Algérie

LA CHRONIQUE



LA CHRONIQUE
Comment expliquer l'existence de la radicalisation et du terrorisme ' Le chroniqueur Ömer Taspinar rejette la théorie du contexte socio-économique pour mettre en avant celle de l'absence de perspectives chez des personnes qui ont pourtant reçu une certaine éducation.Il ne manque pas non plus de rappeler que le terrorisme provient d'une corrélation complexe de multiples facteurs, comme les crises et le sentiment d'humiliation. Une fois de plus, un débat polarisé sur les causes sous-jacentes du terrorisme semble émerger parmi les responsables politiques, analystes et intellectuels occidentaux au lendemain des attentats contre le journal satirique Charlie Hebdo à Paris.De manière générale, deux points de vue se dégagent. D'un côté, le centre-gauche maintient que la lutte contre les causes du terrorisme doit donner priorité aux problèmes sociaux et économiques en Europe et avoir pour objectif sur le long terme d'intégrer les jeunes musulmans. Cette opinion considère également la responsabilisation éducative et économique comme le meilleur antidote contre la radicalisation et le recrutement de terroristes. La pauvreté et l'ignorance offrant souvent un terrain propice à la radicalisation, le développement socio-économique semble être une solution efficace.Cette corrélation entre la pauvreté socio-économique et le terrorisme est en revanche fortement rejetée par le deuxième groupe. La logique est alors simple : la plupart des terroristes ne sont ni pauvres ni incultes. De fait, une grande partie proviendrait de la classe moyenne et de milieux ordinaires. Le terrorisme est ainsi perçu presque exclusivement comme une «menace à la sécurité» sans que soient perceptibles des causes de nature socio-économique ou de lien avec la pauvreté. Non sans surprise, ce deuxième groupe décrit la lutte contre le terrorisme islamiste en se focalisant sur les acteurs étatiques, l'idéologie djihadiste, le contre-espionnage et l'action coercitive. Les deux camps ont raison sur certains points, mais leur analyse présente quelques lacunes. Les causes du terrorisme et du radicalisme violent sont extrêmement complexes, présentent de multiples facettes et sont souvent entremêlées. Elles ne répondent pas à une simplification ou à une catégorisation. Il convient d'affirmer dès le début qu'il n'y a aucune panacée ou formule toute faite pour «mettre fin» au terrorisme et au radicalisme. Et s'il y a bien une chose qu'a pu prouver la réaction des Etats-Unis aux attentats du 11-Septembre, c'est que déclarer la guerre au terrorisme était contre-productif. En l'absence de mesures pouvant s'appliquer à n'importe quelle situation, seule une stratégie à long terme et à plusieurs volets qui puisse renforcer les fondements institutionnels du développement, de la démocratie et de la sécurité apportera des résultats efficaces.Une telle stratégie devra prendre en considération la tension qui existe entre les deux camps dont je parlais plus haut. Les conditions propices à la radicalisation et au recrutement terroriste n'apparaissent pas nécessairement dans un contexte de misère et de pauvreté, mais plutôt quand se rejoignent des tendances sociales, économiques et politiques négatives. Le terrorisme n'est pas nécessairement causé par des problèmes socio-économiques. En revanche, il existe bel et bien une corrélation entre pauvreté et radicalisation. Il faut ici aller au-delà du problème de la misère. La pauvreté absolue n'est pas le vrai défi. Le plus grand défi, c'est ce qui est causé par la misère : l'absence de perspective.




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