Algérie

La Casbah est en voie de disparition



Ni les pouvoirs publics ni l'Unesco n'ont réussi à sauver la vieille ville d'Alger de la dégradation. Pourquoi' Où se trouve le problème' Il ne faut pas chercher très loin...«Paroles, paroles... (chanson de Dalida).» Cette semaine il a beaucoup été question de la casbah d'Alger. Une «Conférence internationale sur la protection et la revitalisation de la casbah d'Alger» a même été organisée par le ministère de la Culture. L'événement se voulait important. Quatre de nos ministres étaient présents lors de l'ouverture de la conférence dimanche dernier. Il y avait également la représentante de l'Unesco. Ce qui est sans surprise sachant que la vieille ville a été classée, en 1992, patrimoine mondial par l'organisation onusienne. Etaient invités pour la circonstance des experts algériens et étrangers. Tout ce personnel politique, culturel et technique a donné de la voix durant 3 jours. Il y avait ceux qui, comme le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, veulent toujours garder la haute main sur la Casbah alors même qu'elle dépend depuis peu de la wilaya d'Alger. Il y avait le ministre de l'Habitat, Abdelwahid Temmar qui devait certainement penser à reloger les familles qui vivent encore dans la Casbah. Il y avait la ministre de l'Environnement, Fatma Zohra Zerouati, venue voir, très certainement et de plus près, la spécificité de l'enlèvement des déchets ménagers dans des ruelles non carrossables. Et bien sûr, il y avait le ministre du Tourisme, qui, dans l'état actuel de dégradation, ne peut pas vendre la vieille ville aux touristes. Mais ils étaient tous là. Même les associations qui activent pour sauver la casbah d'Alger de sa lente, mais inexorable disparition, étaient là en nombre. Beaucoup de monde. Beaucoup de discours. En voici quelques-uns. Celui de notre ministre de la Culture qui attire l'attention sur «l'importance d'étudier les expériences réussies à travers le monde» pour en faire profiter la casbah d'Alger. En effet, c'est très important de passer sa vie à chercher la meilleure expérience à importer. Quand dans le même temps l'expert allemand, Armin Dür, qui a commencé à travailler comme coopérant dans la restauration de la Casbah d'Alger à la fin des années 1980, semble lui répondre. «A la place de projets de reconstructions, faciles à réaliser, j'ai retrouvé des bidonvilles» a-t-il commencé par regretter. Il a également fait part de son étonnement de la disparition de certains sites comme le «cimetière des princesses». Et pour finir, cet expert allemand cite la cas de la ville de Nuremberg qui, détruite à 80% lors de la Seconde Guerre mondiale, a été reconstruite en 20 ans avec «beaucoup moins de moyens financiers que ceux engagés par l'Algérie pour la réhabilitation de la casbah d'Alger». Pour le wali d'Alger qui a en charge la restauration et la réhabilitation de la Casbah depuis 2017, cela «exige du temps et de la patience». Plus qu'à Nuremberg. Il aurait été cependant plus intéressant pour l'opinion publique de savoir comment compte opérer le wali d'Alger. Ce qu'il ne dit pas. La représentante de l'Unesco n'a pas été en reste en déclarant «chercher toujours, à travers le monde, des expériences réussies». Comme notre ministre de la Culture. On est incapable de vous dire qui des deux a évoqué le premier cette «recherche d'expériences». Pour notre ministre du Tourisme, présent lui aussi, la tâche a été facilitée par un groupe de jeunes qui, sans attendre, sont sur un projet inédit pour «vendre» la Casbah aux touristes. Ils ont pensé à organiser des visites touristiques à dos d'âne. L'idée vaut son poids d'innovation. C'est la seule action enregistrée dans le flot de paroles qui a enveloppé la conférence internationale. Malheureusement, cette action ne concerne pas la réhabilitation de la vieille ville, mais son exploitation touristique. Ainsi donc, cette semaine, la casbah d'Alger, a eu droit à beaucoup de discours comme à l'accoutumée. On se réunit. On parle. On se sépare. Des décennies que cela dure. Des décennies en pure perte qui ont aggravé la dégradation de ce patrimoine mondial. Aucune action d'envergure n'a été entreprise. Alors même que les associations qui gagneraient à se fédérer, ont présenté des recommandations aux pouvoirs publics. Parmi ces recommandations, on relèvera l'idée «d'expropriation» en cas d'abandon de leurs biens par les propriétaires. L'idée d'expulser les indus occupants a été également avancée. Cela tombe sous le sens. Il suffit de clôturer la Casbah comme elle l'a été initialement. Avec ses portes d'accès (Bab-Azoun, Bab El Oued, Bab Jedid, Bab El Dzira). De reloger ailleurs ceux qui doivent l'être et d'interdire une fois pour toutes que la Casbah puisse servir de lieu d'habitation. Après compensations de tous les ayants droit. Elle pourra, ainsi, et après les travaux de réhabilitation, être gérée comme le sont tous les musées du monde. Avec sa création d'emplois. Son développement touristique. Et surtout la préservation de notre mémoire collective. Il suffit juste de remplacer les paroles par des actes!
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