Les rencontres cinématographiques de Béjaïa ont dix ans, l'âge de toutes les espérances et des attentes.
C'est l'âge aussi de ces écoliers chaouis que la caméra libre et «écoutante» de Malek Bensmail a suivis, justement, jusqu'au fond de leurs espérances mais aussi de leur insouciance. Les dix ans de ces rencontres cinématographiques, leur organisateur, Project'heurts, les a célébré avec des enfants dans un panorama chaoui, au fin fond des Aurès. Ils sont les personnages décontractés de La Chine est encore loin, un documentaire qui a ouvert la soirée inaugurale, samedi dernier, pour sa première projection publique, retrouvant à l'occasion une cinémathèque complètement rénovée et un public fidèle.
Réalisé en 2010, La Chine est encore loin donne la parole, sans censure, à un échantillon d'une population chaouie vivant dans l'éloignement à Ghassira, une commune des Aurès. Prix spécial du jury du Festival des 3 continents de Nantes (2008), grand prix du Festival de Munich (2009), le documentaire de 130 minutes ouvre sur un fait de la Guerre de Libération nationale. Dans l'attaque d'un bus, le 1er novembre 1954, où un caïd a été tué par des moudjahidine, deux instituteurs, le couple Monnerot, périssent, «victimes des premières balles de la Révolution».
L'histoire se greffe au documentaire de Bensmail sans en être le fil conducteur. Bavure ou pas, le film ne se veut pas une enquête sur un épisode de la Révolution. Ce sont les enfants, filmés sur leur banc d'école, dans leur école buissonnière, avec leurs pères, à l'école coranique, qui ont «beaucoup inspiré» Bensmail. La caméra zoome à la fois essentiellement sur la réalité du système éducatif, celle de la transmission d'une mémoire commune à une enfance partagée entre désintéressement et errements. Une tâche à laquelle prennent part les deux instituteurs de l'école, appliqués dans leur mission, expliquant l'importance du savoir pour l'avenir de leurs élèves. Un savoir qu'il faut aller chercher «même s'il est en Chine». C'est le hadith du Prophète qui a inspiré Malek Bensmail, dont le titre du documentaire La Chine est encore loin suggère la difficulté de cette transmission et pose toute sa problématique et celle de la langue dans notre pays. «Ce film est profondément algérien, il est une vraie déclaration d'amour pour ce pays», a déclaré, à la fin de la projection, Bensmail dont le cinéma se construit avec la franchise des personnages.
Les 10es rencontres cinématographiques s'étaleront jusqu'au vendredi 15 juin avec trois projections quotidiennes. Au programme de dimanche, quatre documentaires et un court métrage. Huit longs métrages seront projetés, dont Les Chants de Mandrin de Rabah Ameur-Zaimèche, en clôture, Normal et Le Repenti, de Merzak Allouache, mercredi et jeudi, en présence du réalisateur.
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Posté Le : 11/06/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kamel Medjdoub
Source : www.elwatan.com