Les élections, principale préoccupation de tous les Tunisiens, sont menacées d'abstention. Nombreux sont les acteurs politiques et les observateurs, qui suivent de près la rue tunisienne, ne sont pas loin de prévoir un important taux d'abstention, bien que leurs analyses diffèrent les unes des autres.En effet, ils estiment que le faible taux de participation, s'il venait à se réaliser, traduirait la déception des électeurs qui n'ont pas vu se concrétiser, sur le terrain, les promesses formulées en 2011. Cette analyse est d'autant plus crédible que rien n'a été réalisé des objectifs de la "révolution" et que la méfiance que ressent le peuple envers la classe politique dans son ensemble est de plus en plus pesante. Quant aux partis, chacun y va de sa musique. Le Front populaire (gauche) accuse l'Instance supérieure indépendante des élections (ISIE) de n'avoir pas assez bougé pour faire prendre conscience aux électeurs de l'importance du scrutin pour l'avenir du pays. De son côté, le parti Al Joumhouri fait endosser la responsabilité au parti islamiste Ennahdha dont la gestion catastrophique des affaires du pays était décevante pour la plupart des citoyens décidés, aujourd'hui, à ne pas faire la queue, comme en 2011, pour accéder aux urnes. Unique exception, le parti Al Moubadara (l'initiative) dirigé par un ancien ministre des Affaires étrangères et de la Défense de Ben Ali. Ce parti appelle les acteurs politiques à ne pas verser dans l'exagération et le pessimisme. Au contraire, estime-t-il, il faut ?uvrer, la main dans la main, pour assurer le succès des élections. Ceci pour tenter d'attirer une bonne frange des jeunes vers la politique et la faire participer à la chose publique. Ce n'est pas une mince affaire à en croire les résultats d'un récent sondage effectué par l'association I Wash. Selon ce sondage, 52% seulement s'intéressent à la politique, 40% et 66% n'ont aucune idée, respectivement, de la Constitution et du code électoral. La situation se complique davantage, l'empressement des candidats à la présidentielle de s'afficher aux premières loges au cours des meetings de leur parti pour les législatives. L'électeur, qui souffre de manque de culture électorale, est, aujourd'hui, incapable de faire la distinction entre les scrutins législatif et présidentiel et se fait, facilement, influencer par la présence des présidents des partis dont la place est, en principe, ailleurs. Là, c'est l'une des failles du code électoral dont les auteurs n'avaient pas prévu un tel dérapage. Ainsi, on craint beaucoup une éventuelle abstention qui aura de lourdes conséquences sur l'avenir du pays. Ailleurs, particulièrement, dans les vieilles démocraties, cela n'est pas catastrophique en ce sens que leur stabilité est assurée. Mais, dans la Tunisie actuelle, cela est de nature à aggraver la crise, car les élus ne le seront pas sur des bases saines, estiment les observateurs. D'autres menaces pèsent sur ces élections celles du terrorisme dont a parlé, à maintes reprises, le ministre de l'Intérieur. Son collègue des Affaires étrangères, Mongi Hamdi, vient de les confirmer. Dans une interview au journal Ach Charq Al Awsat, le ministre a assuré, toutefois, que la Tunisie a pris toutes les précautions et mesures pour faire échec à ces attaques au cas où leurs auteurs venaient à passer à l'action pour perturber la transition démocratique et les élections.
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Posté Le : 19/10/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohamed Kattou
Source : www.liberte-algerie.com