Algérie

LA BOURGEOISE



Résumé : Samir entraîne son père dans sa chambre. Ce dernier n'a pas cessé de débiter des sottises. Hasna est outrée. Elle se plaint de son destin malheureux et reproche à son fils de regarder sa femme sous un angle qu'elle ne lui connaissait pas. Malika défend son frère, ce qui augmente la colère de leur maman. La jeune femme tente de la calmer.Plantant Samir au milieu de la cour, elles se serrent l'une contre l'autre tout en se dirigeant vers la chambre de Hasna.
Mordjana ressasse les dires de sa belle-mère. Elle ne doute pas que cette dernière lui en veut d'avoir pris son fils. C'est un dilemme qui se traduit dans son comportement et ses expressions. Mais la jeune femme sait qu'au fond d'elle-même Hasna regrette de n'avoir pu tenir tête à son mari et surtout d'avoir marché dans ses combines. Après tout, c'est elle qui a mis Samir au monde, et elle a une grande part de responsabilité dans son avenir.
Ce qui fait le plus mal à Mordjana, c'est l'animosité ouvertement affichée envers elle. Que voulait-elle insinuer en parlant de la "preuve" de virginité ' Pour qui la prend-elle ' Ce n'est pas parce que sa joue porte une tache de naissance qu'on devrait la taxer de fille légère. Elle écrase une larme et s'allonge sur son lit, en tirant la couverture sur elle. En entendant les pas de Samir, elle ferme les yeux et fait mine de dormir profondément.
La salle de consultation est peinte en blanc satiné. De beaux rideaux sont pendus aux fenêtres, et un bouquet de fleurs déposé sur une petite table basse dégage un agréable parfum. Chahine discute à bâtons rompus avec Samir. Mordjana a tout le loisir de détailler le jeune médecin. Il a l'air poli et très accueillant, ce qui ne lui déplaît pas, et l'avait ausculté avec beaucoup de délicatesse, tout en lui posant des questions sur sa santé, et notamment sur d'éventuelles maladies héréditaires. Elle répond en toute franchise et lui dévoile qu'en dehors des dermatologues consultés, elle avait eu recours à la médecine traditionnelle. Ce qui le fait sourire. Cependant, il continue à regarder sa tache à l'aide d'une grande loupe et relève des détails sur les contours et les grains de la peau.
- Avant tout, on devrait procéder à un prélèvement cutané, afin d'en étudier les cellules. Après on verra si une opération esthétique est possible.
Il relève la tête et repousse sa loupe, avant de lancer :
- En attendant, je vais vous prescrire un gel et un écran total pour protéger votre peau des rayons ultraviolets. Vous ne devriez jamais sortir sans cette protection, Mordjana.
Il s'est adressé à elle. Elle relève les yeux vers lui et rencontre son regard bienveillant. Rien dans ses réactions ne dénote une inquiétude. Il poursuit de sa voix suave :
- Quand nous aurons procédé à toutes les analyses requises, nous pourrons programmer une intervention.
- Une intervention '
- Oui. Une première intervention. Nous allons tout d'abord inspecter les profondeurs du mal.
Il se met à rire en la voyant froncer les sourcils.
- Ne vous en faites pas. A priori vous n'avez rien d'inquiétant, mais je n'aime pas prendre des risques inutiles.
- Vous... vous voulez dire que ma joue va retrouver un aspect normal '
- Tout à fait. De nos jours, tout est possible. La chirurgie esthétique a fait de grands progrès. Votre "petit problème" me paraît futile par rapport aux grands défigurés que je reçois tous les jours, ou à ces gens que la nature n'a pas gâtés et qui sont affublés de véritables tares disgracieuses. J'ai eu à rencontrer des nez gros et tordus, des yeux aussi minuscules que ceux d'une souris, des oreilles pointues... Sans compter les grands brûlés, les accidentés, les blessés de guerre, etc. Vous voyez, vous êtes plutôt chanceuse de n'avoir que cette légère coloration sur la joue.
Il relève la tête et s'adresse à Samir :
- Même avec ça ta femme garde toute sa grâce et sa beauté.
- C'est ce que je n'ai pas cessé de lui dire. Hélas ! Elle est si complexée par cette joue et appréhende toujours le regard des autres.
- Qu'à cela ne tienne. On va bientôt mettre fin à ses tourments.
Ils prennent congé du médecin, et Samir emmène sa jeune femme se promener. Il l'oblige à faire du shopping et lui achète plusieurs tenues de sortie, des cosmétiques, des parfums, ainsi qu'une jolie bague en or. Elle est si heureuse qu'elle ne sait plus quoi répondre.
- C'est trop, Samir. Tu dépenses trop d'argent pour moi.
Faisant fi de ses protestations, le jeune homme ne s'arrête que lorsqu'il juge qu'il lui a offert tout ce dont elle a besoin pour s'habiller convenablement et se mettre en valeur. Ils sont encore au début de leur mariage, et ils devraient profiter de ce bonheur naissant qu'ils vivent ensemble. Le soir, il insiste pour lui glisser la bague au doigt.
-Tu n'as pas reçu de bague de fiançailles, ni d'alliance. Je tente d'y remédier.

à suivre
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