Algérie

LA CHRONIQUE DE ABDELHAKIM MEZIANI Le Mouloudia, Omar Ghrib, le parrain et 'l'Argent de la Vieille"



LA CHRONIQUE DE ABDELHAKIM MEZIANI                                    Le Mouloudia, Omar Ghrib, le parrain et 'l'Argent de la Vieille
Je ne peux m'empêcher, en me remémorant la situation tragicomique dans laquelle a été plongé mon club de toujours, à l'Argent de la vieille, cette allégorie sur la lutte entre les exilés dans leur propre pays et les pouvoirs de l'argent. Force est de reconnaître que cette excellente comédie de Luigi Comencini, irrésistible farce aussi hilarante que cruelle, n'a perdu aucune miette de sa pertinence.
Les récents accords signés par des indus-occupants du doyen des clubs algériens et l'entreprise publique Sonatrach ne peuvent m'empêcher de renouer avec mon cursus de cinéphile et de trouver moult similitudes entre la fiction néoréaliste du film italien et la réalité telle que vécue par les inconditionnels du club emblématique de la Casbah. D'une ville, Alger, qui n'est pas sans me rappeler Rome de Comencini. Un espace où les habitations des déshérités jouxtent de somptueuses villas des nouveaux riches. À un moment où, renchérit le script, les secondes surplombent la ville en exhibant ostensiblement un luxe tapageur. La référence à l'énoncé de l''uvre est loin d'être un simple exercice de style.
A fortiori lorsque l'Argent de la Vieille met en scène deux couples issus de ces deux lieux : les gens d'en bas qu'il est aisément possible d'assimiler à Omar Ghrib et à son parrain (les chiffonniers dans le film), à l'origine de la descente aux enfers de la famille mouloudéenne, et leurs homologues de la haute représentés en la circonstance par les dignitaires de Sonatrach.
Sans oublier les habitants des bidonvilles romains qui ne sont pas sans me rappeler ces inconditionnels du Mouloudia d'Alger attendant impatiemment, semble-t-il, la venue de l'entreprise publique (la vieille) dans l'espoir que celle-ci lâche quelques-uns de ses précieux milliards au profit d'un club durement laminé par une gestion des plus apocalyptiques.
Une gestion induite par les tenants de l'informel qui ne semble point déranger outre mesure une entreprise qui a pourtant clairement posé, et dès les débuts de sa manifestation d'intérêt, les enjeux. Ce qui lui valut d'ailleurs énormément de sympathie auprès des inconditionnels du club qui voyaient en elle cette hirondelle printanière porteuse de renouveau et d'une promesse, comme dans le film, d'une régénération future. Mais la confiance placée en ce fleuron de l'économie nationale a été de courte durée, balayée qu'elle est par la signature d'un accord avec un milieu mafieux et anti-démocratique qui a pris en otage un des plus éclatants symboles du mouvement national. Sonatrach avait pourtant toute latitude de composer dans la légalité avec le CSA, irréfragable alternative à la gabegie ambiante, pour permettre la restauration de l'éthique dangereusement mise à mal par un homme qui ne recule devant rien pour donner libre cours à son nombrilisme et à son népotisme.
À défaut de se remettre en question, le bonapartisme donne ainsi l'impression de vouloir perdurer à travers une conception technocratique qui paraît d'emblée opposée ou hostile à l'idéal démocratique tel que souhaité par le peuple du Mouloudia d'Alger...
A. M.
zianide2@gmail.com


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