Algérie

La charte partenariat public/privé permet-elle une adaptation face aux enjeux de la mondialisation '



Le président de la République à l'occasion de la fête du 1er mai 2017 :« Face à la crise financière que l'Etat est déterminé à accompagner la promotion de l'investissement national, et en partenariat par son soutien multiforme et par l'amélioration de l'environnement économique. Et le défi exige du patronat local de se mobiliser, aujourd'hui plus que jamais, pour accroître l'investissement dans tous les secteurs et le déployer ainsi, à travers tout le territoire national par l'amélioration de la productivité et compétitivité économique de sorte que les entreprises algériennes résistent localement à la concurrence extérieure et que la production parte à la conquête de marchés extérieurs ».L'UGTA et le patronat avec le gouvernement se sont réunis le 23 décembre 2017 pour évaluer le pacte économique et social et entrevoir la dynamisation du partenariat public privé (PPP). Comme il a été décidé une ouverture du capital des petites et moyennes entreprises au secteur privé national ( règle 64/36%), 36% uniquement pour le privé national, le privé international n'étant pas concerné, il ne faut pas avoir peur des mots, étant une privatisation partielle. Or, le gouvernement algérien depuis des années avec de nombreux séminaires, entendait encourager le partenariat public-privé (PPP), encore largement embryonnaire, devant aider en principe à devenir un outil d'optimisation et de rationalisation de la dépense publique. Mais à la lumière des expériences internationales, ce partenariat, à la lumière des expériences historiques, appliqué souvent aux infrastructures, le reste de l'économie évoluant dans un environnement concurrentiel, dicté par le marché, n'est pas la panacée a besoin d'un cadre juridique clair et surtout d'une vision stratégique qui fait cruellement défaut.
Comme il ya une totale confusion entre deux concepts, celui de la privatisation qui est la cession partielle ou totale d'une entreprise publique en fonctionnement et la démonopolisation qui est l'encouragement du secteur privé à investir dans des créneaux nouveaux. Pour sa concrétisation, il s'agira impérativement d'approfondir les réformes structurelles et de lever toutes les contraintes au secteur privé national et international. Et ce afin de favoriser l'efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale, pour une croissance durable au sein d'une économie ouverte. Pour éviter un échec patent, renouvelant l'expérience négative des licences d'importation, idem d'ailleurs pour la règle généralisée des 49/51% instaurée depuis 2009, n'ayant pas permis la réduction des importations, ni de dynamiser le tissu productif, il y a lieu de replacer le PPP et l'ouverture du capital des PMI-PME au sein d'une vision globale des réformes intimement liées aux nouvelles mutations mondiales.
-I-L'Algérie doit s'adapter à la mondialisation, un rapport social complexe historiquement non achevé
La mondialisation dans sa version contemporaine renvoie non seulement à des interactions internationales d'ordre économique mais aussi à des interactions de type religieux et culturel, politique idéologique et militaire, et dont la crise d'octobre 2008 qui est loin d'être terminée préfigure d?importants bouleversements géo stratégiques et socio-économiques tenant compte du futur défi écologique, horizon 2015/2020. L'Algérie devra s'y adapter si elle veut éviter sa marginalisation croissante, tant politique qu'économique surtout avec l'épuisement inéluctable des hydrocarbures.
C'est pourquoi toute stratégie d'adaptation ou de réponse à ce phénomène doit embrasser l'ensemble de ses composantes et de ses manifestations, notre participation volontaire et active à l'ordre international en construction devant être appréhendée et retenue comme un objectif de toute première importance. Notre adaptation est un problème de sécurité nationale et donc un défi pour les générations futures, évitant le retour suicidaire du volontarisme étatique des années 1970.
Le processus de mondialisation non encore achevé comme le montre la crise récente, rapport social complexe, produit historique du développement du capitalisme est irréversible et l'Algérie devra s'y adapter si elle veut éviter sa marginalisation. Il s'agit de comprendre donc, qu'aujourd'hui, ce sont les entreprises qui compétitionnent pour les Etats- Nations. Face à ce mouvement et cette dynamique, où l'accumulation en ce XXIème siècle se fonde sur le savoir et l'entreprise dominée par des segments personnalisés et les producteurs de symboles, nous restons en Algérie spectateurs d'une pièce de théâtre qui se joue sans nous mais qui nous concerne tout autant. Insérer l'Algérie dans l'économie mondiale c'est d'abord situer les enjeux puis connaître les règles du jeu de la globalisation.
Ce renouveau stratégique doit nécessairement s'accompagner d'un réengineering global qui s'appuiera sur plusieurs leviers dont principalement, la culture des affaires internationales, la maîtrise du processus des réformes et la mise en place d'un système d'information économique et de veille technologique. Tout cela supposant la nécessaire revalorisation du savoir loin des emplois rentes et des comportements rentiers spéculatifs destructeur de richesses. La plupart des pays en développement se livrent, depuis une décennie, à une concurrence aiguë pour attirer sur leur sol l'implantation des groupes multinationaux, vecteur traditionnel de l'IDE et parallèlement favoriser un partenariat gagnant/gagnant. Les quelques expériences menées par SONATRACH avec succès doivent être analysées et évaluées dans le fond, pour servir de « référents » aux formes futures de partenariats Il est urgent pour l'Algérie de s'inscrire dans un tel mouvement avec les objectifs suivants : relancer et moderniser son économie, accéder aux technologies avancées, apprendre le marché et viser l'exportation hors hydrocarbures, stimuler la concurrence et la compétitivité interne et externe et considérer les IDE comme «ressources» pour les privatisations.
