LA CHAMBRE AGRICOLE DE BOUMERDÈS DANS L'Å'IL DU CYCLONE

Les fellahs de la wilaya de Boumerdès qui constituent la frange sociale la plus importante et la plus utile au développement économique de cette wilaya sont en colère et ils le font savoir.Huits présidents d'associations professionnelles, représentant des centaines de grands fellahs de la région ont adressé une lettre au ministre du secteur, au wali de Boumerdès, à la directrice des services agricoles et au président de la Chambre agricole pour exiger le changement du secrétaire général de cette Chambre. Dans la lettre, dont nous détenons une copie, les pétitionnaires énumèrent plusieurs griefs pour motiver leur exigence contre ce haut fonctionnaire — il est désigné par l'administration. Il est notamment question de la marginalisation des associations, du gel des commissions techniques, du mauvais accueil des fellahs au niveau des bureaux de cette Chambre, du retard que met le S/G pour délivrer des fiches signalétiques obligatoires pour l'achat des engrais «Ce document n'est disponible qu'au bout d'une semaine. Mettez-vous à la place du fellah qui vient d'Afir à plus de 80 kilomètres ou de Larbaâtache. Ce sont des journées de travail perdues pour lui», s'offusque un président.
L'achat d'un véhicule de tourisme pour la rondelette somme de 220 millions de centimes sur le budget de la Chambre exacerbe davantage l'ire des protestataires. Un fellah, très au fait de ce qui se passe dans le secteur de l'agriculture, proteste «Comment peut-on dépenser une somme de 220 millions pour acheter un véhicule de tourisme utilisé à des fins personnelles alors que l'administration de cette institution n'a pas le matériel informatique nécessaire pour confectionner les fiches signalétiques ' Plus grave, notre Chambre a une dette de 1,200 milliard de centimes envers l'Agence foncière pour la location de son siège et une autre dette de 800 millions de centimes envers les impôts.» Ce fellah ne manque pas de nous signaler que la Chambre dispose de 2 véhicules 4x4, double cabines en bon état et utiles aussi bien à la circulation dans les zones rurales qu'urbaines.
Ali Merabet, le président de la Chambre (élu par le Conseil de la Chambre et parrainé par le ministre de l'Agriculture) que nous avons joint au téléphone nous a affirmé qu'il n'a pas reçu cette lettre de protestation mais qu'il en a entendu parler. Pour le retard des fiches signalétiques, il a trouvé le bouc émissaire. Comme toujours, c'est la faute aux femmes. «Cinq femmes sont parties en congé de maternité. C'est ce qui a causé des retards. Nous allons délibérer pour autoriser d'autres responsables à signer ces documents.» Selon lui, le véhicule en question a été acheté pour effectuer des missions dans d'autres wilayas. Il a, en outre, reconnu que son secrétaire général manque d'enthousiasme pour cette fonction. «Il est un peu renfermé et ne communique pas bien avec les gens», dira-t-il.
En définitive, cette colère n'est pas superficielle. Elle est l'expression d'un profond malaise. Cette Chambre, une structure très importante pour la région, a échappé aux mains des rentiers sans scrupules qui régentaient les organisations affiliées au secteur de l'agriculture mais tombe malheureusement dans le marasme.
D'où cette déception. Les responsables seraient bien avisés d'intervenir avant la rupture avec la base.