Algérie

La chasse au Bâath relancée



Des centaines d'arrestations de prétendus membres du Baâth, parti au pouvoir sous l'ancien dictateur, Saddam Hussein, mais interdit depuis 2003, ont eu lieu fin octobre à  l'instigation du Premier ministre, Nouri al-Maliki, qui les considère comme une menace du pays. Au total, 615 personnes ont été arrêtées au niveau national, selon M. Maliki. En réaction, le conseil de la province sunnite de Salaheddine, où se trouve la ville natale de Saddam Hussein, a décidé par un vote du 27 octobre de devenir une région administrativement et économiquement autonome, à  l'instar du Kurdistan voisin. Selon son gouverneur, Ahmad Abdallah, les arrestations effectuées dans la province «sans coordination ni consultation avec nous» constituent la «raison principale» de ce choix. Dans cette province, 30 personnes avaient été arrêtées quelques jours avant le vote, a précisé la police. Le vote d'autonomie a irrité M. Maliki, même si l'article 119 de la   Constitution stipule qu'une décision de cette nature doit àªtre validée par référendum. «Le Baâth veut faire de cette province un refuge pour ses membres, mais cela ne se produira pas», a récemment assuré le Premier ministre. Les arrestations et la volonté d'autonomie affichée par cette province de 1,2 million d'habitants, au nord de Baghdad, illustrent les défis auxquels est confronté le pays, où les sunnites ont gouverné pendant 80 ans avant de laisser les rênes à  la majorité chiite en 2003. «Il existe un sérieux dysfonctionnement entre Baghdad et les provinces et il y a aussi une forte tension entre le Premier ministre et ses opposants», remarque Joost Hiltermann, directeur adjoint pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord d'International Crisis Group. «Ces deux phénomènes convergent dans les provinces sunnites, qui s'estiment négligées par Baghdad pour des raisons confessionnelles. La campagne d'arrestations a renforcé ce sentiment», dit-il. «Ces emprisonnements sont de mauvais augure pour l'Irak, on a le sentiment qu'ils visaient spécialement la communauté sunnite et si cette impression perdure, cela exacerbera les tensions confessionnelles», souligne Ali al-Saffar, analyste irakien de l'Economist Intelligence Unit, basé à  Londres. Selon lui, «les sunnites considèrent ces détentions comme injustes, alors que les chiites voient dans le vote (de Salaheddine) une volonté des sunnites de se séparer du centre». Pour John Drake, analyste pour la firme de sécurité AKE, basée à  Londres,   «l'appel de Salaheddine est peut-être une protestation symbolique face au  gouvernement central, mais nous pourrions assister à  des demandes identiques dans d'autres provinces pour obtenir des concessions du gouvernement». Ainsi, Anbar, l'autre grande province sunnite, dans l'ouest du pays, a avancé la même demande avant que le président du conseil provincial Mamoun Sami Rachid ne fasse marche arrière pour éviter «une crise avec le gouvernement». Pour Reidar Visser, qui dirige un site consacré à  l'Irak, www.historiae.org, «il existe un risque de voir le fédéralisme se transformer demain en séparatisme si Maliki est incapable d'offrir aux habitants de cette province des concessions et un espoir dans l'avenir». Si M. Maliki est opposé à  cette autonomie, le président sunnite du Parlement, Oussama al-Noujaifi, estime à  l'inverse que la décision de Salaheddine est «constitutionnelle». Cependant, les experts doutent de la viabilité de l'autonomie de cette province, qui ne dispose pas de richesses naturelles et dont, selon l'ONU, 40% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté (2,2 dollars par jour).          
 
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