Algérie

La chronique de Maurice Tarik Maschino



La chronique de Maurice Tarik Maschino
Le colonialisme empuantit encore l'atmosphère, déclare Sartre en 1956 : il est notre honte». 60 ans plus tard, il l'est toujours : peur et détestation des «Arabes», islamophobie continuent d'empester l'air que les Français respirent. Dans un livre richement documenté et d'une écriture allègre, un historien, Alain Ruscio, expose les raisons de ce blocage idéologique/névrotique qui sévit dans de larges couches de la population française.Ceux qui entretiennent la haine des «Arabes» se situent généralement dans la mouvance de l'OAS ? ces civils et ces militaires qui ont tout fait ? attentats, exécutions sommaires ? pour saboter les accords d'Evian et compromettre de nouvelles relations entre la France et l'Algérie indépendante. Ces nostalgiques de «l'Algérie française» continuent d'entretenir, de mille façons, le culte de la colonisation et la haine des Maghrébins : multiplication des «lieux de mémoire» ? monuments, musées, noms de rues, cercles algérianistes, associations de pieds-noirs ? commémorations, dépôts de gerbes, «sommes ahurissantes» versées par la maire d'Aix-en-Provence à la «Maison des rapatriés»?De nombreux hommes politiques, ministres, députés, relaient et amplifient l'action des nostalgiques de la colonisation, par exemple en obtenant, d'une amnistie à l'autre, «l'effacement» de tous les crimes commis pendant la guerre ? en 1964, 173 anciens membres de l'OAS sont graciés, d'autres le sont en 1968, un officier parachutiste, ex-membre de l'OAS, devient le responsable du service d'ordre de Giscard durant sa campagne présidentielle, un autre proche de Giscard, après son élection à la présidence de la République, représente le gouvernement français lors d'une «cérémonie du souvenir» à Toulon le 16 juin 1980. «La date n'avait pas été choisie par hasard : c'était le 150e anniversaire du débarquement à Sidi-Ferruch (1830).Durant toutes ces années, des lois réhabilitent le passé colonial ? «donc et avant tout, précise Alain Ruscio, l'Algérie française».Telle la loi du 23 févier 2005, «portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés» : dans son article 4, cette loi évoque «les aspects positifs de la colonisation, en particulier en Afrique du Nord » ? «aspects positifs» qu'auraient dû reconnaître les programmes scolaires, si Jacques Chirac ne s'y était pas opposé.Mais l'article 13 de ladite loi s'est appliqué, qui oblige l'Etat à «verser des sommes considérables» à des personnes condamnées pour leur activité pendant la guerre d'Algérie et obligées de cesser leur activité professionnelle». Les intellectuels qui occupent le devant de la scène médiatique cultivent les réflexes nationalistes les plus obtus de leurs compatriotes, leurs préjugés les plus primitifs. Parce qu'eux-mêmes sont contaminés ' Sans doute.Mais aussi parce qu'il est impossible de s'insérer dans le champ médiatique si l'on soutient une position qui contredit la bienpensance générale. Il faut montrer patte blanche et la plupart mettent leur plume dans le sens de l'histoire officielle. Un historien très en vue, Max Gallo, intitule l'un de ses livres Fier d'être français, la secrétaire perpétuelle (sic) de l'Académie française, Hélène Carrère d'Encausse, déclare à la télévision russe que les Africains n'ont pas leur place à Paris («Ces gens, ils viennent directement de leurs villages africains.Or la ville de Paris et les autres villes d'Europe, ce ne sont pas des villages africains») et l'un des propagateurs les plus nauséabonds de l'idéologie nationaliste, Alain Finkielkraut, estime que «les nouvelles populations françaises» qui accusent la France de racisme ne savent pas ce qu'elles disent. Le passé colonial de la France «va-t-il encore et toujours donner à l'air du temps cette odeur rance, cette ??puanteur'' dont parlaient Mauriac et Sartre '», demande en conclusion Alain Ruscio. La réponse, hélas, ne fait pas de doute.




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