Certains confrères ont été quelque peu surpris par l'intérêt accordé par le Président de la République à la situation du livre. Des questions pertinentes qu'il a posées au Salon du livre aux remarques qu'il a faites, son rapport au livre est loin d'être conjoncturel. J'ai eu le plaisir de le recevoir aux lendemains du 5 octobre 1988 à Riadh El-Feth où se tenait le 1er colloque dédié aux droits de l'homme en Algérie.
Dans une librairie que je dirigeais et qui n'existe malheureusement plus depuis que ses livres ont été jetés dans la rue à un moment où, ironie du sort, il présidait aux destinées du pays et où je m'apprêtais à commémorer l'anniversaire de la mort de l'imam Cheikh Tahar Meziani, mon père, tombé au champ d'honneur le 4 juin 1957 à la Casbah d'Alger... Ce fut d'ailleurs la seule halte qu'il se permit au Centre des arts. Je me rappelle qu'il commença tout d'abord par me faire remarquer que mon jugement sur la faillite systémique du bonapartisme en Algérie, caractérisée alors par un décalage effarant entre une infrastructure hypertrophiée et une superstructure en stagnation et/ou en régression, devrait être nuancé.
Les raisons invoquées n'étaient pas sans fondement.
L'Algérie du Président Houari Boumediene se trouvait être le seul pays à accorder une place de choix au livre.
Il n'avait pas tort sauf que le décalage en question avait vite fait de jeter des franges importantes de la population dans un enfermement des plus castrateurs. A la 17e édition du SILA, tel un phénix qui a vite fait de renaître de ses cendres, Abdelaziz Bouteflika est revenu sur l'écriture de l'histoire 'sans sélection, ni exclusion ni occultation ou falsification des faits".
En cela, il est resté fidèle à ce qu'il m'avait confié. Il voulait entrer en possession d'une bibliographie en relation étroite avec le mouvement national pour se consacrer à l'écriture. Je lui avais fait part de l'existence d'une plaquette consacrée par la Bibliothèque Nationale, sous la direction de Mahmoud Bouayed, à la lutte de tout un peuple pour le recouvrement de sa dignité.
Une dignité curieusement mise à mal lorsque la mémoire des martyrs est éclaboussée par des films et des livres de circonstance, faits le plus souvent grâce aux ministères des Moudjahidine et de la Culture. Vous dites souvent, M. le Président, que 'toutes les fois qu'un moudjahid disparaît, indépendamment de sa position dans la pyramide de la révolution, nous enterrons avec lui une partie de l'histoire, et une information précieuse s'en va si elle ne venait pas à être enregistrée et répertoriée".
Mais qu'en est-il réellement à un moment où des moudjahidine nous quittent, enveloppés le plus souvent dans le linceul de l'indifférence ' A l'image de Liès Bouhired, arrêté et torturé à l'âge de seize ans, que les enfants de la Casbah ont pleuré à chaudes larmes à l'occasion d'une cérémonie organisée avant-hier par sa seule famille et que rehaussa par sa somptueuse présence sa s'ur, Djamila l'indomptable...
A. M.
zianide2@gmail.com
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Posté Le : 22/09/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdelhakim Meziani
Source : www.liberte-algerie.com