L'étau s'est resserré d'un cran contre la troïka et le parti Ennahda au pouvoir. Au vu de l'ampleur de la manifestation de l'opposition, les jours du gouvernement et de l'Assemblée nationale constituante semblent comptés.Ainsi, le Front du salut national, une coalition d'opposants allant de l'extrême gauche au centre droit, a, dans un communiqué, lu devant des dizaines de milliers de manifestants à la place du Bardi par Hamma Hammami, le leader du Parti des travailleurs tunisiens, le début d'une campagne "Dégage". Ce fut le slogan phare de la révolte de janvier 2011, visant les responsables régionaux nommés par Ennahda. Le Front du salut national prépare aussi pour la semaine prochaine une mobilisation générale pour le départ du gouvernement, sans plus de précisions, réclamant encore et toujours la dissolution de la Constituante et un gouvernement composé d'indépendants.
L'opposition a revendiqué des dizaines de milliers de manifestants à Tunis, maintenant ainsi la pression sur les islamistes au pouvoir dont elle réclame la démission depuis l'assassinat d'un opposant fin juillet qui a provoqué une profonde crise politique. Les détracteurs du mouvement Ennahda, qui dirige le gouvernement, avaient fait de cette manifestation, à l'occasion de la Journée de la femme, un test pour sa capacité à mobiliser, les fêtes de fin du Ramadhan la semaine dernière ayant porté un coup à la contestation. Les opposants ont revendiqué des dizaines de milliers de participants, alors que de l'autre côté de la place, il y avait une faible participation des islamistes qui se comptaient par quelques centaines de personnes dans l'après-midi à Tunis. Le choix du 13 août est symbolique, cette date marquant l'adoption en 1956 d'une législation accordant aux femmes des droits sans pareil dans le monde arabe.
Les islamistes d'Ennahda sont sans cesse accusés de vouloir revenir sur ces acquis. Les slogans repris sans cesse par la foule prônaient dès lors les droits de la femme et dénonçaient Ennahda, tels que "La Tunisienne est libre, les frères musulmans dehors" ou encore "La Tunisienne est musulmane mais pas islamiste". Le rassemblement avait lieu face à l'Assemblée nationale constituante (ANC), lieu quotidien de la contestation depuis l'assassinat du député Mohamed Brahmi le 25 juillet, attribué à la mouvance salafiste.
Il s'est achevé sans incident vers 23h. "Notre joie ne sera complète qu'avec le départ de ce gouvernement et de l'ANC et la femme tunisienne sera au premier rang du militantisme", a lancé, devant les manifestants, Besma Khalfaoui, veuve d'un autre opposant assassiné en février, Chokri Belaïd. La position du président Moncef Marzouki, un laïc du parti CPR, allié des islamistes, ne s'éloigne pas de celle d'Ennahda. "Il faut qu'il y ait un gouvernement d'union nationale où tous les partis politiques seront représentés dans la prise de décision", a déclaré le président. Il a aussi réclamé la reprise des travaux de l'ANC, gelés depuis une semaine par son président qui espère ainsi forcer les deux camps à négocier, sous l'égide du puissant syndicat UGTT. Des premiers pourparlers entre Ennahda et la centrale syndicale n'ont conduit lundi soir à aucune avancée. "Nous espérons que la situation se clarifie à la fin de la semaine et qu'on arrive à des solutions consensuelles", a estimé de son côté le Premier ministre, Ali Larayedh.
Par ailleurs, Moncef Marzouki a jugé hier que la violente répression des manifestations pro-islamistes en Egypte démontrait que les forces politiques tunisiennes devaient dialoguer pour sortir de la profonde crise politique provoquée par l'assassinat d'un opposant. "Le président a mis en garde contre l'aggravation croissante des événements en Egypte depuis hier", a indiqué la présidence dans un communiqué en référence à l'intervention contre les manifestants favorables au chef de l'Etat égyptien déchu, Mohamed Morsi, qui a fait plus de 100 morts. "Il a souligné que ce qui se passe en Egypte montre la nécessité pour tous les partis politiques en Tunisie de s'asseoir à la table des négociations en s'attachant à la légitimité et à la démocratie pour refouler la contre-révolution et s'abstenir de la rhétorique incitant les Tunisiens à la confrontation", a indiqué la même source.
I. O.
Nom
Adresse email
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 15/08/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Imed O
Source : www.liberte-algerie.com