Algérie

La campagne de vaccination compromise '



Les appels réitérés du ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid, et des professionnels de la santé engagés dans le plan de lutte contre le coronavirus, incitant les citoyens à se faire vacciner massivement pour réussir le pari visant à atteindre l'immunité collective, ne rencontrent toujours pas l'écho souhaité au regard des chiffres peu réjouissants enregistrés jusqu'ici. L'objectif optimiste du début, à savoir celui d'être au rendez-vous en termes de couverture vaccinale nationale avec un taux de vaccination de la population avoisinant les 70% pour affronter la 4e vague attendue par les spécialistes aux alentours du mois de décembre, s'éloigne sensiblement, comme l'atteste le peu d'affluence enregistré par les centres de vaccination au cours de ces dernières semaines.La fluidité enregistrée depuis ces dernières semaines au niveau des centres de vaccination, la disponibilité des vaccins en quantité (13 millions de doses entreposées dans les chambres froides attendent preneurs, selon le ministre de la Santé) n'ont pas produit le déclic souhaité. La psychose suscitée par la 3e vague de l'été dernier, qui avait vu le compteur des contaminations et des décès s'emballer, avec à la clé une saturation des infrastructures hospitalières et des dysfonctionnements dans la prise en charge des patients en oxygène, semble être oubliée avec le retour à l'accalmie de ces dernières semaines. Fatalisme ' Inconscience et ignorance ' Echec de la stratégie vaccinale et de sensibilisation de la population '
Comment peut-on expliquer cette attitude sinon de rejet, du moins d'attentisme d'une large frange de la population pour se faire vacciner, presque une année après le lancement de la campagne de vaccination ' La faiblesse du taux de vaccination des personnels de santé (18%), du personnel de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur, du milieu estudiantin (1% de vaccinés) a eu un effet démobilisateur sur la population.
De par leur statut d'élite éclairée de la société, leur réticence à se faire vacciner a lourdement contribué à nourrir les peurs et le climat de méfiance vis-à-vis du vaccin. Mais à la base de ces contre-performances enregistrées par la campagne nationale de vaccination qui peine à passer à un palier supérieur, il y a, incontestablement, la responsabilité des pouvoirs publics. La cacophonie des déclarations des responsables en charge du secteur de la santé, des membres du comité de suivi et de lutte contre la pandémie, qui ne parlent pas toujours d'une même voix, sur bien des sujets ayant fait débat depuis l'apparition de la pandémie chez nous, risque d'impacter négativement les chances de succès de la campagne. Ce fut le cas, entre autres, pour la question de l'opportunité de la vaccination ou non des enfants, de l'administration d'une troisième dose de vaccin qui revient au goût du jour après avoir été écartée par certains professionnels de la santé... Quand on entend le ministre de la Santé appeler, comme s'il s'agissait d'une opération de distribution de dons sociaux, «les personnes désireuses de se faire administrer une troisième dose de se rapprocher des centres de vaccination» sans que l'appel soit accompagné par un effort d'explication et de sensibilisation sur l'intérêt de la chose, on comprend pourquoi la campagne de vaccination bat de l'aile.
Comment parvenir à booster la campagne de vaccination tout en respectant le choix des pouvoirs publics d'en faire un acte volontaire et non obligatoire ' La piste du pass sanitaire dans les lieux publics et les administrations pourrait être envisagée, à l'instar de certaines expériences étrangères, pour forcer la main aux récalcitrants.
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