Algérie

La bourse des exécutifs communaux



La bourse des exécutifs communaux
C'est un drôle de système que celui qui découle des règles de mise sur pied de l'exécutif communal en Algérie ! Là où une liste a obtenu la majorité absolue, la question est résolue par le résultat électoral. Mais le plus grand nombre de municipalités, les trois quarts environ, devront passer par le chassé-croisé des transactions entre 'groupes communaux" de différentes obédiences avant de voir formée leur nouvelle majorité communale. Le gouvernement ayant créé de nouveaux partis, et donc, des possibilités supplémentaires de patronage de listes, le 'marché" politique s'en trouve d'autant atomisé et élargi.
Dans une démocratie normalement 'constituée", les combinaisons de majorités possibles sont connues et limitées en nombre. Elles dépendent des possibilités d'alliances interpartisanes, elles-mêmes basées sur les proximités idéologiques et politiques qui lient les différentes formations.
Or, en Algérie, cette logique politique se voit contredite par plusieurs faits : primo, les candidats ne sont que rarement choisis en fonction de leur appartenance organique au parti qui les parraine ; secundo, ces mêmes candidats sont plus souvent mus par la recherche de la position rentière que par un programme ou des convictions politiques ; tertio, les partis sponsors 'vendent", parfois, les premières places de listes à 'leurs" candidats.
D'un côté, cette pratique permet les candidatures d'ambitions individuelles, ou claniques, sans rapport idéologique ou politique avec l'étiquette sous laquelle elles se présentent ; d'un autre côté, elle permet à certaines formations politiques d'avoir plus de candidats ' et c'est vraiment le cas ' voire plus d'élus, que d'adhérents. Cette situation arrange le pouvoir qui sait gérer les ambitions statutaires, mais pas les ambitions politiques : les premières veulent se réaliser dans le cadre existant, et sont donc conservatrices ; les secondes tendent à vouloir le changer ou le réformer, et sont donc subversives.
Les 'petits" groupes, à deux ou trois élus, vont tenter d'empêcher le groupe arrivé en tête, avec un maximum d'élus, de choisir le ou les groupes dont il a besoin pour compléter sa majorité. Et c'est ce qui arrivera dans les trois quarts des communes sans majorité absolue. Les listes les mieux élues y seront les premières victimes de cette foire aux alliances !
Pire que cela, souvent les alliances se font contre le mieux élu, parce que la formule de la majorité des 'moins élus" contente le plus grand nombre de 'partis". Le résultat en est qu'on pourrait ainsi observer les alliances les plus improbables dans certaines APC, parce qu'on s'allie avec l'adversaire politique, pour contrer l'ennemi personnel ! Ainsi, la politique sera franchement humiliée et sacrifiée sur l'autel des coteries et des pactes claniques et mafieux locaux. À l'image de ce que fait le pouvoir au niveau central, sauf que les sigles changent d'une commune à l'autre.
Mais cette formule est contrebalancée par un véritable marché financier des voix d'élus. Les listes minoritaires sont négociées entre trente et cinquante millions de dinars, dans certaines communes d'Alger, parce que, le tarif est... fonction du nombre d'élus de cette liste et de l'importance... économique de la commune.
Quelle démocratie que la nôtre, on y achète sa candidature, et l'on y vend son siège !
M. H.
musthammouche@yahoo.fr


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)