Algérie

La censure frappe de nouveau



Ces blocages en série, même momentanés pour certains, ne sont, bien entendu, pas sans susciter des inquiétudes dans le monde des médias.C'est au moment où les autorités algériennes continuent de réaffirmer leurs intentions et dispositions à garantir une véritable liberté d'expression dans le pays que des sites d'information font le plus face aux blocages, comme c'est d'ailleurs le cas cette semaine durant laquelle, plusieurs de ces médias en ligne sont devenus subitement inaccessibles pour les lecteurs avant que le blocage ne soit levé pour certains.
Après le média en ligne, TSA, qui a connu un blocage durant plusieurs mois en 2019, et les deux sites Maghreb-Emergent et Radio M, dont l'accès au public a été subitement bloqué en avril dernier, voilà que d'autres médias d'information en ligne, dont Tariq News, Interligne, Chihab Presse, Casbah Tribune, appartenant au journaliste Khaled Drareni, qui a été récemment condamné, en appel, à deux années de prison ferme, et le dernier en date Essaha.com, font à leur tour l'objet d'une censure qui ne dit pas son nom, comme le dénoncent d'ailleurs leurs propriétaires.
"Avec ce blocage incompréhensible et inattendu, on est en droit de se demander qui en veut à essaha.com et qui veut priver nos lecteurs et lectrices d'informations médicales sourcées. En attendant que la raison revienne aux censeurs, vous pouvez toujours nous lire en passant par un VPN", écrit, dans un communiqué rendu public, l'équipe de rédaction du site esseha.com après avoir affirmé que ses contenus sont inaccessibles en Algérie, lui aussi dans ses deux versions arabe et française, depuis la mi-journée du samedi 5 décembre.
Pour l'équipe de rédaction de ce site d'information, l'incompréhension est d'autant plus grande que ce journal dédié exclusivement à l'information liée au secteur de la santé et au monde médical a toujours mis la santé en priorité et la vérification vigoureuse de ses informations, avant publication, comme ligne de conduite. Avant Essaha.com, l'équipe du site Tariq News s'est, elle aussi, fendue d'un communiqué, le 2 décembre dernier, faisant état de son inaccessibilité au public.
"Nous informons nos chers lecteurs que le site Tariq News est bloqué depuis aujourd'hui 14h30 pour des raisons et par des parties qui demeurent jusque-là inconnues, et ce, au moment où le premier responsable de l'Etat a plaidé et fait des déclarations du bout des lèvres pour régler le dossier des sites électroniques, il y a un an", a annoncé Tariq News dans son communiqué, et dans lequel, il considère que cette affaire constitue "un nouveau coup porté à la profession du journalisme en Algérie par des personnes qui prennent des décisions irresponsables".
Ces blocages en série, même momentanés pour certains, ne sont, bien entendu, pas sans susciter des inquiétudes dans le monde des médias en Algérie, d'autant que désormais, ce ne sont plus les seuls sites traitant de l'actualité politique en Algérie, mais aussi même des sites spécialisés, à l'instar d'Essaha.com qui traite exclusivement de l'information liée à la santé.
Cette nouvelle étape dans la censure vient, ainsi, ajouter un n?ud de plus autour du cou de la presse algérienne dont le compartiment audiovisuel continue à exercer en offshore pendant que l'autre compartiment, à savoir la presse écrite, est déjà largement asphyxiée économiquement via le levier de la publicité institutionnelle qui est utilisée comme une arme pour étrangler les titres qui refusent la soumission.
Paradoxalement, cette politique, qui, au demeurant, donne un goût du déjà vu sous le règne de l'ancien régime de Bouteflika, continue à être menée au moment où les dirigeants ne jurent plus que par la rupture avec les pratiques de l'ancien régime et ne cessent de promettre, à qui veut toujours le croire, de donner à la liberté de la presse la place qui lui échoit.

Samir LESLOUS


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