C'est au temps du commandement syrien qu'apparut l'usage des coiffes coniques au grand Maghreb, d'abord sous forme de casques pour les soldats, puis de cônes en cuir servant de support rigide pour les turbans des notables.
Les Andalous, influencés par la mode syrienne, portaient, eux, aussi, les coiffes coniques et ce, jusqu'à l'éclatement de l'Empire Almohade. C'est alors qu'ils adoptèrent la calotte en laine de couleur rouge ou verte. Ainsi, s'est répandue une forme de coiffe qui consiste à enrouler un pan d'étoffe autour d'un petit cône ou d'une demi-sphère, émergeant de quelques centimètres du drapé et qui fut retenue comme étant le turban caractéristique des Berbères.
Après l'installation des Maures à Alger, l'industrie des bonnets est née, créant «la chéchia djazaïra», faite avec de la laine locale et commercialisée à l'intérieur du pays. Bien qu'elle fût très appréciée, «la chéchia djazaïria» valait presque la moitié du prix de la «chéchia tunisoise» car, cette dernière était fabriquée avec de la laine importée d'Espagne et ses finitions étaient plus soignées que celle de l'algéroise. De ce fait, la provenance et, par conséquent, la qualité de la matière et le fini de l'exécution différenciaient, plus que la forme et la couleur, la chéchia du Dey de celle du simple Yoldach, par exemple.
Néanmoins, l'utilisation des ressources du pays avait imposé à tous ses habitants cette coiffure « égalitaire », dont le turban venait varier l'aspect et distinguer la personne qui s'en paraît. En effet, cette bande, longue et étroite, faite de toile, de soie ou de mousseline, était rangée autour des bonnets, de sorte que la forme et l'ordre des plis servaient, non seulement, à faire connaître les divers rangs dans les corps de l'armée mais, aussi, à distinguer les marchands et les bourgeois des soldats. Le turban n'était, cependant, pas toujours porté ; ainsi, les marins et les jeunes gens de la ville n'avaient, comme coiffure, pour les jours ordinaires, qu'une simple calotte rouge appelée «venture de paradis».
La chéchia n'était pas portée que par les hommes car elle constituait un accessoire très important pour les citadines maghrébines et andalouses, qui s'en paraient pour mettre en valeur leur coiffure. La chéchia féminine a adopté, à travers le temps, différentes formes, comme pour la chéchia masculine, mais avec des particularités au niveau de la décoration. Chez les Tlemcéniennes, on retrouve encore, aujourd'hui, la façon de parer la tête de la jeune mariée d'un couvre-chef conique auquel est assujetti, par des épingles trembleuses (wardats), un riche fichu appelé «meherma ou mendil», spécifique à la femme mariée de l'ancienne époque. Par la suite, les femmes sont passées de cette coiffe conique (à laquelle étaient cousus des pans d'étoffe servant de soutien à la longue chevelure relevée, ou laquelle était accompagnée d'un foulard fin, indépendant, pour protéger la chevelure et conférer souplesse et élégance à la coiffure), à la petite coiffe ronde, d'une hauteur de trois à six centimètres, faite de cuir recouvert de velours brodé, de brocart ou de feutre ; celle-ci se portait inclinée sur le côté et maintenue par une fine sangle passant sous le menton, les cheveux étant disciplinés en tresses enrichies de pierreries ou entourées de rubans. Les plus fortunées d'entre elles portaient une chéchia appelée «xixia», qui est un bonnet raide et raide, richement travaillé d'or sur satin et parsemé de pierres et de perles.
Avec le temps, la chéchia fut délaissée par les Algéroises et remplacées simplement par une «meherma» (grand foulard), contrairement aux hommes qui ont su la garder et en faire leur fierté, car on la voit encore portée par certaines personnes âgées et même, très souvent, dans certains douars.
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Posté Le : 29/09/2007
Posté par : nassima-v
Ecrit par : Debbagh Fifi
Source : www.eepad.dz