L'imbroglio médiatico-judiciaire dans lequel s'est empêtré le prince du Raï est, à plusieurs titres, douloureusement incommodant; il sonne, en tous cas, la disgrâce du grand artiste qui dévoile un petit double citoyen ou demi-citoyen. Le Cheb, citoyen du Nord, détenteur de la Légion d'honneur des mains de Chirac, risque gros par son discours à caractère antisémite, qui oblige à s'en démarquer, proféré en Algérie dans un journal à diffusion internationale. Ses propos comportent également une mise en cause directe de praticiens coupables d'un acte interdit par la loi, tentative d'avortement, pratiquée clandestinement à Alger dans un appartement, hors des conditions de sécurité normales d'une structure médicale, signant l'irresponsabilité des auteurs, geste d'ailleurs non réussi ce qui porte à douter de leur compétence et interroge, ainsi, sur les risques latents encourus par la victime et son enfant, d'infection grave, virale ou autres sida, hépatite, tétanos..., en plus du traumatisme psychique d'une patiente qui se relève d'une opération médicale sans résultat. Ces agissements ainsi étalés ne sont-ils pas de nature à donner matière suffisante à la saisie, par qui de droit et de devoir, d'une affaire qui écorche l'éthique et risque de déconsidérer, par le silence observé, l'Ordre des médecins qui harcèle, par la presse et le courrier, les praticiens dont le salaire ne suffit plus à «nourrir les enfants», pour les contraindre à s'acquitter des cotisations sous peine de perdre leur emploi? Le chanteur, peut-être mal conseillé, tente de politiser une affaire de pur droit commun et son appel au secours à l'Algérie face au complot raciste, s'il ne relève pas de paranoïa qui atteint souvent les têtes enflées par le succès, est bien maladroit et malvenu. Les idoles, les stars, modèles d'identification de la jeunesse, se mettent toujours au service de la patrie dans l'infortune et troquent souvent le costume de paillettes contre l'uniforme militaire de leur pays en guerre. Faudel, l'idole des beurs en France, «c'est ici qu'il est né» , rejoint, l'âge nécessaire atteint, la caserne pour accomplir son service militaire; l'officier qui l'accueille le libère aussitôt: «tu seras plus utile à la France sur une scène que dans une caserne». L'accolade chaleureuse de Sarkozy à Faudel, le jour de son élection, est un signe de gratitude de la France à un citoyen utile. Elvis Presley et tant d'autres vedettes ont délaissé les scènes furieuses et quitté les tenues d'apparat pour rentrer dans les rangs, sous l'austère casquette militaire de leurs pays en guerre. Clark Gable, la star légendaire de Hollywood , était à bord d'un bombardier de l'Amérique en guerre, dans le ciel de l'Europe, et Glenn Miller, le grand Jazz-man, auteur de l'inoubliable tube «Américan Patrol», disparaît, le 15 décembre 1944, sur le théâtre des opérations. Lorsque l'Algérie plonge dans la décennie noire, beaucoup d'idoles prennent le premier avion civil en partance pour Paris, initiant toute une génération de jeunes fans à l'attitude la moins honorable mais la plus partagée pour servir le pays en guerre: se soustraire, à tout prix, à l'appel de la patrie. «Ici, chez-nous», un adage avertit: «celui qui l'a fait de ses mains, qu'il l'a démêle avec ses dents».
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Posté Le : 31/01/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Elhadj Abdelhamid
Source : www.lequotidien-oran.com