Algérie

La chronique de Abdelhakim Meziani



La commémoration du cinquantenaire du recouvrement de la souveraineté nationale revêt, cette année, un intérêt particulier. L'adoption par le gouvernement du Plan permanent de sauvegarde de la Casbah d'Alger illustre à merveille la volonté des pouvoirs publics d'en découdre avec la fatalité et de restituer à jamais des pans importants de la mémoire collective à notre jeunesse. À ceux qui auront tenté, mais en vain, de chahuter la volonté et la détermination de Khalida Toumi de faire avancer les choses, il serait peut-être utile de rappeler que cette emblématique médina est un exemple édifiant de ville historique et islamique du Maghreb. La ministre de la Culture en est consciente.Elle qui peut se prévaloir du mérite d'avoir contribué objectivement à la sauvegarde du patrimoine immatériel citadin. Dans une sorte de linéarité fondatrice, elle vous confie, avec la fougue qui la caractérise, que la Plan de sauvegarde a été conçu pour rechercher et développer un modèle d'architecture et d'urbanisme en continuité avec les valeurs pérennes et en conformité avec les exigences de la vie moderne. Conserver et améliorer le cadre physique de la médina en respectant ses fondements culturels et ses traditions architecturales, telle semble être la vision de la locataire du Palais de la culture, qui aura bravé tous les faux-barrages pour asséner cette vérité que la réhabilitation d'un monument vivant comme la médina d'Alger ne signifie pas une conservation d'objets mais plutôt un acquis en mouvement et en perpétuelle régénération. Khalida Toumi compte bien désormais canaliser tous les efforts et les intégrer dans une dynamique salvatrice pour se mettre au diapason de ses responsabilités historiques et des aspirations de la société civile qui la reçoit aujourd'hui au Café littéraire Mohammed-Boudia de la fondation Casbah, qui s'était fixé comme objectif, lors de sa création en 1990, la sauvegarde et la réhabilitation de la vieille médina.
Une médina outrageusement gangrenée par des dégradations dues tant au vieillissement normal des matériaux qu'à des actes de destruction inqualifiables, initiés par la caste coloniale ou le plus souvent par des gens venus d'ailleurs s'y installer provisoirement en vue de bénéficier d'un logement social. Loin de jeter la pierre à ce que d'aucuns qualifient d'indus occupants, des sources proches de la fondation font judicieusement remarquer que l'exode rural vers la Casbah a toujours existé. Particulièrement entre les années 40 et le début de la lutte armée, lorsque des populations rurales, chassées par la misère et la répression, vinrent s'y établir pour s'y intégrer lentement mais sûrement tant elles se sentaient plus en sécurité et ravies d'avoir accès à l'école et à la culture citadine qu'elles assimilèrent grandement avant de la propulser au zénith. Malgré un arsenal juridique mis en branle à l'effet, sinon de sauver le site, du moins de le préserver d'une lente agonie, il aura fallu user de tous les stratagèmes pour amener certains clercs à plus de clairvoyance pour prendre la décision d'inscrire la Casbah sur le registre national des monuments historiques. Est-ce pour cette raison que le Comité du patrimoine mondial a mis beaucoup de temps pour agréer la demande d'inscription ' D'autant que les commis de l'idéologie dominante n'auront pas fait preuve d'un quelconque engagement, encore moins d'un attachement particulier à la question, que la société civile ne manquera pas, elle, de poser avec pertinence à l'instance onusienne lors de sa session tunisoise de décembre 1991. Une société civile représentée alors par la fondation Casbah et l'Association des amis d'Alger, qui avaient fait le déplacement sans mandat officiel et avec leurs deniers. Le résultat fut tout simplement éclatant et encourageant à la fois comme en témoignera la décision prise en décembre 1992 à Santa Fe aux Etats-Unis, par l'Unesco, classant cette Médina de grande valeur historique et esthétique patrimoine universel.
A. M.
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