Notre-Dame a ouvert ses portes le 17 octobre 1961 aux Algériens pourchassés par la police française alors qu'ils manifestaient pacifiquement pour leur indépendance.
L'incendie qui a détruit, lundi dernier, en grande partie cet édifice religieux et patrimonial exceptionnel a immanquablement remis en lumière tous les événements marquants qui lui sont étroitement liés. Et celui qu'elle a en partage avec la guerre d'Algérie est particulièrement remarquable par son côté humaniste. Un critère que porte en elles toutes les religions monothéistes. La cathédrale de Notre-Dame de Paris n'a pas failli à cette réputation que bon nombre d'hommes d'églises (Monseigneur Duval, archevêque d'Alger, Monseigneur Claverie évêque d'Oran...) ont perpétué à l'égard de l'indépendance de l'Algérie, pour laquelle ils ont pris fait et cause. Elle a ouvert ses portes le 17 octobre 1961 aux Algériens pourchassés par la police française alors qu'ils manifestaient pacifiquement le 17 octobre pour leur indépendance. Un dramatique épisode qui a ressurgi des cendres de l'un des symboles de la nation française auquel les Algériens ont compati. Il était 16h50 lundi à Paris lorsque le feu qui a pris dans les combles de la cathédrale allait se transformer en incendie qui allait la ravager en grande partie. Des éléments de l'extraordinaire édifice architectural allaient tomber un à un ou carrément partir en fumée. Des rosaces exploseront et disparaîtront.
L'effondrement de la célèbre flèche avec ses 93 mètres de haut, dressée sur les quatre piliers du transept, et d'une partie de la toiture, resteront comme les images les plus impressionnantes de l'incendie. Elles feront le tour du monde. L'émotion sera à son comble.
Les réactions recueillies par les médias et les agences de presse sont poignantes. «C'est tellement triste», dira un jeune musulman de 36 ans, de confession qui ajoutera: «C'est un magnifique endroit de recueillement et de culte, que ce soit une synagogue ou une mosquée ou une église ne change rien». «La physionomie de Paris va changer, c'est terrible», fera remarquer Marie, retraitée parisienne qui vit à quelques rues de la Seine.
TÉMOIGNAGES
«Un haut-lieu de la foi catholique est en train de brûler» a déploré, résigné le porte-parole des évêques de France. «Symbole de la France», une catastrophe «terrible à voir», des «scènes déchirantes»: des slogans qui illustrent toute l'étendue de la tragédie qui a frappé le coeur de Paris. Ils parviennent de toutes les capitales du monde. Berlin, Londres Washington...Du Vatican, de Grèce, de Turquie, d'Espagne, de Belgique ou d'Egypte les messages de solidarité affluent. «C'est avec beaucoup de tristesse que j'ai appris la nouvelle de l'incendie de la tour historique de la cathédrale de Notre-Dame de Paris. La perte de ce grand monument est une immense perte pour toute l'humanité. L'Egypte entière est solidaire avec nos amis en France», a dit le président Abdel-Fattah Al-Sissi. De son côté, le grand imam d'Al-Azhar a déclaré: «J'exprime ma profonde tristesse à l'égard de l'incendie de la cathédrale de Notre-Dame de Paris, ce chef-d'oeuvre architectural... Tout notre soutien à nos frères français», a déclaré de son côté le grand imam d'Al-Azhar. «Les Irakiens connaissent précisément cette douleur, cette sensation de perte qui touche le peuple de France, car nous avons récemment vu une part de notre héritage culturel national être détruite», a écrit sur Twitter le président irakien, Barham Saleh. «Le Saint-Siège a appris avec incrédulité et tristesse la nouvelle du terrible incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris, symbole de la chrétienté, en France et dans le monde» a déclaré le directeur par intérim de la Salle de presse du Saint-Siège alors que la cathédrale était encore en proie aux flammes.
LA MUSE
Solidement campée sur l'Ile de la cité, en plein coeur de Paris, monument historique le plus visité d'Europe, la cathédrale est inscrite au patrimoine mondial de l'humanité depuis 1991. Entre 12 à 14 millions de touristes visitent chaque année ce chef-d'oeuvre de l'architecture gothique. Si la cathédrale est étroitement liée à des pans de l'histoire de France elle a aussi été à l'origine de chefs-d'oeuvre littéraires. Celui de Victor Hugo, lui colle comme une seconde peau. En 1832 Victor Hugo lui avait consacré un roman éponyme, dont la cathédrale constitue un personnage à part entière entre Quasimodo, le sonneur bossu, Esméralda la tentatrice gitane et le prêtre Frollo.
Des poètes, des romanciers s'en sont inspirés. «Notre-Dame est bien vieille: on la verra peut-être/ Enterrer cependant Paris qu'elle a vu naître» écrivait en 1832 Gérard de Nerval dans un poème intitulé «Notre-Dame de Paris».
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Posté Le : 17/04/2019
Posté par : litteraturealgerie
Ecrit par : Par Mohamed TOUATI
Source : Lexpressiondz.com