Algérie

La chanson Kabyle en deuil : Oukil Amar quitte la scène



Le chanteur Kabyle Oukil Amar est décédé dans la soirée de dimanche 25 avril, à l'hôpital de Boghni (Tizi Ouzou) des suites d'une longue maladie. Il avait 91 ans. Hospitalisé durant des mois à Paris en 2012 après un AVC, il était devenu aphone, lui qui rêvait de reprendre sa mandole malgré son handicap et le poids des années.Avant sa maladie qui l'a cloué au lit, il envisageait de renouer avec l'ambiance du studio d'enregistrement pour faire une compilation de tout son répertoire entamé en 1959. « Certes la maladie est là et je l'accepte. En revanche, j'ai du mal à supporter mon éloignement de la Kabylie. J'ai hâte de retrouver les miens et les senteurs de chez moi. C'est vrai que j'ai beaucoup de visites et franchement je ne me sens pas seul. Les gens m'apportent du baume au c?ur. Je les remercie (...) J'ai composé beaucoup de chansons et certaines je les ai oubliées. Les gens les chantent encore. Ce qui me réjouit. Aujourd'hui, je me sens encore capable d'en faire d'autres. J'ai la tête pleine », confiait t-il aux amis ayant été à son chevet en France (El Watan du 19 février 2012).
Né à Bounouh en 1932, Oukil Amar fait partie de l'ancienne génération de la chanson kabyle, surtout celle de l'exil aux côtés de Slimane Azem, Cheikh El Hasnaoui, Farid Ali, Moh Saïd Oubélaid et autres qu'il avait côtoyés. Parmi ses tubes les plus connus, Tizi-Ouzou, A taleb yaghran, Aman uzaghar, El ward aleqaq.
Maître incontesté à l'instar des « Cheikhs » de sa génération, le défunt artiste s'est construit dans la douleur et avec la pénibilité de la vie. Il quitte très tôt sa Kabylie natale pour gagner sa croûte dans l'émigration en France. Dans sa dure condition d'ouvrier et grâce entre autre à l'aide de son ami Farid Ali, l'autre icône de la chanson kabyle, Oukil Amar se découvre une vocation de chanteur. Dès 1959, il enregistre chez Barclay (France) son premier 45 tours « Cmendifir buwurfan ». Un succès à travers lequel il défend en filigrane la cause nationale.
Dans la chanson «Teffegh Ccetwa d Anebdu», il fait passer poétiquement un autre message en faveur du recouvrement de l'indépendance, annonçant la fin de l'hiver, comprendre le joug colonial. Des positions politiques « textuelles » qui lui ont valu une interdiction d'antenne par l'administration française.
Malgré son engagement artistique indéfectible en faveur de la Guerre de Libération nationale au sein de l'ex Fédération de France et ses cotisations pour la Révolution, Dda Amar, comme on l'appelait affectueusement de son vivant, n'a pas obtenu de carte d'ancien Moudjahid en dépit des démarches effectuées auprès des services concernés.
Sans travail en fin de carrière, ni de droits d'auteurs qu'il n'a jamais perçu, selon une déclaration à la presse avant sa maladie, il survivait grâce à une maigre pension que lui accordait la Caisse de retraite française. A l'instar de la plupart des artistes algériens, Oukil Amar est parti dans le dénuement et la discrétion totale, comme il a vécu.
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