Algérie

La célébration de Yennayer à Mostaganem: un legs culturel transmis de génération à génération



Les familles Mostaganemoises préservent jalousement le legs culturel avec ses traditions et coutumes liés à la célébration du nouvel An amazigh les transmettant tel quel à la postérité.Aussi, la première quinzaine de Yennayer témoigne-t-elle de l'importance de cette transmission culturelle et vient confirmer, une fois de plus, la solidité du lien familial et l'attachement inébranlable des familles de la région à leur culture, à leur identité, à leur religion et à leur terre nourricière.
Les festivités de l'évènement se font en grande pompe. D'aucuns, à Mostaganem, ne parle que de "Ennayer", nouvelle année qu'ils souhaitent faste où tout est succès, optimisme et augure, pour eux, d'une grande abondance agricole. Les plaisirs de la table ne sont pas en reste. Les ménagères, qui passent des heures au marché de Ain Sefra à choisir les meilleurs viandes, légumes et autres mendiants (fruits secs, amandes, noisettes, noix et cacahuètes), font preuve d'ingéniosité pour concocter les meilleurs mets de l'occasion, dont une diversité de plats, de gâteaux traditionnels et autres friandises, le tout agrémenté, en soirée, par des adages et contes populaires racontés par les grands-mères.
Le "Cherchem", plusieurs fois séculaire que les ménagères mettent tout leur coeur à préparer ses ingrédients quelques jours avant Yennayer, est le plat principal typique du nouvel an amazigh qui symbolise l'avènement de l'hiver et de l'année agricole, indique Hassiba Benidriss, journaliste versée dans le patrimoine culturel de la radio locale.
Le cherchem Mostaghanemi, composé de blé non moulu, de pois chiches et de fèves sèches, est cuit le 11 janvier après avoir été placé toute une nuit dans une marmite remplie d'eau pour, ensuite, être partagé par la famille et les voisins de ce qu'on appelle localement "hami" (la journée chaude), explique-t-elle.
Dans certaines régions de Mostaganem, des familles, notamment de l'ouest de la Dahra, préparent le "Reggag" pour cuisiner le "Trid" mélangé à une sauce relevé de légumes et de poulet, ou encore un plat de couscous préparée de la même manière, afin que la famille se rassemble autour de ce plat le jour "J".
En plus du Cherchem, les femmes de plusieurs familles se rassemblent dans une cour commune, dans les anciens quartiers de la Casbah de Mostaganem, semblables aux Souika Tahtani, Foukani et Sidi Maammar et la zawiya, autour d'un thé accompagné de beignets aux raisins secs, préparé l'après-midi selon une coutume bien connue dans la société locale appelée "parapluie" (en référence à la venue de l'hiver).
Le deuxième jour de la célébration de Yennayer, soit le 12 janvier, c'est le Ledjraz, ou encore le m'khellat, un mélange de cacahuètes, d'amandes, de noix et de fruits secs, dont, notamment les figues et les dattes, les friandises, ainsi que les gâteaux traditionnels et autres fruits sont offerts aux présents.
La coutume veut que chaque famille mostaganémoise choisit le plus jeune de ses enfants qui trônera sur un vaste récipient et sur lequel est déversée la quantité de m'khellat, acte symbolisant la prospérité, l'abondance et la fertilité. Les dames les plus âgées auront pour tâche de confectionner des sacs en tissu dans lesquels seront remplies les quantités de douceurs à partager entre enfants et amis.
Occasion pour la solidarité et réaffirmer le lien social
La région de Mostaganem conserve encore un autre héritage culturel et social que mères et grands-mères transmettent oralement aux nouvelles générations à chaque occasion de Yennayer. La grand-mère rassemble les enfants en petit cercle dans la cour de la maison pour raconter quelques légendes et contes associés à cette occasion culturelle, dont le plus important est peut-être l'histoire d'"Ajouzet Yennayer " qui nous a été racontée par Hadja "Kheira"de Hai Tidjdit.
Elle affirme que c'est une légende qui est devenue une bonne habitude de laisser un plat supplémentaire de Cherchem le soir du nouvel an amazigh à tout portier, qu'il soit voisin, invité ou passant.
De leur côté, les établissements culturels veillent à célébrer le nouvel an amazigh et ainsi d'évoquer cette dimension importante de l'identité nationale, que ce soit en organisant des expositions, des journées d'étude ou d'autres événements qui confirment l'intérêt de l'Etat pour cet événement.
Le secteur de la culture et des arts de la wilaya de Mostaganem a choisi de célébrer, durant toute une semaine, le nouvel an amazigh à travers une exposition culturelle comportant l'habit traditionnel, différents plats traditionnels et objets d'art, outre une exposition du livre mettant en exergue la portée amazighe de l'identité nationale, souligne le directeur de wilaya du secteur Mohammed Merouani dans une déclaration à l'APS.
En marge de cette semaine culturelle, une journée d'étude sera organisée sur "le rôle des médias dans la préservation de l'identité nationale" en présence d'universitaires et journalistes à la bibliothèque principale de lecture publique Moulay Belhamissi en vue de mettre l'accent sur le rôle de l'université et les médias à préserver la culture nationale.


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