Algérie

La campagne électorale s'achève aujourd'hui Rumeurs, spéculations et man?uvres



Aujourd'hui minuit, extinction des voix en campagne électorale mais restent en vogue des rumeurs dont la teneur éclipse les élections législatives de ce jeudi pour en faire un événement presque anodin. C'est aujourd'hui à minuit que la campagne électorale pour les élections législatives prend fin après que ses animateurs eurent tenté d'intéresser les populations par des discours prometteurs. Cependant, la rue algérienne ne semble pas éprise par ce fait électoral que les politiques prévoient pour ce jeudi 17 mai. Le coeur n'y est pas pour plusieurs raisons. Il est connu que les députés n'ont pas bonne presse chez nous. «Trop cher payés», disent les citoyens à propos de «ces députés aux missions dont on ne connaît jamais l'aboutissement au profit du peuple, bien sûr».  Autre raison, celle-là concrète, la faiblesse du pouvoir d'achat des ménages, leurs difficultés économiques et sociales face à l'état de fonctionnement des institutions et du marché. En effet, l'on remarque que jamais le marché n'a été aussi informel comme il l'est aujourd'hui. Il semble que tout le monde trouve son compte, du jeune du quartier à l'entrepreneur racé et plus haut encore où se monnaient beaucoup de choses sous différentes formes. Si l'instance suprême du pays reconnaît que la vigilance a baissé par rapport aux activités terroristes, le relâchement est, nous dit-on, ressenti davantage pour ce qui est des transactions commerciales, importantes ou insignifiantes soient-elles. «Tout se vend, tout s'achète, très souvent... dans la rue même quand il s'agit d'échanges de toutes natures entre citoyens», disent des sources proches des structures de contrôle. Comme si l'Etat s'est dilué dans les dédales d'un quartier comme El-Hamiz et d'autres de Bordj Bou Arreridj ou de Maghnia. L'activité informelle occupe bien les foules au point de les détourner de ce qui est fondamental pour le pays et les générations futures. Elle les oblige même à vivre des moments dignes de ceux des années de plomb où les pénuries étaient légion. Ces temps-ci, les familles algériennes sont branchées sur la mercuriale de la pomme de terre et du lait, deux produits dont la régulation échappe totalement aux pouvoirs publics. Il faut reconnaître aussi - et ceci est une autre raison de son indifférence - que conscient d'avoir été de tout temps berné, ce même peuple n'a jamais fait d'une élection un événement important dans sa vie et ce quelle que soit sa nature. Encore plus aujourd'hui que la tenue de ces législatives doit avoir lieu dans une conjoncture où l'on confond plusieurs choses. Depuis quelque temps, rumeurs, supputations et spéculations rythment le quotidien des Algériens. L'on aime à s'attarder sur tout ce qui délie les langues. Par contre, l'on n'aura éprouvé aucune ferveur à voir défiler sur le petit écran des candidats connus ou pas débitant, tête baissée, des interventions qui n'émeuvent même pas les esprits crédules. Les mauvaises langues disent que durant cette campagne, c'est la période où les familles algériennes ont le plus zappé pour regarder «ailleurs». Ainsi, les élections, en parle-t-on chez nous, mais pas de celles qui devront se tenir ce jeudi. L'opinion publique continue de critiquer le nouveau locataire de l'Elysée. Sarkozy fait l'actualité dans les administrations, les cafés et même les bains maures.  Pour d'autre sphères de la société, les yeux et les oreilles sont aux écoutes du moindre écho en provenance de castes plus enclines à travailler sous le son de la rumeur. Sinon, l'on s'interrogerait pourquoi cette dernière se fait-elle forte à un moment et devient faible à un autre. Comme si des forces occultes la rythment au gré de manoeuvres qui sont les seules à en connaître les visées. Ces sphères anticipent quand même sur les résultats des élections législatives de jeudi pour faire douter quelque peu de la force du FLN à remporter la majorité absolue. Le RND serait volontiers vu comme force bloquante adossée par exemple sur une vingtaine de sièges du RCD dans une Assemblée où le parti de Belkhadem n'aurait pas vraiment les coudées franches. La composition des listes FLN, nous dit-on, «a été faite comme si on voulait quelque part diminuer de l'influence de ce parti dans et sur les institutions du pays et les événements à venir». Dans la foulée, ces faiseurs de rumeurs s'amusent à pronostiquer sur 2009, date de l'élection présidentielle. Ouyahia, Benflis, Belkheir et même Touati, un nom qui circule depuis quelques heures, sont donnés pour être des candidats potentiels soumis à la recherche d'un consensus occulte. De même que l'on lance à ceux qui veulent bien l'entendre pour y «réfléchir» que l'option de constitution de ce qu'on veut appeler «Conseil de sages» ou «instance collégiale» est aussi mise sur les tablettes. Au passage, on tient à rappeler que le diplomate Lakhdar Brahimi fait partie depuis longtemps de la liste des noms retenus. Possible fait du hasard si ce rappel a coïncidé avec l'audience que le président de la République lui a accordée hier. Ceci étant dit, l'annonce en même temps de la tenue aujourd'hui d'un Conseil des ministres et la demande d'accréditation faite aux journalistes pour couvrir la visite du chef de l'Etat ce mardi à Annaba, a dérouté les observateurs les plus avertis. Moralité, comme pour l'orage, il faut laisser passer la rumeur bien qu'elle a de tout temps été l'instrument privilégié du pouvoir en place pour tester une opinion qui pourtant n'a jamais eu son mot à dire sur les choix politiques et institutionnels. Les ballons-sondes servent plutôt à la préparer doucement à d'éventuels bouleversements de la scène nationale. Pour qu'elle s'occupe à commenter comme elle le fait à propos de l'arrivée de Sarkozy à l'Elysée, de loin, sans rien pouvoir changer.


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