Algérie

La chanson kabyle en deuil


Encore un chanteur kabyle qui s'éteint! Oukil Amar, grand artiste de l'ancienne génération, est décédé dimanche dernier dans sa commune natale Bounouh, près de Boghni à 50 kilomètres au sud du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou. Oukil Amar est décédé à l'âge de 89 ans après une très longue maladie ayant duré des années. Avec le décès de Oukil Amar, la chanson kabyle est de nouveau en deuil après avoir perdu plusieurs autres artistes de renom durant ces dix dernières années à l'instar de Djamel Allam, Idir, Belkhir Mohand-Akli, Djamila, Chérifa, Ali Halli, Taleb Rabah, Lounès Kheloui, Cherif Kheddam, etc.Oukil Amar a été l'une des figures les plus connues de la chanson kabyle à une époque où cette dernière était à son apogée, notamment dans les années 60. C'était l'époque des années d'or de la chanson kabyle ayant vu l'émergence de plusieurs talents ayant marqué à jamais les esprits des mélomanes de plusieurs générations. Qui ne se souvient pas de la chanson légendaire de Oukil Amar intitulée «Chemin de fer bou wourfan»! Le nom de Oukil Amar se confondait allègrement avec cette chanson fétiche et immortelle. Le regretté Oukil Amar est né en 1932 à Ath Smail dans la commune de Bounouh (daira de Boghni) dans la wilaya de Tizi Ouzou. Il partit en France dans les années 50 où il put décoller dans la chanson après avoir connu et approché de grands artistes de l'époque à l'instar du monument Akli Yahiatène, Moh Saïd Ou Belaïd, Arezki Bouzid et d'autres. Il lui a suffi d'enregistrer sa première et célèbre chanson «Chemin de fer bouwourfan» pour que Oukil Amar sorte définitivement de l'anonymat et se fraye une place de choix dans le monde de la chanson, occupé déjà par une infinité d'artistes ayant déjà fait leurs preuves. Oukil Amar a aussi marqué ses fans par d'autres chansons immortelles comme les mythiques: «A talev yeghran» ou encore «Tefghed taâzizt ats-marah», «Aman ouzaghar», «Inas i mlaâyoun».
Durant sa jeunesse, Oukil Amar a eu la chance d'avoir côtoyé des artistes exceptionnels dont le pilier de la chanson kabyle Slimane Azem, mais aussi Cheikh Ahssissen, Amraoui Missoum, Ahmed Wahbi, Mustapha El Anka, Mahmoud Aziz et tant d'autres. A la même période de ses débuts dans la chanson, il milita dans les rangs de la Fédération de France du Front de Libération nationale.
L'exil étant amer, Oukil Amar effectuait des allers-retours incessants entre Paris et Bounouh, surtout dans les années 70. Mais l'amour de la terre natale le poussa à revenir définitivement et s'installer dans son village natal à Bounouh au début des années 80. La vie du regretté Oukil Amar n'a pas du tout été facile, surtout durant la dernière décennie. Car, il a eu un accident vasculaire cérébral qui l'a énormément diminué. Oukil Amar a beaucoup souffert, mais il était entouré constamment par les membres de sa famille et ses enfants jusqu'à son dernier souffle. Le regretté Oukil Amar a toujours exprimé son amour pour sa terre natale. Il n'a jamais eu de cesse, quand il vivait en France, de dire combien il rêvait de revenir pour s'installer chez lui «di tmurt». Même quand il était hospitalisé en France suite à son AVC en 2012, il n'a eu de cesse de dire à toutes les personnes qui lui rendaient visite, après les avoir remerciées, «j'ai hâte de rentrer chez moi, dans mon village en Kabylie». Il s'y repose désormais.
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