, un pneumologue oranais avait consacré sa thèse à l’étude des effets des fibres de ciment sur la santé publique dans la région. Son enquête n’a jamais été prise en compte par les autorités sanitaires.



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