Algérie

La chose



Nous vivons une époque formidable, et on n?a plus rien d?épique », chantait le poète anar Léo Ferré. Cette semaine nous a offert des images frappantes de cela. D?abord un pape, Jean-Paul II, quasiment béatifié via les télés, avant l?heure, par les pays des cinq continents. Et consacré par les décideurs du monde, dont le président américain, qui a loué son combat dans le démembrement du bloc soviétique, expériences dictatoriales de socialisme. Un pape qui a sillonné la planète avec son bâton de pèlerin pour passer son message chrétien à des peuples dont la globalisation économique, en fait le capitalisme régénéré, creuse sans cesse un quotidien et des lendemains déshumanisés. Et puis, il y a ces messages que ne cesse de nous délivrer M. Bouteflika. De passage à Paris, dans la cour de l?Elysée, répondant à des journalistes, il a dit sur la plus grosse écharde de mafia d?Etat creusée entre la société algérienne et sa classe politique : « Il est tout à fait clair que la Banque Al Khalifa est une banque privée et que quiconque a un sou dans la banque doit s?adresser à la justice. Je ne suis pas là pour parler au nom d?une banque privée, mais au nom de l?Etat algérien. » Demain, au Club des pins, le chef de l?Etat prononcera un discours à la nation centré sur les actions de réalisation de son programme électoral. Avec, nous dit-on, particulièrement cette question : que faire du matelas en même temps miraculeux et potentiellement aussi maléfique de la cinquantaine de milliards de dollars engrangés dans les caisses de l?Etat ? Au-delà de son auditoire interface de ce que l?on appelle « les cadres de la nation », il faudra bien qu?il persuade l?opinion publique algérienne qu?il a des recettes, pas miracles, mais de rigueur éthique - imposées d?abord à ces cadres-là - pour endiguer le développement de l?hydre de la corruption en Algérie. Ses idées sur l?argent - en fait la « chose » ou le « ça » - et la vie en société ont alimenté les luttes des peuples du monde pour la justice sociale. Déjà dans sa jeunesse, avant qu?il ne devienne le pape d?une monumentale doctrine économique, et ne meure dans la misère, Karl Marx a exprimé de fulgurantes visions. Dont celle-là : « Si l?argent est le lien qui m?unit à la vie humaine, qui unit à moi la société et m?unit à la nature et à l?homme, l?argent n?est-il pas le lien de tous les liens ? Ne peut-il pas nouer ou dénouer tous les liens ? N?est-il pas, de la sorte, l?instrument de division universel ? »


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