Algérie

La chienlit du monde politique français



Marine Le Pen «ne sait pas citer Camus ni faire une recherche Google». C'est ainsi que le prestigieux journal en ligne américain, Slate, décrivait, il y a cinq ans l'héritière du FN, raillant son utilisation d'une phrase de l'Homme des Lumières sans prendre la peine d'en vérifier l'authenticité avant de la prononcer.Le journaliste de la version française de Slate clique sur Google, confirme la paternité de la citation et s'étonne de la légèreté avec laquelle cette femme politique qui osait un écrit dans le New York Times jetait le doute sur l'extrait fabuleux de l'œuvre de Camus : «Mal nommer les choses c'est ajouter au malheur du monde.»
La fille Le Pen ne réagit pas, mais ne se hasarde plus à puiser dans le milieu des lettres, préférant à cela voir s'allonger la liste de ses phrases best of raclées dans des oraisons décomposées, sa préférence, son style. Et c'est de cette manière qu' elle a voulu encore une fois faire court et choc pour attaquer l'Algérie. Elle s'offusque du fait que l'Algérie puisse aujourd'hui oser demander à la France officielle des excuses pour les crimes commis durant le passé colonial.
A travers une série de mots agencés au premier degré, elle dévoile une rancoeur mal voilée, grossière, basse qui pourrait être soumise à un cas d'étude anthropologique. Se peut-il en effet qu'un être doté d'une santé mentale solide puisse tirer fierté d'une provocation du genre, à l'heure où toute une société se trouvait plongée dans le recueillement et l'émotion à l'arrivée des crânes de nos héros décapités par des criminels ' Blessée par la perte des «trophées» de ces ancêtres qu'elle aurait peut-être voulu garder tel un vulgaire braconnier qui tire fierté de sa collection de défense des seigneurs de l'Afrique ' Le tweet de Marine Le Pen n'a rien de politique, comme d'habitude. Il est une insulte grave, injustifiée, déplorable, dirigée contre un pays, un peuple, le jour de la fête de son indépendance, le jour où le croissant et l'étoile scintillent plus fort que jamais. Marine Le Pen ment lorsqu'elle affirme faire le distinguo entre les citoyens algériens et les officiels car elle n'est pas sans ignorer que la question mémorielle reste d'abord et avant tout rattachée au sentiment profond collectif et qu'il s'exacerbe tout naturellement lorsque le 5 Juillet arrive. L'auteure de ce tweet ne semble pas s'être adaptée aux outils de la technologie. Dommage, elle aurait pu autrement visionner à souhait toutes les vidéos des horreurs commises par les soldats français postés par les internautes algériens la veille de la Fête de l'indépendance.
Un simple clic aurait pu aussi lui permettre de lire les commentaires bien explicites postés à profusion ce jour-là. Les excuses sont attendues par tout un peuple, encore puissent-elles effacer ce passé douloureux. Une demande de pardon n'est pas un acte déshonorant, elle est le reflet d'une grandeur, le témoignage d'une noblesse d'âme qui caractérise l'avancée de l'Homme vers le meilleur. Autant de qualités qui ne figurent pas dans les gènes de Marine Le Pen. De la chienlit dans le monde de la politique.
Abla Chérif


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