Algérie

LA CHRONIQUE LITTÉRAIRE DE JEAN CLAUDE LERRUN



LA CHRONIQUE LITTÉRAIRE DE JEAN CLAUDE LERRUN
LA CHRONIQUE LITTÉRAIRE DE JEAN CLAUDE LERRUN
(L'Humanité)
Cela ressemble à une nouvelle expérience d’écriture : jamais encore l’écrivain algérien ne s’était aventuré dans l’uni
vers du crime organisé. C’est en s’inspirant d’une histoire vraie qu’il a conçu ce roman ayant pour cadre Ciudad Juarez, « la ville qui tue les femmes », cité réputée la plus dangereuse au monde, sur le Rio Bravo dans l’État mexicain de Chihuahua.
Après le terrorisme islamiste et autres convulsions de l’histoire,
le voici donc s’engageant sur un terrain inédit. Celui de l'ultraviolence des cartels de la drogue et du trafic humain. La littérature ne se conçoit pas chez lui autrement qu’à la façon d’un
engagement aux multiples facettes. L’Enclos de la Trinité est un village isolé d’une cinquantaine de familles. Créé vers la
fin du XIXe siècle, après une apparition du Christ à un vaurien qui «glandouillait dans les bordels de Vera Cruz », il a vu grandir
Elena et Diego, depuis tout jeunes promis l’un à l’autre. Violée un jour sous les yeux du garçon frappé de sidération, la jeune femme s’est enfuie à Ciudad Juarez. Ce qui l’attend dans ce lieu
de perdition ne fait guère de doute. Diego s’est lancé à sa recherche. Pour avancer dans sa quête, il lui faut lui-même intégrer la pègre. Il en devient bientôt un acteur influent. C’est
un voyage, haletant et effrayant, au pays de l’horreur que nous propose le romancier.
Petits sévices et grandes tueries, coups fourrés et luttes sanguinaires pour le pouvoir : le crime semble être la seule activité possible dans une société gangrenée par la misère et
le malheur. Le récit de Yasmina Khadra, grouillant de détails atroces, dépeint un univers où l’humain se réduit à sa valeur
d’échange sur le marché. Sur la piste d’Elena, Diego franchit un à un les cercles de l’enfer. Tel Dante, il lui faut affronter cette épreuve pour retrouver sa Béatrice. Il s’approche
justement du lieu de réclusion d’Elena. Contre toute attente, une luxueuse demeure. La déchéance peut se manifester sous différents dehors. « Elena avait perdu son âme après
avoir renié sa chair », lui fait dire Khadra tout près de la fin du livre. Il reste exactement sept lignes pour achever la traversée de cette noirceur. Un délai suffisant pour sortir des
Limbes, ainsi que dans la Divine Comédie? On l’aura compris, cet âpre roman noir n’est assurément pas un texte mineur dans la riche bibliographie de l’écrivain. •
Source :Yasmina KHADRA


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