Algérie

La chronique de Ghaleb Bencheikh



La bataille de l?éducation et de l?instruction En ces temps de rentrée scolaire et de reprise des cours, la préparation du futur citoyen requiert des investissements colossaux, tant politiques que logistiques avec un intérêt certain suscité dans la société civile. A cet égard, les enjeux de l?éducation entre les tenants de l?émancipation des femmes et ceux du maintien de leur statut catégoriel infériorisant sont cruciaux et d?une importance capitale. Le reflux de l?ambition initiale du processus éducatif moderne dans le monde arabo-islamique, imputable à l?émergence des idées fondamentalistes au sein du corps enseignant a été dommageable. Alors, faisons en sorte que nous ne perdions pas cette bataille de l?éducation et de l?instruction. Comme dans tout projet intransigeant, voire totalitaire, l?éducation est la cible de l?offensive. Les idéologues islamistes l?ont très vite compris et se sont employés non sans une certaine réussite, hélas, à produire du radicalisme et secréter du sexisme dans les écoles. Les responsables des institutions concernées par ces visées destructrices se sont montrés souvent très peu clairvoyants. Trop passifs à l?origine du phénomène, ils ont fini, dans le sillage des dirigeants politiques, croyant ainsi obtenir une relative paix sociale, par donner des gages aux réclamations exorbitantes de ces « opposants de l?intérieur » aux libertés fondamentales. C?est ainsi que l?on a assisté depuis une trentaine d?années à une réislamisation de l?enseignement, affectant insidieusement tous les programmes au détriment de la conception « universalisante » ouverte initiale. Tant et si bien que la saine vision qui prévalait aux lendemains du recouvrement des indépendances a glissé peu à peu vers une conception tacite de l?éducation selon les sexes, avec une pudibonderie affectée. Pourtant, avant que l?entreprise d?infiltration fondamentaliste ne parvînt à ses fins, dans une certaine mesure (on n?a qu?à voir le re-voilement de fillettes à peine nubiles sur les bancs des classes élémentaires), les pays musulmans ? à des degrés divers ? avaient connu une génération de garçons et de filles traités à l?identique, bénéficiant des mêmes programmes scolaires, issus d?une vision éducatrice valorisant la promotion humaine dans sa globalité. Les conséquences heureuses furent immédiates. Pour les femmes de cette génération, goûtant au fruit de la généralisation et de la gratuité de l?enseignement, appliquée dès l?affranchissement du joug colonial, ce furent l?accès à une profession épanouissante et gratifiante et la considération de l?entourage familial. Alors, l?abandon du voile s?en suivit immédiatement comme une conséquence naturelle. Est-ce pour autant que la dignité de ces citoyennes a été altérée ? Bien au contraire, responsable et actrice de l?édification du pays, participante à la longue marche vers le progrès de la nation et éducatrice à son tour des générations à venir, la citoyenne musulmane a toujours aspiré à accomplir sereinement tous ses idéaux.Toutefois, les perspectives d?avenir risquent de s?assombrir si les esprits n?évoluent pas, si le carcan religieux dans sa facture fondamentaliste continue à étouffer toute velléité d?émancipation. Mais gageons que la majorité des jeunes filles intelligentes et déterminées souhaitent ardemment entrer de plain-pied dans le présent et épouser leur modernité avant d?épouser des hommes à la mentalité viciée et aux idées rétrogrades. Personne ne pourra lutter durablement contre une si puissante aspiration que l?école se doit de promouvoir et de réaliser avec un sens aigu de la responsabilité, la mission vitale qui lui incombe pour le bien de la nation. L?auteur est Président de la Conférence mondiale des religions pour la paix


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