Algérie

LA BOURGEOISE



Résumé : Pour la mettre à l'aise et lui faire sentir qu'elle n'est pas une étrangère dans la famille, Samir demande à sa femme de préparer et de servir le café. Elle s'exécute et leur proposer même des gâteaux que Malika ira chercher. Soudain, cette dernière se rappelle de son père et demande après lui. Samir la rassure : il est quelque part en train de cuver son vin.Allal hausse les épaules.
-Nous avons bien essayé de le raisonner. De son vivant, grand-père n'avait cessé de le rappeler à l'ordre. Rien à faire. Il a le vin dans le sang.
-Pauvre de nous ! Nous sommes la risée du quartier.
-Mais non Malika, lance Samir. Les voisins nous connaissent bien. Ils nous plaignent certes, mais sont loin de rire de nos malheurs. Nous n'avons pas choisi d'être les enfants de cet homme.
Ali lève la main.
-Aïssa, ton père est né sous une mauvaise étoile, voilà tout. Parfois, il se confie à moi et regrette ses écarts de conduite. Il promet de s'assagir et de reprendre pied. Hélas ! Quand le démon de Bacchus le reprend, il devient tel une feuille morte, entraînée anarchiquement par le vent des contradictions. Que peut-on faire pour lui qu'espérer qu'un jour il reprendra ses esprits et cessera de courir les bars.
Il se lève, les autres l'imitent.
-Encore nos meilleurs v?ux de bonheur à nos jeunes mariés. Mes enfants, que Dieu vous comble de tous Ses bienfaits.
Ali quitte la cuisine, et les autres hommes en firent de même. Mordjana se retrouve avec Samir, Malika et les enfants de cette dernière.
-Alors Mordjana ' Tu es contente d'être dans notre famille '
C'était Samir qui lui posait cette question, et elle lui sourit et répondit sans hésitation.
-J'ai l'impression de rêver. Je ne pouvais imaginer toute cette gentillesse à mon égard.
-Voyons Mordjana, lance Malika, tu as déjà été soumise à rude épreuve. Nous allons essayer de te faire oublier cette mauvaise passe.
-Quelle mauvaise passe ', demanda Samir, d'un air ironique. Tu veux dire ce mariage hâtif et sans préambule ' Moi je trouve que c'est la plus belle chose qui nous arrive à tous les deux. N'est-ce pas ma biche '
Mordjana, intimidée, rougit.
-Je ne sais quoi répondre, Samir. Tout le monde est tellement gentil avec moi...
Il sourit et se lève.
-Demain, je te ferai visiter la ville. Tu t'achèteras tout ce qui te manque pour entamer ta nouvelle vie de femme mariée.
Elle l'interrompt par un geste et met la main dans son corset pour retirer les billets d'argent qu'on venait de lui offrir.
-Tiens. Prends cet argent.
-Pourquoi ', demande-t-il en fronçant les sourcils.
-Parce que tu es mon mari, et c'est toi qui dois avoir les cordons de la bourse.
-Ah ! Tu n'y penses pas, Mordjana. Je suis ton mari, certes, mais les cordons de la bourse, nous allons les détenir tous les deux. Ton argent, tu dois le garder pour toi. Moi je travaille, et grâce à Dieu j'ai un salaire qui me permet de vivre à l'aise. Je pourrais subvenir à tous tes besoins.
Elle remet l'argent dans son corset et lance d'une petite voix :
-C'est comme tu veux, Samir. J'exécuterai tes ordres à la lettre.
-Quels ordres ' Nous ne sommes pas dans une caserne ma chère amie. Je suis ton mari et tu es ma femme. Nous allons devoir nous supporter toute une vie. Il n'y a pas d'ordre à donner ou à recevoir. Tu feras ce qui te plaira. Je veux dire, tu sors, tu fais les courses, tu t'occupes de gérer le budget du foyer. Lorsque tu obtiendras un diplôme qui te permettra de travailler, tu seras libre de faire ton choix. Si tu veux bosser, je te trouverai quelque chose, sinon je respecterai tes prises de position.
Il se tut devant le regard médusé de sa s?ur, puis comprit qu'il était en train de parler sur un ton autoritaire et ne laissait personne placer un mot.
-Oh ! Excusez-moi toutes les deux. Parfois je m'oublie. Mordjana, je dois sortir pour un moment . Malika te tiendra compagnie. Et surtout ne tiens pas compte de la méchanceté des tantes et des cousines.
Il lui fait un clin d'?il complice.
-Tu n'as rien dit là-dessus, mais je devine aisément leur comportement envers toi. Les femmes de la famille sont de véritables vipères.
-Merci, lance Malika d'une voix outrée.
-Ah ! Non ! Je ne parle pas de ma chère s?ur. Non, pas de notre ange gardien. Tu es la seule, Malika, qui nous comprend et nous soutient depuis toujours. Comment le nier '
Il se tourne vers sa femme et poursuit :
-Mordjana, ma s?ur est une femme exceptionnelle.
-Je le devine aisément.
-Alors, bon après-midi à toutes les deux.

à suivre
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