Algérie - Costumes traditionnels


Chemise, tunique et «qmedja n'ta el-ham» étaient, dans le passé, des synonymes désignant tous une robe longue dotée de longues manches.
Il est difficile de déterminer avec précision l'origine de la tunique, tant sa confection est simple et son emploi commun à toutes les régions méditerranéennes.
Néanmoins, l'évolution de la chemise à Alger s'est faite avec l'influence et le contact des civilisations que la ville a connu à travers les siècles.
La découverte de la soie a joué un grand rôle dans l'évolution de la chemise, qui était réalisée avec des tissus assez lourds et peu confortables. Ce tissu de valeur était importé d'Asie (Chine, Perse) et était resté longtemps réservé à une minorité de familles aristocratiques en Méditerranée occidentale et ce, jusqu'à l'époque byzantine où les ateliers de tissage s'inspirèrent des techniques orientales, rendant ainsi cette précieuse matière accessible aux habitants d'El-Djazaïr.

Les premiers musulmans de l'Orient ne connaissaient pas la soie. Ils portaient des tuniques de laine à manches assez étroites, qu'ils avaient hérité de la Syrie. Ce n'est que lorsque Damas devint la capitale de l'empire musulman qu'ils firent la découverte de cette matière et se spécialisèrent dans la soie, contribuant à leur tour à l'évolution de la tunique, en améliorant la qualité du tissu et la décoration du «terraze» riche et fin. Vint ensuite l'influence de l'Espagne musulmane qui remplaça l'ancien empire. Elle reprit cette tradition et fit évoluer la qualité des soieries et le «terraze», ce qui séduisit les habitants d'Alger et renforça le commerce avec l'Andalousie.

A l'ère ottomane, Alger était très riche et cela se voyait à la tenue de ses habitantes, confectionnée avec des matières de plus en plus luxueuses car l'industrie textile connaissait, à cette époque, un grand épanouissement. La chemise – portée sous une «ghelila» ou un kaftan, avec un «serouel» enveloppé d'une «fouta», maintenue et serrée à la taille par une «mehezma» – était une pièce très ornée et très coûteuse de la garde-robe féminine. Elle était de toile, de gaze fine ou de lin, brodée de soies multicolores, très fine et très blanche, sans col et très décolletée. Moins fendue par devant que celle des hommes, elle était très longue, descendant jusqu'aux chevilles, large comme deux chemises d'homme. Les manches étaient larges et évasées vers le bas, ornées de broderies, de dentelles ou de rubans multicolores. L'Algéroise portait souvent une chemise de soie sous une chemise de toile.

Avec la colonisation française, la chemise évolua en se raccourcissant aux genoux, toujours légère, souvent faite de soie, terminée par des dentelles et ornée de broderies ; on lui donnait le nom de «gônidra» (petite gandoura) et elle était, habituellement, portée en été sur une «qmedja n'ta el ham» (chemise de peau). Plus tard, il y eut la «camisora», qui était un petit chemisier court, muni de petites manches et boutonné dans le dos.

Même si elle n'a pas cessé d'évoluer du point de vue du tissu, de la longueur, de la forme et du «terraze» et autres ornements (de tous genres), la chemise est restée, à travers les siècles, confortable et légère, qualités essentielles qui sont à l'origine de l'extraordinaire longévité qu'elle connaît à ce jour. Si elle est longue et couverte de broderies, elle fait partie de la tenue traditionnelle de l'Algéroise; si elle est courte et simple, elle est le vêtement moderne universellement porté.


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