Algérie

La bureaucratie entrave un projet conchylicole à Kouali : La commercialisation des moules et des huîtres attendra



Les deux Abdelkader, respectivement ministre du Tourisme et de l'Artisanat, et ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, ont signé au mois de juin dernier, en présence d'une horde de journalistes et de caméras, la convention sur la valorisation du patrimoine écologique.Parmi les principaux points qui figurent dans cette convention, le développement des aquacoles intégrés à des projets touristiques et le développement de l'écotourisme.
Ce nouveau modèle économique adopté par le gouvernement vise la création d'une alternative pour la relance de l'activité économique, d'une part, et d'autre part, à insuffler une nouvelle dynamique de développement local qui favorise la création de richesses.
Après un détour au niveau du projet conchylicole érigé dans un site naturel paradisiaque, à l'extrémité est de la commune de Tipasa, on se rend vite compte que ce projet, à l'instar de nombreux économiques dans la wilaya de Tipasa, fait face à l'entêtement de l'administration bureaucratique, qui l'entrave dans son développement. Il s'agit de «Cultmare».
Construit sur fonds propres, le projet conchylicole se consacre pour le moment à l'élevage de la moule (mytilus galloprovincialis) et de l'huître (ostrea gigas). Celle-ci est importée, contrairement à la moule.
La capacité annuelle s'élève à 400 tonnes, tandis que celle de l'huître est estimée à 50 tonnes. La wilaya de Tipasa, sous l'ère de Hadj Mohamed Ouchen, en 2009, avait affecté sous forme de concession une superficie de 2000 m2 sur terre et 36 hectares en mer, sur le littoral, au profit d'un opérateur national. La Finalep fait partie des actionnaires qui ont financé ce projet, qui est passé en 2017 de la phase exploitation à la phase commercialisation, en 2018.
L'administration de la wilaya de Tipasa n'a, à ce jour, pas remis à l'opérateur le permis de construire, en raison de la retranscription d'un nouvel intitulé sur le permis de construire délivré à l'origine. Trois années sont passées. Le document se trouve quelque part dans les méandres obscurs des services de l'administration de la wilaya.
L'universitaire Baki Mohamed Farouk affirme que l'entreprise fonctionne dans la pure transparence à tous les niveaux. Néanmoins, elle est bloquée à cause des réflexes révolus dans certains bureaux de la wilaya.
«Nous livrons nos produits de la mer avec les factures, nous dit-il, nous ne pouvons pas commercialiser nos moules au détail, on nous a interdit, nous respectons l'éthique», dit-il. Les prix de vente en TTC pour la moule (400 DA le kg) et pour l'huître (1800 DA le kg).
Les produits de l'unité conchylicole de Kouali subissent moult contôles au niveau des laboratoires d'analyse (CRAPC ; Instiotut Pasteur ; CNRDPA ; Dpt Océanographie Bab-Ezzouar ; ISMAL), afin d'obtenir les certificats de salubrité exigés par la règlementation nationale et internationale.
Hélàs, lelaboratoire nationale d'analyse des produits de la pêche et de l'aquaculture de Ain-Bénian (Alger) n'est pas encore opérationnel. Un handicap. Le coût d'un bulletin d'analyse auprès d'une institution publique s'élève à 120 000 DA et même plus. Une charge pour les opérateurs.
Nadia Benabria, agronome de formation, est à l'origine de la concrétisation de ce projet créateur demplois et de richesses qui aura presque une décennie pour voire le jour. Les flotteurs oranges au large confirment la présence des cordes d'élevage (filières), rattachés à des corps morts immergés à des dizaines de mètres au fond d'une mer propre.
La concession en mer s'étend sur une surface d'une longueur de 1200 mètres et d'une largeur de 300 mètres. Les corps morts se transforment en récifs artificiels qui attirent des espèces de poissons. Les naissains de moules se comptent par centaines de milliers dans le site.
Un gisement important de moules car l'écosystème s'y prête et l'environnement marin à Kouali aura permis la régénération de la posidonie au sein du site. Naturellement, cela a provoqué des problèmes avec les chalutiers et l'intrusion illégale répétée des embarcations de pêche à l'occasion des dégâts matériels importants pour l'opérateur.
Des flotteurs et les filières sont accrochés aux cordes et aux filets des embarcations. Le conchyliculteur fait appel aux services des garde-côtes pour intercepter les auteurs de ces intrusions illicites à l'intérieur du site.
Par ailleurs, des étudiants de l'Ismal, du département océanographique de Bab Ezzouar, du CNRDPA de Bou Ismaïl sont accueillis par l'unité conchylicole de Kouali (Tipasa) pour mener des recherches et des études dans le cadre de leurs cursus universitaires.
Un espace de dégustation des produits de la mer avait été érigé à l'intérieur de l'enceinte, afin de permettre aux familles de se reposer et profiter du bien-être de la nature. Malheureusement, les fonctionnaires enfouis à l'intérieur de leurs «bunkers» de la wilaya de Tipasa interdisent l'activité de service au conchyliculteur.
Une autre entrave, contraire aux orientations données par les deux Abdelkader, respectivement chef du département ministériel du tourisme et chef du département ministériel de l'agriculture, du développement durable et de la pêche.
Les perspectives du développement de cette société de cultures marines sont déjà inscrites dans la feuille de route de l'investisseur, dans l'attente de la résolution des difficultés dressées par l'administration de Tipasa, insensible aux orientations du gouvernement en matière d'investissements.
Les wilayas de Jijel (Est) et celle de Mostaganem sont dans le viseur des actionnaires de cette société de conchyliculture. Un créneau qui demeure encore prometteur pour l'économie algérienne. D'ailleurs, l'instruction relative à la valorisation des terrains de camping du ministère de l'Intérieur, Noureddine Bedoui, n'est pas respectée depuis des années par l'APC de Tipasa. Un territoire qui se fiche des instructions du membre du gouvernement données pourtant lors de sa visite de travail effectuée au mois de juin 2017.
Quoique très limité en matière de disponibilité du foncier, le térritoire de la wilaya de Tipasa fait toujours l'objet de convoitises par les spéculateurs. Complicité, opacité se conjuguent avec l'insouciance à Tipasa, une tare pour l'avenir.


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