Sur le plan de la garantie des droits de propriété, c'est plus la mise en application des textes de lois édictées qui est mise en cause, que la qualité même de ces lois. L'investissement Direct Etranger (IDE) constitue l'un des moteurs de la globalisation, voire même sa source principale et est un élément important du processus de restructuration, de modernisation et de l'éventuelle réorientation de l'économie mondiale. Mais contrairement à une idée largement répandue, l'IDE est concentré pour plus de 75% dans le Nord, 25% dans la zone Sud, la Chine captant plus de 50% laissant au reste de la zone Sud que 25% accaparé par des pays émergents comme l'Inde, le Brésil, le Mexique, et d'autres pays de l'Asie comme la Malaisie et la Corée du Sud.
De ce point de vue, notre pays, présente un déficit d'attractivité des IDE et d'une manière générale d'investissement hors hydrocarbures à forte valeur ajoutée qui s'explique en partie par la présence de plusieurs obstacles structurels :-une gouvernance à résultat mitigé ; le manque de cohérence et de visibilité dans la démarche de la politique économique, un cadre juridique instable, un système financier sclérosé, une formation peu adaptée aux nouvelles mutations ayant misé sur la quantité au lieu de la qualité, un secteur tertiaire sous-développé et enfin l'étroitesse du marché algérien.
Aussi, toute la future politique économique et sociale algérienne devra tenir compte des mutations planétaires afin de s'adapter à ce monde interdépendant en perpétuel mouvement. Car il ne saurait être question d'occulter la consolidation des grands espaces Asie( APEC)-Amérique (ALENA)-l'Europe qui s'étend sur son flanc Est et Sud dont la future carte euro méditerranéenne. La notion de globalisation (certains parleront de mondialisation) concerne un certain stade de développement des échanges de biens et de services, d'intégrations des marchés financiers et d'extension de la multinationalisation des appareils productifs, de diffusion de connaissances technologiques et de comportements de consommation, le rôle des services jouant un rôle croissant surtout au XXI ème siècle.
Aussi cette globalisation concerne tant l'accroissement des échanges, que la transnationalisation des circuits agro-industriels, commerciaux, bancaires, de services. Dans la mesure où les grandes sociétés calquées anciennement sur l'organisation militaire éclatent en réseaux complexes à travers le monde. Se substituent à la configuration passée de l'accumulation fondée sur la consommation de masse, une accumulation fondée sur l'économie personnalisée dont le pivot est la vente en fonction de besoins exclusifs d'où la percée des producteurs de symboles et l'avancée des segments de la PMI/ PME elles mêmes organisées en réseaux et s'appuyant sur le savoir faire managérial et technologique.
Car il y a lieu de ne pas confondre les anti-mondialisations qui ne sont pas contre une économie de marché concurrentielle humanisée mais condamnent plutôt les économies étatistes totalitaires. Certes, des voix s'élèvent contre cette forme de mondialisation. Ils appellent à une économie de marché sociale solidaire, à un mouvement des citoyens impliquant la société civile (le regretté Bourdieu parlait de société civile internationale) afin de réaliser un contrepoids perdu depuis l'effritement du bloc communiste, nécessitant de mieux encadrer les marchés par une nouvelle régulation institutionnelle, sociale et politique au niveau mondial, montrant l'importance de l'Etat Régulateur ou l'Etat stratège comme nerf de la régulation sans briser le ressort des énergies créatrices.
Aussi s'agit-il de comprendre, afin de prévoir toutes les incidences, l'Accord de l'Algérie pour une zone de libre échange avec l'Europe qui s'inscrit dans le cadre des accords de Barcelone restrictif à une région, incluant des volets culturels et politiques et les futurs accords avec l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) qui concerne à la fois les flux de marchandises mais récemment les flux de capitaux, la propriété intellectuelle et les services. Cela implique d'ailleurs une uniformisation du droit face aux nouvelles exigences internationales, encore que l'évolution du droit international face à ces mutations mondiales est en gestation comme en témoignent les perceptions différentes du concept de concurrence par les USA et la Commission de Bruxelles.
L'adhésion à l'OMC implique par conséquent au moment de la consolidation des grands espaces économiques de grands espaces stables politiquement, solides économiquement, élément déterminant de la stabilité de l'espace mondial.
Pour l'Algérie ne pas adhérer à l'organisation mondiale du commerce (OMC), la majorité des pays du Maghreb et de l'OPEP étant membres, et les plus grands producteur de pétrole de l'OPEP à savoir l'Arabie Saoudite et la Russie ayant adhérés après plusieurs décennies de négociations, a certes des avantages à court terme (mono exportateur d'hydrocarbures) mais aura des répercutions négatives à moyen et long terme sur l'économie nationale en isolant le pays. Cela implique d'avoir une visibilité dans la démarche, de savoir ce que l'on veut en synchronisant les avantages comparatifs statiques avec les avantages comparatifs dynamiques.
Toujours est-il que l'implication de ces accords aura des répercutions importantes sur le devenir tant de l'économie que de la société algérienne rendant nécessaire l'accélération des réformes économiques micro-économiques et institutionnelles, la stabilisation macro-économique étant éphémère sans ces réformes.
(A suivre)
Dr Abderrahmane Mebtoul Expert International, professeur d'Université en management stratégique ancien Président du Conseil National Algérien des Privatisations


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